Aaron Lumley : Katabasis/Anabasis (Small Scale Music, 2016)
Les photos que le label Small Scale Music a utilisées pour l’artwork de cette cassette nous montrent Aaron Lumley, la trentaine, en pleine forêt (pas de persistants, vu que les arbres sont nus). Il a l’air de lutter contre la nature, le contrebassiste, au moment d’entamer l’ascension d’une pente de feuilles mortes et une fois stabilisé on le sent encore subjugué par le mystère des éléments.
En même temps, était-il obligé d’aller jouer dans ce sous-bois ? Non, d’autant que ces quatorze prises l’ont été à La Passe, Montreal, certainement dans un studio tout ce qu’il y a de plus classique. Ce qui expliquerait la séance photo (en plus du fait que John Eckhardt a été son professeur) serait alors ce lien à la terre et à la nature que le musicien a l’air d’avoir chevillé au corps (certains titres le prouvent : Grappling with a River, Mountain Goats’ Dance, By the Light of a Blood Moon…).
Ni trop improvisée ni trop expérimentale, la musique d'Aaron Lumley (pizzi ou à l’archet qu’il a de vif sauf quand il s’en sert comme d’un bout de bois), se veut donc… organique. Et elle l’est en effet. Comme la nature, elle peut aussi être belle, chatoyante, agaçante et de temps en temps longue comme une nuit d’hiver. Peut-être pas encore aboutie, ceci étant. Mais dans une saison ou deux, qui sait ?
Aaron Lumley : Katabasis/Anabasis
Small Scale Music
Enregistrement : 2016. Edition : 2016.
K7 : A1/ Nekyia A2/ Low Country Blues A3/ Grappling with a River A4/ Waldeinsamkreit – B1/ Psychopomp B2/ Mountai Goats’ dance B3/ A Pryriscent Green Man B4/ In Silence Easy B5/ Root System Sound System B6/ By the Light of a Blood Moon
Pierre Cécile © Le son du grisli
Marta Warelis, Frank Rosaly, Aaron Lumley, John Dikeman : Sunday At De Ruimte (Tractata / Doek, 2021)
A l'occasion (et jusqu'à) la parution, à la fin du mois d'avril 2022, de l'anthologie du Son du grisli aux éditions Lenka lente, nous vous offrons une dernière salve de chroniques récentes (et évidemment inédites). Après quoi, ce sera la fermeture.
Le titre est assez clair, ne manquait que la date : 2 août 2020. Un bébé dans l’assistance apporte un peu de couleur à une introduction que Marta Warelis veut sombre et patiente. Aux côtés de la jeune pianiste polonaise, c’est John Dikeman (saxophone), Aaron Lumley (contrebasse) et Frank Rosaly (batterie).
Le saxophone louvoie, rampe même, sur la première intention de la pianiste. L’improvisation est en place, qui progresse et compose avec prudence. L’invention de Rosaly, les sons qu’il décoche des différents éléments de son instrument, font naître un relief qui joue de l’ombre et la multiplie. Ne reste plus qu’à attendre que les individualités éclatent, l’une après l’autre : en deuxième plage un grand solo de Lumley, un peu plus loin l’expression rageuse de Dikeman et les notes en cascades de Warelis.
Bien lancé, le quartette changera souvent d’altitude sans manquer d’intéresser jusqu’à ce que l’usage d’une flûte ramène l’expression à terre où les musiciens se séparent avec une élégante nonchalance.