Masayoshi Urabe : Mobilis In Mobili (an'archives, 2020)
D’autres auraient mis moins de soin à célébrer Masayoshi Urabe. Mais il s’agit là d’An’archives, label d’excellence qui consacre au saxophoniste – vocaliste, flûtiste, harmoniciste… – une boîte renfermant trois vinyles, trois impressions signées Alan Sherry, un jeu de six cartes sous enveloppe, un portrait en noir et blanc et des notes signées Michel Henritzi.
Celui-ci connaît Masayoshi Urabe pour l’avoir notamment pratiqué. De ce partenaire rare avec lequel il enregistra jadis Ecstasy Of the Angels, Henritzi rappelle les origines (autodidacte bouleversé par Kaoru Abe et Albert Ayler) et les contours (iconoclaste transi et même heureux d’ajouter ses propres bruits à tous les bruits du monde – Mobilis In Mobili, arborait ainsi le Nautilus).
The Snake Decides (déjà pris) aurait pu convenir aussi. C’est qu’il faut suivre Urabe : de 2016 à 2018, en six temps et quatre endroits. Toujours sinueuse, l’expression est moins guidée par un rythme que par une pulsation, moins dictée par son trait que par l’intensité de son marquage. Une phrase n’est dite que pour irrémédiablement dévier, un sifflement perce pour rebattre les cartes, un cri jaillit pour tout remettre en question. Quel que soit l’instrument – saxophone, voix, harmonica… –, Urabe clame avec une même franchise et une même force l’intensité de son art : celui d’une révélation sur l’instant, d’une invention de chaque instant.
Masayoshi Urabe : Mobilis In Mobili
An’archives
Enregistrement : 2016-2018. Edition : 2020
Guillaume Belhomme © Le son du grisli