Abdelhaï Bennani Trio : Encounters (JaZt Tapes, 2013)
Un soir de jazz et d’improvisation. 16 octobre 2000 au Sunset.
Abdelhaï Bennani engage son ténor dans la bataille. Ne convulse pas mais cajole ses graves. Grogne des colères insoupçonnées. Expire quelques râles salés. Chasse on ne sait quel gibier. Se perd puis retrouve le sentier. Ne fait jamais cavalier seul. Alan Silva prend son piano de vitesse. Maintenant l’assombrit. L’égrène plus qu’il ne le comble. Rend l’arpège élégant. Désosse un drôle de synthé. Rivalise avec l’archet de William. Ne fait jamais cavalier seul. William Parker fait gronder sa contrebasse. Expose les racines. Cajole son archet. Tire sur une corde qui jamais ne casse. Ne fait jamais cavalier seul.
Un soir de jazz et d’improvisation. C’est donc encore possible.
Abdelhaï Bennani Trio : Encounters (JaZt Tapes)
Enregistrement : 2000 / Edition : 2013
CD : 01/Encounters #1, #2, #3
Luc Bouquet © Le son du grisli
Bennani, Duboc, Lasserre : In Side (Ayler, 2009)
Il ne faut pas nous laisser effrayer par cette musique car elle est la vie même, qui s’invente à chaque nouveau souffle, à chaque nouveau pas, à chaque battement de cœur.
Ce disque est le témoignage d’un concert que trois hommes donnèrent aux 7 Lézards à Paris le 8 février 2007, et les cinq morceaux consignés ici sont autant d’improvisations collectives. Car c’est en live que l’art de Abdelhaï Bennani paraît le mieux s’épanouir. Au contact de l’autre (musiciens ou public) les compositions surgissent, s’altèrent et cheminent, ambassadrices de cet amour de l’improvisation et de la culture de l’oralité dont se réclame le saxophoniste marocain.
La musique que nous offre Bennani depuis tant d’années est une musique en marche, en mouvement. En témoignent les titres Take The Train et Ballad on Mars… Une musique insaisissable aussi, car aqueuse, toute de sinuosités et d’écoulements (A la dérive, Sous l’eau, la vie d’autrefois) : la contrebasse de Benjamin Duboc est le ressac, la batterie de Didier Lasserre le clapotis sur les rochers, le saxophone d'Abdelhaï Bennani toute la vie immergée. La liberté et la douceur, toutes de précaution et d’attention mutuelle mêlées, sont ici maîtresses. Eclate la singularité du son de Bennani, ce « ruissellement quasi mutique du saxophone », tel que le caractérise Cécile Even, dans les poétiques notes de pochette qu’elle signe, important pendant textuel à cette méditation sonore.
Abdelhaï Bennani, Benjamin Duboc, Didier Lasserre : In Side (Ayler Records / Téléchargement)
Enregistrement : 2007. Edition : 2009.
CD : 01/ A la dérive 02/ Take The Train 03/ Ballad on Mars (La déclaration d’amour) 04/ Sous l’eau, la vie d’autrefois 05/ Prayer One
Pierre Lemarchand © Le son du grisli
Abdelhaï Bennani: There Starts the Future (Ayler Records - 2008)
Saxophoniste ténor entendu souvent auprès d’Alan Silva, Abdelhaï Bennani improvisait en juin 2007 aux côtés de deux autres de ses partenaires réguliers – le contrebassiste Benjamin Duboc et le batteur Edward Perraud – There Starts the Future.
Deux grandes pièces, alors : In the Beginning Was The Light, improvisation intense additionnant ses couleurs par touches épaisses et menée de front en ouverture et fermeture, puis I Had a Dream, sur laquelle le saxophoniste geint davantage sur les coups secs de Perraud avant de faire un retour au grave pour mieux dialoguer sur contrastes avec l’archet de Duboc. Plus calme d’apparence, le second titre dévoile pourtant un lot d’espérances sourdes qui, une fois repérées, se font aussi saillantes qu’est implacable l’ensemble de la rencontre.
CD: 01/ In the Beginning was the Night 02/ I Had a Dream >>> Abdelhaï Bennani Trio - There Starts the Future - 2008 - Ayler Records. Distribution Orkhêstra International.