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Le son du grisli

9 juin 2023

Akchoté / Henritzi : Pour et Contre > Thierry Monnier

thierry monnier work in progress

Dernier échange entre guitaristes : à l’occasion de la parution du livre Guitare Conversation de Noël Akchoté et Philippe Robertle son du grisli ressuscite le temps d’une autre conversation : celle à laquelle se sont livrés Michel Henritzi et le même Akchoté, qui compose au fil des impressions une discographie de la guitare jazz faite d’une vingtaine de références. Dix ont été choisies par Henritzi, dix autres par Akchoté, auxquelles réagissent ensuite l’un et l’autre. En introduction de ce long échange – que vous retrouverez compilé à cette adresse au son du grisli –, Noël Akchoté explique... 

Je ne connaissais pas Thierry Monnier, je ne crois pas l'avoir rencontré, j'ai entendu son nom, et sans doute écouté quelque chose à l'époque Bimbo Tower, en croisant Sister Iodine, mais je n'en savais pas plus, je vois à quel point sa disparition toute récente semble toucher une communauté de
musiciens et amis.

Ça ne me facilite pas la tâche car je reste un peu coi devant son jeu, pour tout dire ça me semble un peu limité instrumentalement, ce qui n'aide pas à entrer dans cette série d'archives en solo, j'en suis désolé. Ça fait un peu post-punk, passé aux musiques plus difficiles, voire aux compositeurs expérimentaux (graphic scores), mais ça me sonne un peu art brut quand même.

J'aime bien l'effet pile qui se meurt (donnant cette distorsion en train de rendre l'âme, au son si unique, déjà utilisé par Jimmy Page et d'autres dans les années 70s), ce sont clairement mes limites à certaines musiques urbaines, ou disons rock. Car je ne me sens absolument pas rock, ni que je me retrouve dans le coté social (working class heroes), du rock, ni que je trouve cette musique (aussi large et vaste qu'elle soit, donc toutes les musiques sont dedans), si à part du reste. Mais sans doute que Monnier ici est aussi le son de ces histoires, d'une histoire qui fait écho à ses proches. Désolé, j'irai creuser, promis.  Noël Akchoté

J'entends ce que tu dis, ce que tu pourrais d'ailleurs objecter pour de nombreux autres guitaristes actuels, ceux de Sister Iodine entre autres. Il me semble qu'ils ont déplacé la technique de jeu dans un usage (une technique) des effets, débarrassés radicalement de tous les éléments attendus : notes, harmonies, modes … Le jeu a changé vers quelque chose qui est presque de l'ordre de la sculpture sonore. Les musiques électroniques sont passées par là changeant la donne. Ils n'ont presque plus besoin de main gauche, la guitare est un générateur de sons, l'instrument principal est peut-être l'amplificateur.

Ils sont de cette génération nourrie par Sonic Youth (leur part bruitiste) et un théoricien de la no-guitar comme Bruce Russell. Ce qui reste c'est l'instrument comme symbolique, mais pas seulement, tu seras le premier à le dire, qu'il a des possibilités infinies. Thierry était plus fasciné par le drone que le punk, c'est vers ça que sa musique tendait, créer des espaces/temps infinis gorgés d'électricité. Il y a une fascination chez lui pour l'effondrement du son, le feedback aussi, le monochrome.

Lui ne me semble pas raconter d'histoires encore que ses titres de morceaux disent le contraire, notamment ceux de son duo avec Pierre Faure : Sun Stabbed. D'un coté il y a Nina Garcia qui est clairement dans une problématique de guitariste, de l'autre Thierry Monnier ou Lionel Fernandez qui sont eux dans une approche électronique, abstraite. Ca me fait penser à Derek Bailey et Keith Rowe qui avant eux, ouvraient sur deux approches diamétralement opposées, tout au moins différentes. Bailey a encore à voir avec le jazz, le classique, Rowe avec l'art contemporain. Pour moi il n'y a pas à choisir, passer de l'un à l'autre et se laisser porter.  Michel Henritzi

Image of A paraître : Guitare Conversation de Noël Akchoté & Philippe Robert

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