Lucio Capece : Epoché (Hideous Replica, 2015)
C’est Lucio Capece lui-même qui, dans la pochette à déplier de son disque Epoché, évoque la « perception » à laquelle travailla longtemps Merleau-Ponty : « contact naïf avec le monde » qui est « déjà une expression primordiale. » Voici résumée, en neuf mots et quatre guillemets, une pensée qui, « vraisemblablement », inspire Capece – le lecteur pourra trouver ici de plus amples détails sur la motivation du musicien.
Pour établir le contact, ses instruments sont choisis : synthétiseur analogique, oscillateurs, modulateur, batterie électronique… D’un matériel qui fait barrage, filtrent d’abord des sonorités naturelles (vent, eau, électricité…). Ce seront ensuite des aigus en concurrence – ondes sinus dont on peine à saisir l’entière trajectoire – puis un drone de part et d’autre duquel s’organise un fabuleux skid row de bruits en déroute – parasites, crépitements, sirènes, sonneries… Egaré parmi les sonorités d’Epoché, c’est à l’auditeur, maintenant, d’établir le contact. Sans doute est-ce d’ailleurs là ce que Capece avait perçu.
Lucio Capece : Epoché (Hideous Replica / Metamkine)
Enregistrement : 2013-2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Part 1 02/ Part 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli