Bridge 61: Journal (Atavistic - 2006)
Emmené par le saxophoniste Ken Vandermark, Bridge 61 - avec des bouts de Spaceways Inc (le bassiste Nate McBride) et du Vandermark 5 (le batteur Tim Daisy) dedans – poursuit les efforts de son leader, dans sa lutte à rendre un jazz surpuissant et efficace, sans jamais rien entamer de ses belles manières.
Jamais las, donc, Vandermark déploie pour réussir ses astuces coutumières : unisson des instruments à vent (saxophones face à la clarinette de Jason Stein), interventions motivantes de la contrebasse (imposant un swing sur Atlas ou un bop sur A=A), grandes plages de déconstructions quiètes (Dark Blue, Bright Red) ou non (Super Leegera).
Passé à la basse électrique, McBride démontre son intelligence à prendre les bonnes décisions : élément principal de la structure de Various Pire, sur lequel Vandermark répond aux instincts mélodiques de Stein par un free soutenu ; gardien d’un gimmick crachant sur Shatter (judicieusement dédié au guitariste Sonny Sharrock) ou seul référent palpable d’un morceau de soul inquiète (Nothing’s Open).
A l’écoute de Journal, comme cela était déjà arrivé avec Radiale, l’auditeur comprend à quoi aurait toujours dû ressembler le jazz rock. Au lieu de donner dans la guimauve exposée sous néons blafards, il aurait pu comme aujourd’hui mêler les influences de Roland Kirk et d’Hendrix avec intelligence. Encore eût-il fallu que les plus célèbres musiciens du genre aient eu, comme Ken Vandermark, un concept esthétique personnel à défendre.
CD: 01/ Various Pire (for This Heat) 02/ Super Leegera 03/ Atlas 04/ Nothing’s Open 05/ 29 Miles of Black Snow (for Jackson Pollock) 06/ A=A (for Antonio Tapies) 07/ Dark Blue, Bright Red 08/ Shatter (for Sonny Sharrock)
Bridge 61 - Journal - 2006 - Atavistic. Distribution Orkhêstra International.