George E. Lewis: A Power Stronger Than Itself (The University of Chicago Press - 2008)
En musicologue et musicien qu'il est – tromboniste entré en AACM en 1971 –, George E. Lewis retrace dans A Power Stronger Than Itself l'histoire de l'AACM, association peu commune organisée autour de musiciens emblématiques (Muhal Richard Abrams, Anthony Braxton, Fred Anderson ou Art Ensemble de Chicago, notamment) prête à répandre la bonne parole d'un jazz exigeant, expérimental et revendicatif.
L'histoire, donc, aussi, de la définition d'une esthétique et d'actions menées parallèlement à ceux du mouvement pour les droits civiques ; enfin, celle d'une ville, Chicago, dans laquelle l'AACM imposa d'autres façons de servir un jazz auquel elle sut donner une actualité autre que celle de la redite ou de la fadeur. Association faite presque école – presque puisque loin d'être uniforme – mise au service d'une Great Black Music défendue poing levé.
Dans ce livre, l'AACM évidemment présentée de façon exhaustive (plus d'une dizaine d'années de travail : écritures théoriques et pratiques, interviews, et même, quelques désaccords exposés, comme celle née du besoin pour les musiciens de s'entendre sur le terme d'« original music » qu'il leur faut défendre), le parcours d'une évolution dans la marge : celle qui l'oppose à un music business en demande d'easy listening et, tant que faire se peut, de white profit – parallèle établi avec le Black Music White Business de Frank Kofsky.
Aujourd'hui encore, l'héritage en mouvement (Kahil El'Zabar, Matana Roberts, Nicole Mitchell) et puis de beaux restes (Fred Anderson, Anthony Braxton), même si l'aventure musicale et combattante d'hier semble indépassable. Pour en lire toute l'étendue, se reporter à la somme.
George E. Lewis - A Power Stronger Than Itself, The AACM and American Experimental Music - 2008 - The University of Chicago Press.