Didier Lasserre : La mémoire (Entre deux points, 2013)
Si Didier Lasserre a La mémoire courte (vingt-cinq minutes, en deux temps), elle n'en est pas moins vive, et même alerte. Seul, sur « batterie ancienne », il va ici chercher un lot de souvenirs qu’il drape de résonances et puis fait remonter.
Le premier coup porté, l’expérience de remembrance (papier calque dont il faut délicatement débarrasser ce bel objet Entre deux points) commande patience et obstination – Lasserre, on le sait, se frotte à l’une comme à l’autre avec un naturel saisissant. Levée de graves, caisse claire habilement sondée et cymbales vibrant par contrecoup : chacun des éléments de son « vieil » instrument est ainsi appelé à émettre des hypothèses, à donner en somme sa version des faits.
Alors, une histoire composée d’infinis détails – qu’on entende, à la réécoute, tout autrement l’un ou l’autre de ceux-là et La mémoire donnera innocemment dans l’uchronie – accapare notre attention pour la suspendre au moindre geste d’un batteur qui interroge : « comment mettre en scène (en son) le moment prochain ? » Or, Didier Lasserre fera sans jamais laisser entendre « comment », et ainsi captivera une autre fois, une fois de plus, en conteur sensualiste.
Didier Lasserre
La mémoire
Didier Lasserre : La mémoire (Entre deux points)
Enregistrement : 21 mai 2013. Edition : 2013.
CDR : 01/ La mémoire 02/ Le signe
Guillaume Belhomme © Le son du grisli