Jean-Marc Montera, Thurston Moore, Lee Ranaldo : Les anges du pêché (Dysmusie, 2011)
Il y a longtemps que je ne cherche plus à comprendre pourquoi les guitares de Lee Ranaldo et de Thurston Moore me font un tel effet (que l’on pourrait qualifier de « bœuf »). Toujours, même lorsqu’elles tournent en rond sans avoir l’air de savoir où elles vont. Toujours, même depuis que, comme l’a fait remarquer le guitariste John Fahey au guitariste Elliott Sharp, Sonic Youth est devenu Sonic Middle Age. En accord avec Fahey, il faut bien admettre que les héros ont vieilli. Mais sont-ils fatigués pour autant ? Pour amorcer un début de commencement de réponse, il suffit de mettre sur la platine Les anges du pêché. Même si nous attribuerons en fait ce LP à Jean-Marc Montera puisqu’il y discourt tour à tour avec Moore et Ranaldo.
La première rencontre date de l’année dernière et la seconde de 1997 – c’est en fait une des chutes des sessions Connors / Moore / Montera qui ont déjà servi à Hat Noir (A Possible Dawn) et Xeric (MMMR). Dédié à l’homme qui enregistra les guitaristes, In Memory of Martin Stumpf est l’œuvre de quatre mains qui égrènent une harmonie bruitiste. Montera et Moore se renvoient des larsens, des hoquets et des accords polymorphes… L’année 1997 embrasse les allures d’une fausse époque (new-no-wave / no-new-no-wave / no-no Wave ?).
Sur l’autre face, c’est Ranaldo qui joue avec Montera. Voilà l’exemple parfait de ces guitares qui « tournent en rond » à ce point qu'elles frisent l’illustration sonore. On dirait qu’elles se jaugent avant de trancher dans le vif du sujet. Ranaldo et Montera sont des guitaristes turbulents qui tournent à la vitesse du disque et s’entrechoquent. Comme en un pogo éternel, ils évoluent et grandissent en criant que le « middle age » n’est pas le même pour tout le monde.
Jean-Marc Montera, Thurston Moore, Lee Ranaldo Les anges du pêché (Dysmusie / Souffle Continu)
Enregistrement 1997 2010. Edition 2011.
LP A Montera Ranaldo From Another Room B Montera Moore In Memory of Martin Stumpf
Pierre Cécile © Le son du grisli