Chris Watson, Marcus Davidson : Cross-Pollination (Touch, 2011)
Redisons-le : en matière de field recordings et d’ambient, le label Touch supplante largement tous ses concurrents. L’an dernier, l’extraordinaire Jana Winderen et son Energy Field nous avait emmenés dans un fascinant voyage dans les eaux polaires – l’exercice déplaçait les profondeurs matérielles ET spirituelles largement au-delà de tous les clichés de la National Geographic, le tout dans une qualité sonore admirable qu’on ne retrouve que sur la structure britannique, alors que le cru printemps/été 2011 de la maison fondée par Jon Wozencroft nous transporte de l’autre côté de la planète.
Laissant de côté les eaux glacées du Grand Nord, Chris Watson (oui, celui de Cabaret Voltaire) a promené ses micros dans le désert du Kalahari en Afrique du Sud et nous en a ramené un formidable témoignage des harmonies animales – fameuse découverte. Enregistrées entre le coucher et le lever du soleil, la nuit donc, réduites en une pièce de 28 minutes, les sonorités de Midnight at the Oase dévoilent une richesse sonore inouïe, à rendre pâlotte toute tentative musicale humaine, de la plus réfléchie à la plus spontanée.
Et ce n’est pas tout puisqu’en second rideau, l’artiste anglais est rejoint par Marcus Davidson (dont nous ignorons tout à part le nom) dans une Bee Symphony enregistrée en live à l’université de York l’an dernier. Son titre l’indique, la pièce explore les interactions harmoniques entre le bourdonnement des abeilles et un chœur humain (à cinq voix dans notre cas). Si la composition met un peu de temps à se mettre en place, elle révèle un lot d’émerveillements inattendus, quelque part entre György Ligeti et Philip Glass quand ce dernier intégrait la musique chorale à son Koyaanisqatsi (plus exactement, le passage où un Boeing 747 de United Airlines surgit des brumes de pollution). C’est wow !
Chris Watson, Marcus Davidson : Cross-Pollination (Touch / Metamkine)
Edition : 2011.
CD : 01/ Chris Watson : Midnight at the Oasis 02/ Chris Watson & Marcus Davidson : The Bee Symphony
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli