Morton Feldman: Three Voices (Col Legno, 2006)
Après avoir abandonné, au contact de John Cage, quelques formes déjà connues de composition pour bâtir des pièces singulières devant autant à l’écriture sourcilleuse qu’au hasard digne de confiance, Morton Feldman a signé quelques unes des pièces maîtresses de la musique du XXe siècle. Avec For Bunita Marcus, Three Voices est sans doute l’une de ses œuvres les plus abouties.
Interprétées par la vocaliste Marianne Schuppe (voix triplée via la diffusion sur haut-parleurs d'enregistrements auxquels elle répond), les onze parties de la composition tirent leur pouvoir enchanteur de répétitions et de chevauchements des lignes mélodiques, de constructions profitant des brisures et de langages abstraits assemblés sur le vif. D’une sentence d’outre tombe qu’elle intercepte – « Who’d have thoughts that snow falls » –, Schuppe tire des mots à mélanger, avant de servir la cause désespérée de vierges folles, et qui revendiquent. Revenue au texte, elle sectionne, ouvre d’autres portes encore, et retrouve l’apaisement. Tout l’univers de Feldman est ici ramassé : celui de déploiements infimes soumis à une cadence généralement lente, mesurée avant de se faire perturbatrice, mettant bientôt au jour une grande œuvre de densité.
Morton Feldman, Mazrianne Schuppe : Three Voices (Col Legno)
Réédition : 2006.
CD : 01/ 02 :21 02/ 03 :14 03/ 08 :39 04/ 05 :26 05/ 11 :56 06/ 02 :03 07/ 02 :15 08/ 01 :16 09/ 02 :24 10/ 03 :30 11/ 06 :26
Guillaume Belhomme © Le son du grisli