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Le son du grisli

6 juin 2024

I Had a Fever When d'Arto Lindsay

 

Oubliez la Villa Malaparte dont le croquis est reproduit sur la pochette : I Had a Fever When – sur lequel on peut entendre aussi Skúli Sverrisson (basse), John McCowen (clarinette basse et flûte) et Örlygur Steinar Arnalds (électronique) – garde le souvenir du récent passage d’Arto Lindsay à Reykjavik.

 

Comme pour l’installation 7 Types Of Ambiguity, Lindsay tourne ici le dos aux pop songs d’hier – peut-être y reviendra-t-il un jour – pour arranger un disque comme d’autres pensent des films : à distance de ses partenaires, le voici qui arrange et monte les séquences qu’il leur a plus tôt fait enregistrer. Horizontale, l’intention : c’est donc là un film à entendre, l’idée n’est pas nouvelle, mais c’est aussi là un film réussi.

 

I Had a Fever When est ainsi une suite d’images provoquées par une succession de sons : parade surprenante qu’emmène un seul tambourin, boucles de râles ou de courts accords de guitare, chant insaisissable de possibles fantômes, instrument basse affaibli par un léger sifflement… Sur le plateau qui tourne, ce sont souvent des boucles qui cherchent une voix : celle d’Arto Lindsay viendra déposer sur le mouvement une poignée de paroles – c’est alors une presque chanson qui prend forme – ou évoquera Baudelaire, encore.

 

Au son, Arto Lindsay compose avec nonchalance entre le récréatif Jogos De Armar de Tom Zé et le plus abstrait Smetak du Walter du même nom. C’est surtout son paysage entier qu’il met à plat puis en morceaux puis redessine plan après plan : embardée, fugue, pas de danse, disparition.

 

Certes, le son du grisli n'est plus, mais quoi ? De temps à autre, le son du zombie vous rappellera à son bon souvenir. 

 

Arto Lindsay dans Pop fin de siècle de Guillaume Belhomme

 

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