Kagome Kagome, Murahachibu & Port Cuss par Hiroshi Hasegawa, Masami Kawaguchi & Junzo Suzuki
A la demande de Michel Henritzi, plusieurs musiciens japonais ont accepté de nous parler brièvement d'un disque qui les a profondément marqués… Et voici la dernière salve de ces chroniques (entièrement) japonaises, dont on peut lire l'intégralité ici...
Kagome Kagome est une une comptine célèbre (warabe uta) au Japon. C'est, je crois, la première chanson que j'ai apprise dans ma vie. Elle est toujours présente en moi depuis cette époque. Je suis très intéressé par le fait que cette chanson d'un auteur inconnu ait pu traverser les époques jusqu'à nous. Les paroles parlent de la nuit, de l'aube, ou encore de ce qui est devant et derrière vous. Je pense que le charme de cette comptine tient au fait qu'il y a un secret caché derrière les paroles. On la chante traditionnellement en jouant, en dansant en cercle comme une sorte de rituel. Quand j'étais gosse, je jouais avec cette chanson près d'un temple, je m'en souviens de façon très vive comme de l'atmosphère que créaient cette chanson et ce lieu. Chaque fois qu’elle me revient en mémoire, j’éprouve un sentiment étrange.
Hiroshi Hasegawa, figure légendaire de la scène noise, a joué notamment avec C.C.C.C, avant de fonder Astro en 1993. Sa musique oscille entre extrême noise et psychédélisme.
Le Live de Murahachibu, c’est ma première expérience avec de la musique psychédélique. Leurs morceaux sont bien évidemment influencés par les Rolling Stones mais ils sonnent de façon plus sombre, profonde et dangereuse. Il y a aussi un feeling très japonais. Ce n'était pas vraiment des musiciens, à l'exception du guitariste Fujio Yamaguchi. Ils se droguaient beaucoup. De ce point de vue, ils étaient précurseurs des punk et du psychédélisme au tout début des années 70.
Masami Kawaguchi, guitariste de légende, a joué avec tous les groupes et musiciens qui comptent à Tokyo depuis 30 ans : Keiji Haino, Rinji Fukuoka, Broomdusters, Miminokoto, Los Doroncos, LSD March…
Hiroshi Nar est l'un de mes héros intemporels de la musique, il tenait la basse dans les « great » Niplets et sur l'album des Rallizes Denudes, Legendary 77 Live, et aussi avec Brain-Police sur Datetenryu. Ayant quitté les Rallizes en 1978, c’est pour Hiroshi huit ans d’absence ; il est retourné dans sa ville natale de Himeji et a formé le groupe Port Cuss. Ce premier album a été réédité avec une nouvelle édition enregistrée en 2004, mais ces enregistrements originaux n’ont pas perdu de leur puissance. La guitare / voix et la basse / batterie / orgue de Hiroshi nous rappellent les débuts des Modern Lovers originaux (groupe psyché garage de la fin des années 60), mais il y a une vraie étrangeté et lourdeur chez Hiroshi. Ça vaut le coup. Hiroshi est toujours aussi bon mais certains membres sont décédés, aussi nous n’avons pas pu voir leur concert, mais je suis très fier d’avoir pu organiser leur premier concert à Tokyo à l’université Hosei en 2003.
Junzo Suzuki est de ces guitaristes historiques et prolifiques de la scène psychédélique japonaise. Il a traversé l'histoire de nombreux groupes importants de Tokyo : Miminokoto, Overhang Party, 20 Guilders…