PJ Harvey : White Chalk (Island, 2007)
En abandonnant ses instruments habituels, PJ Harvey interroge les capacités de sa verve à résister aux tentations acoustiques... Pour un résultat aussi branlant que le piano qu’elle utilise.
Relativisant à juste titre les effets de la virtuosité instrumentale, PJ Harvey base le plus souvent ses compositions sur un gimmick porteur imposé au piano, avant de voir ensuite si l’inspiration saura légitimer un tel recours. Et le constat, d’apparaître mitigé : réussissant à mettre au jour de jolies pièces de musique inquiète – berceuse sombre de When Under Ether, ritournelle animiste de Dear Darkness, ou paraphrase plus sensible de Before Departure – au son de laquelle elle balade ses craintes de petite fille en paysages préraphaélites, Harvey noie le plus souvent ses complaintes sous les trombes dramatiques, en faisant peu de cas des effets analgésiques de la mesure. Au gré de ses tourments, elle dérive alors, sous le joug d’une emphase souvent déplacée, jusqu’à en perdre tout repère et rappeler soudain quelques pleureuses indécentes – Tori Amos sur The Piano, Mari Boine sur Silence.
Entre les deux, quelques rengaines d’un folk désincarné, peu dérangeantes mais vides malgré les confidences (Broken Harp). Et White Chalk, en définitive, de n’être que cela : un recueil taciturne de chansons similaires et de plaintes distribuées sur le mode de la répétition. En éprouvant le désir de changer son approche de la composition, PJ Harvey n’aura donc fait que tourner en rond sur un nouvel instrument, en faisant toute confiance à son inspiration. Or, douter un peu ne nuit jamais.
PJ Harvey : White Chalk (Island)
Edition : 2007.
CD : 01/ The Devil 02/ Dear Darkness 03/ Grow Grow Grow 04/ When Under Ether 05/ White Chalk 06/ Broken Harp 07/ Silence 08/ To Talk To You 09/ The Piano 10/ Before Departure 11/ The Mountain
Guillaume Belhomme © Le son du grisli