Tsahar, Murray, Kowald : Ma, Live at the Fundacio Juan Miro (Hopscotch, 2009)
Qui, en cet instant précis (25 juillet 2002 – Fondation Juan Miro / Barcelone), pourrait dire que le free jazz est un truc de vieux nostalgique attardé ? Et si coule une larme sur la joue, ce n’est pas par nostalgie mais parce que Peter n’est plus. Et que cette perte est irrémédiable. Et que ce trio-là était de feu et de grâce. Comme l’avait été, bien des années auparavant, le trio Ayler-Peacock-Murray.
Le trio Tsahar-Kowald-Murray : disons-en quelques mots. Soixante-douze minutes de musique forte, poignante et qui n’est rien d’autre que la signature même de l’existence. Ils ne jouent pas comme si c’était la dernière fois mais comme si c’était la première et la dernière. Nuance. Le tout dire avant le peloton d’exécution. Ne s’arrêter qu’avec l’épuisement. Mais avant : dire ce qui les rend vivants, forts et présents au monde. Dire la plainte, la brûlure, l’espérance.
Depuis quand n’avions nous pas entendu un Sunny Murray aussi incendiaire ? Ici, il trouve (enfin !) des partenaires à la hauteur de sa démesure et reconquiert l’appétit de ses vingt ans. Celui, précisément, du trio Ayler-Peacock-Murray. Voilà, on y revient ! On va finir par y croire à cette histoire de vieux nostalgiques. Et ne comptez pas sur un vieux nostalgique comme moi pour analyser cette musique tranchante comme un silex magdalénien. Inutile d’insister : laissez-nous entre vieux nostalgiques...
Assif Tsahar, Peter Kowald, Sunny Murray : Live at the Fundacio Juan Miro (Hopscotch Records / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2002. Edition : 2009.
CD : 01/ MA 02/ YA 03/ KA 04/ DA 05/ BA 06/ WA 07/ MA
Luc Bouquet © son du grisli