Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Celer : Sky Limits (Baskaru, 2014)

celer sky limits

J’ai déjà été assez sévère avec Celer (Dying Star) mais je le serai moins pour ce Sky Limits sorti sur Baskaru. Moins, d’accord, mais encore ! Oui, encore, mais moins !

C’est peut-être une question de projet. En effet, s’il reste attaché à son « ambient diaphane » à base de loops de nappes de synthés, Will Long y ajoute des field recordings (de très petites choses, plus pétiques que vraiment concrètes) capturés en 2012 et 2013 au Japon. C’est donc une sorte d’invitation au voyage qu’il nous enverrait dans un digipack.

Les paysages ou les instants passés (le Shinkansen qui quitte Kyoto, le retour rue Kawaramachi) qu’il recrée avec des sons sont assez « cinématographiques », certains au volume très appuyé, d’autres étouffés au contraire. Assez proche des anciens Eno (toujours ce fichu problème d’identité), aussi, donc pas très neuf. Certes, mais quand même estimable.

Celer : Sky Limits (Baskaru)
Enregistrement : 2012-2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Circle Routes 02/ (12.5.12) Making Tea Iver a Rocket Launch Broadcast 03/ In Plum and Magenta 04/ (12.21.12) On the Shinkansan leaving Kyoto 05/ Tangent Lines 06/ (12.20.12) Back in Kawaramachi, Kyoto 07/ Equal to Moments of Completion 08/ (4.8.13) A Morning 09/ Wishes to Prolong 10/ (4.8.13) An Evening 11/ Attempts to Make Time Pass Differently
Pierre Cécile © Le son du grisli



The International Nothing : The Dark Side of Success (Ftarri, 2014)

the international nothing the dark side of success

Passée l’envie de se faire connaître (Mainstream), et après avoir essuyé un premier retour de clarinettes (Less Action, Less Excitment, Less Everything), Michael Thieke et Kai Fagaschinski composaient en septembre 2013 The Dark Side of Success. L’un à gauche et l’autre à droite, prenaient de la distance.

Comme hier, les clarinettes accrochent quelques motifs écrits à des partitions lâches. Les gestes lents peuvent tisser le fil d’une conversation, s’entendre sur un unisson, abandonner les notes longues pour un accord tranchant. En miroir, Thieke et Fagaschinski construisent des structures légères qu’ils font tenir en équilibre et consolident en se défaussant – lorsqu’ils semblent prendre un peu de recul pour mieux envisager leurs partitions. La méthode est originale, et fait effet.

The International Nothing : The Dark Side of Success (Ftarri)
Enregistrement : 19 et 22 septembre 2013. Edition : 2014.
CD / LP : 01/ Empty Your Pockets 02/ Beat ‘Em All 03/ Deepwater Horizon 04/ Lebensverlängernde Massnahmen 05/ Pop Music 06/ Lost and Found and Lost Again
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Gabriel Saloman : Movement Building Vol. 1 (Shelter Press, 2014)

gabriel saloman movement building 1

Je sais oui mais quoi sais-je vraiment ? Que Gabriel Saloman est une moitié de Yellow Swans (l’autre moitié étant Pete Swanson, ceci étant je crois avoir entendu un disque de YS il y a longtemps mais c’était avant un déménagement et je ne sais plus lequel ni ce que j’en avais retiré)… qu’il a collaboré il y a peu avec Peter Broderick… que son Movement Building Vol. 1 (un second est déjà attendu d’oreille ferme) me rafraîchira peut-être la mémoire…

Même si elle donne dans le drone, la musique de Saloman est bien mystérieuse, avouons-le. Elle progresse lentement et peut être perturbée par des salves rythmiques (des coups de baguettes, des rythmes secondaires, des contretemps, etc.). Elle progresse lentement mais sa charge électrique (la guitare au même adjectif poussant au crime) la déporte vers des contrées ambientiques que tout bon grislien se doit de révérer (dans l’ordre chronologique de leur apparition : Scelsi, Bryars, Eno, Gilbert, Toral, et Jean Passe). Ebranlant, ce Movement Building ? Oui, mais qui tient bon !

Gabriel Saloman : Movement Building Vol. 1 (Shelter Press)
Edition : 2014.
CD / LP : 01/ The Discipline Body 02/ The Discipline Body (Part 2)
Pierre Cécile © Le son du grisli

Charlie 2015 550


Seijiro Murayama, Eric La Casa : Paris: Public Spaces (Ftarri, 2014)

seijiro murayama eric la casa paris public spaces

Quand Éric La Casa donne le « top » de départ, Seijiro Murayama est prêt – c’est-à-dire qu’il estime le temps venu après l'avoir envisagé – à enregistrer avec lui l’espace public parisien. La promenade commence dans les allées du Parc Floral.

Enregistrer, donc : un chœur d’enfants qui jouent, une partie de tennis, une station de métro, une portion de tunnel, la Seine même… Le piéton de Paris, harnaché, capte, écoute pour composer ensuite, enfin laisse entendre un quotidien capable de déroutes. Auquel Seijiro peut d’ailleurs réagir : expressions de gorge, souffles, note parallèle à celle d’une autre voix… Un impromptu (plus qu’une improvisation) qui rehausse la rengaine urbaine et enchante la balade du raconteur fondu dans le paysage, de l’arpenteur qui se repère exclusivement au son.

Ainsi, Éric La Casa et Seijiro Murayama se réservent-ils, dans leur divagation documentariste, un droit à une poésie de contemplation, de surprise et d’inquiétude. Une poésie de celles dont Fargue parlait comme d’une « vie de secours où l'on apprend à s'évader des conditions du réel, pour y revenir en force et le faire prisonnier. »

écoute le son du grisliSeijiro Murayama, Éric La Casa
Paris: Public Spaces (extraits)

Seijiro Murayama, Éric La Casa : Paris: Public Spaces (Ftarri / Metamkine)
Enregistrement : Janvier-Juin 2012. Edition : 2014.
CD : 01-12/ Part 1 - Part 12
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Robert Curgenven : They Tore the Earth and, Like a Scar, It Swallowed Them (Recorded Fields, 2014)

robert curgenven they tore the earth and like a scar it swallowed them

Je vais vous faire part d’une expérience qui n’est pas donnée à tout le monde (du moins c’est ce que je crois) = commencer un disque par sa face B. Après Built Through (avec Richard Chartier), ce ne sont pas les premières bourrasques de They Tore the Earth… (mastered by Rashad Becker !) qui m’écarteront du chemin de Robert Curgenven. Oui,  mais une fois passées les bourrasques ?

Mon tort est d’avoir entendu la claque finale dont la première face ne cessera pas de me menacer ensuite (à plus ou moins « sons couverts »). Mais bon, plongé dans les crépitements et les cercles de feu, je dégusterais les field recordings (enregistrés en Australie entre 1999 et 2010), la basse & l’orgue & les turntables… de la face A au point de vouloir me replonger une nouvelle fois dans la B. Ce qui me fera respecter en plus le storytelling (2 scènes par face) écrit par Curgenven.

Et là, surprise, le flip-trip est plus impressionnant encore. Tellurique et engloutissant, comme le promettait le titre du LP. Comme d’autres, Curgenven aurait-il décidé de mettre ses field recs au profit du côté obscur de la force (tellurique) ? Pour me rassurer, la prochaine fois que j’écouterai The Tore the Earth, je recommencerai par la face B. Intriguant, non ?

Robert Curgenven : They Tore the Earth and, Like a Scar, It Swallowed Them (Recorded Fields)
Edition : 2014.
LP : A1/ Scene 1. Scattered to the Wind, the Fortunate A2/ Scene 2. Only the Dogs And the Fires On the Horizon – B1/ Scene 3. The Heat at Their Necks B2/ Scene 4. And When the Storm Came, They Were the Storm
Pierre Cécile © Le son du grisli

nww 33



Mike Majkowski : Why Is There Something... (Bocian, 2014) / Lotto : Ask the Dust / Roil : Raft of the Meadows

mike majkowski why is ther something instead of nothing

Sans Blip ni Fabric, Mike Majkowski reprenait son ouvrage de couturière (Tremolo) en solitaire en se posant une question : Why Is There Something Instead of Nothing?

Manche et chevalet piqués encore, certes, mais sur la première face seulement. C'est à dire là où Belt of Sand naît de la rapidité et de l’endurance d’un archet qui compose comme sur un retour d’ampli : l’instrument n’est alors plus mis à mal, mais joue de chutes de tension et de parasites pour chanter une fragile polyphonie que lui envieraient bien des bourdons.

Chutes de tensions aussi pour A Shadow of Silver Dipped in Gold, mais différentes. Le couple de notes auquel l’archet revient entre deux silences contrefait une sirène échouée, qu’un harmonique réduira au secret et qui sera battu en retour, et de plus en plus fort. Au terme du grand disque qui tourne à la vitesse d’un quarante-cinq, Majkowski n’aura peut-être pas répondu à la question posée, mais aura ranimé tout l’intérêt qu’on lui portait déjà.

Mike Majkowski : Why Is There Something Instead of Nothing? (Bocian / Metamkine)
Enregistrement : Juin 2013. Edition : 2014.
LP : A/ Belt of Sand B/ A Shadow of Silver Dipped in Gold
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

lotto ask the dust

Lotto – ou l’association de Mike Majkowski, Łukasz Rychlicki (guitare électrique) et Pawel Szpura (batterie) – rappellera par son endurance et sa force de frappe (et même de persuasion) The Necks ici, Radian ailleurs. Les obsessions tournantes du trio – combinaison de gimmicks différents, effets de médiator et de vibrato, relâchements élevés au rang d’expressions franches – le forcent en effet à l’exploration de terres arides sur la répétition de mêmes gestes. L’intensité, changeante, elle, s’occupera des nuances à donner aux teintes d’un album allant et venant entre improvisation rêche et americana.

Lotto : Ask the Dust (Lado ABC)
Edition : 2014.
LP : A1/ Gremlin-Prone A2/ Lense A3/ Longing to Speak - B1/ Comet B2/ Divider B3/ Man of Medicine
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

roil raft the meadows

Des Necks évoqués ci-dessus, s’est échappé (une fois de plus) Chris Abrahams : le temps de deux séances datées de février 2013 et 2014, qui l’exposaient auprès de Mike Majkowski et James Waples (batterie). L’improvisation est cette fois plus empruntée, par la faute du pianiste, disons-le, sourd à toutes nuances pour être trop occupé à jouer de facilités, à rabâcher son lyrisme. Dommage, d’autant que Majkowski et Waples travaillaient parfois dans l’ombre (Raft of the Meadows, Life Event Kit) à contredire les ses progressions toutes faites. En vain, et contre tous.

Roil : Raft of the Meadows (NoBusiness)
Enregistrement : 9 février 2013 & 6 février 2014. Edition : 2014.
LP : A1/ Laminate A2/ Raft of the Meadows A3/ Live Event Kit - B1/ Junipers Both A2/ Multiplier A3/ Bone Collar
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Coppice : Cores/Eruct (Category of Manifestation, 2015)

coppice cores eruct

On  a l’impression qu’il suffit à Noé Cuéllar et Joseph Kramer de mettre des archives bout à bout pour pondre (passez-moi l’expression) un œuf de Coppice. Cores/Eruct, par exemple, a été composé entre 2009 et 2012 et c’est aujourd’hui (sur le propre label du duo, dont c’est la première sortie) qu’il surprend par sa nouveauté. Sa quête de nouveauté, tout du moins.

Car on trouve sur le CD de l’entendu (des drones, des questionnements arty, des expériences électromagnétiques…) et de l’inattendu (des collages à l’ancienne ou quasi, des bruits de lutherie qu’on ne peut même pas imaginer même si l’on sait que le duo manie l’harmonium préparé et la shruti box, des beats saugrenus dans le domaine de l’abstraction…). L’important, pour Cuéllar et Kramer, étant de provoquer des suites d’action/réaction à une seule et unique fin : composer une ambient expé qui élève le bruit mécanique au rang de paysage musical. Que dire d’autre ? Sinon qu’avec While Like Teem or Bloom Comes, 2015 commence bien !

Coppice : Cores/Eruct (Category of Manifestation)
Enregistrement : 2009-2012. Edition : 2015.
CD : 01/ Bluing 02/ Son Form 03/ Seam (Kinder) 04/ While Like Teem or Bloom Comes (Tipping) 05/ Blueing
Pierre Cécile © Le son du grisli

DERNIERS EXEMPLAIRES


Ted Daniel's Energy Module : Inerconnection (NoBusiness, 2014)

ted daniel energy module inerconnection

A ceux qui ne veulent entendre ici qu’exubérance et colère, on soutiendra que l’Energie Module de Ted Daniel était tout le contraire. Cette machine à frissons n’avait alors (1975) que faire des pisse-vinaigre : elle regorgeait d’un suc clair, certes incendiaire, mais ce qu’elle désirait avant toute chose c’est que présent et futur abondent en un élan collectif.

Ce collectif invitait Sunny Murray (Jiblet), Dewey Redman (Inerconnection), Albert Ayler (Ghosts) ou Ornette Coleman (Congeniality) – en quelque sorte, n’oubliait pas de remercier les avant-coureurs – à la fête. Ces esprits libres avaient laissé la prudence au vestiaire. Ils savaient la transe jamais calmée. Ils savaient l’appel. Ils savaient l’hymne.

Ainsi le sous-estimé Ted Daniel pouvait en fin de concert faire ondoyer doucement trompette puis bugle dans les plis garrisoniens de la contrebasse de Richard Pierce. Daniel Carter et son ténor fourrageait quelque mer à jamais brûlée. Oliver Lake n’avait pas que son alto pour étrangler son souffle : son soprano s’ouvrait aussi en rouge vif. Quant à Tatsuya Nakamura, il avait mis l’Afrique en son cœur et ne se gênait pas pour le faire savoir. Que ceux qui ne voulurent pas l’entendre le sachent bien : l’esprit ne s’ouvre qu’aux âmes sensibles. Tant pis pour eux.

Ted Daniel’s Energy Module : Inerconnection (NoBusiness Records)
Enregistrement : 8 novembre 1975. Edition : 2014.
2 CD / 2 LP : 01/ Jiblet 02/ Inerconnection 03/ The Probe 04/ Ghosts 05/ Entering-Congeniality-Pagan Spain
Luc Bouquet © Le son du grisli


(2015-2) Expéditives : Ferran Fages, Remembrance, Machinefabriek, Toshimaru Nakamura, Sebastian Lexer, Michael Thieke...

2013 expéditives

radi d'or

Ferran Fages : Radi d’Or (Another Timbre, 2013)
A la tête d’un « ensemble » de cinq musiciens (Olga Ábalos à la flûte et au saxophone alto, Lali Barrière aux ondes sinus, Tom Chant aux saxophones ténor et soprano et Pilar Subirá aux percussions), Ferran Fages interprétait le 17 décembre 2011 un Radi d’or haut de trente-six minutes, par lui imaginé. Occasion pour le guitariste d’accorder ses attachements pour les râles, notes parallèles, harmoniques, prévenances, retours sur note, soupçons (ondes sinus et guitare)… Toutes sonorités, inspirantes. (gb)

lauzier transparence

Philippe Lauzier : Transparence (Schraum, 2013)
Du dédale que construit Philippe Lauzier ne pourront s’échapper que des souffles amples, vastes, abondants, amis. Ce souffle brise-glace fore le continu. Le souffle se module, se gonfle, admet de fines moisissures mais, toujours, refuse la désunion. A chaque nouveau tableau, un continuum. A chaque nouveau monde, la douceur des prologues. Clarinettes et saxophones malaxent la matière, cristallisent le granuleux. Ils oscillent et hypnotisent l’auditeur. Les techniques étendues ne sont que prétextes : le souffle ne se voudrait que fluet et menu qu’il ne pourrait cacher sa douceur, sa bienveillance. Précisément ceci : un disque de douceur et de bienveillance. (lb)

remembrance

Remembrance : Remembrance (NoBusiness, 2013)
Enregistré le 9 février 2004, Remembrance donne à entendre sur deux disques Elton Dean, Paul Dunmall, Paul Rogers et Tony Bianco. En quartette, trio ou duo, les musiciens se livrent à d’épatantes combinaisons d’un jazz volubile, pour ne pas dire convulsif (duo Rogers / Bianco en ouverture du second disque). Au swing unique de Dunmall, Dean oppose des ébauches de mélodie allant souvent à contre-courant de la solide paire rythmique, association qui démontre une maîtrise renversante. (gb)

machinefabriek

Machinefabriek : Stroomtoon II (Herbal International, 2013)
Impressionné, toujours deux ans plus tard, par les basses de Stroomtoon II. Ce CD, c’est du Machinefabriek par couches et par surcouches, en constructions-collages de drones-synthé, d’ambient pop (passe-partout, certes) ou d’electronica oldies. Après la bonne impression... on redescend. L’originalité est en fait toute relative si bien qu’on se demande pourquoi avoir réédité ce CD Nuun sorti en 2012, les stocks Machinefabriek doivent bien recéler d’autres trésors, non ? (pc)

suncheon

Kawaguchi Takahiro, Choi Joonyong : Suncheon Hyanggyo (Balloon & Needle, 2013)
Suncheon Confucian School, 12 août 2011 : Choi Joonyong et Kawaguchi Takahiro s’affrontent. Et ils ont apporté de quoi faire (instruments, objets préfabriqués, systèmes inventés). Donc, attentif, j’ai l’impression qu’un chien halète puis qu’on lui plante un clou dans l’os en respectant le rythme de son souffle.  Non, pas un chien, mais une petite scie suivie d'autres instruments de chantier : étincelles, electronics, buzzs, bref impossible de tout raconter en trois lignes, même en sept d’ailleurs. Mais je recommande ! (pc)

foz

Toshimaru Nakamura, Manuel Mota : Foz (Dromos, 2013)
Datée du 15 septembre 2011, l’improvisation est celle par laquelle Toshimaru Nakamura opérait un retour à la guitare. Auprès d’un autre guitariste, qui plus est : Manuel Mota. Improvisées, les deux pièces composent avec l’échouage des longues notes, quelques accords tombant, des feedbacks aussi ou d'autres bruits jadis qualifiés de « parasites ». Emmêlées, les lignes se confondent bientôt en un Foz étonnant. (gb)

the fog

Sebastian Lexer, Grundik Kasyansky : The Fog (Dromos, 2013)
Forcément enregistré à Londres (3 décembre 2011), The Fog expose, sous influence AMM, le piano étendu de Sebastian Lexer aux radiations électroniques de Grundik Kasyansky. C’est une alarme, d’abord, qui filtre de l’épais brouillard. Après quoi, le duo profite de son art de la réflexion et d’un timing élaboré : les coups donnés au piano, les cordes pincées et les distensions électroniques se prennent ainsi dans une brillante composition en toile d’araignée. (gb)

biliana thieke

Biliana Voutchkova, Michael Thieke : Already There (Flexion, 2013)
Trois séances d’enregistrement ont, en 2012 à Berlin, permis à Biliana Voutchkova et à Michael Thieke d’accorder leurs violon et clarinette. Lorsqu’elle ne décide pas de poursuites ou de cascades, l’improvisation joue d’oppositions (graves de clarinette contre frêle archet), d’apparitions (d’une voix, d’interférences, d’un lyrisme en perte de repères…) ou de disparitions dans un battement d’ailes. Si Voutchkova manque parfois d’idée, Thieke (et Werner Dafeldecker, au mastering) donnent quelque valeur à la rencontre. (gb)


John Hudak, Miguel Angel Tolosa : Garten (Winds Measure, 2014)

john hudak miguel angel tolosa garten

John Hudak (field recordings, processing) et Miguel Angel Tolosa (processing, mixing) demandent à l’auditeur de passer leur CD en mode « repeat ». Chronophage ? Peut-être. Mais chiche : on passera Garten en mode « loop » pendant des heures, des jours, des semaines…

De quoi nous faire tenir jusqu’à l’année prochaine voire passer toute cette année prochaine avec en bande-son leur ambient obsédante. Et avec leurs voix, à tous les deux. Car Garten est un enregistrement de voix et de sons qui mettent du temps à nous parvenir avant de devenir un bien meuble indispensable à notre confort. On le changera de place, de temps à autre. On l’abandonnera à son mode « repeat » ou « loop ». On se surprendra même un jour de l’année qui arrive à l’écouter et à l’apprécier. Alors on le laissera tourner encore et encore. C’est pourquoi Garten ne pouvait prétendre à être l’un des CD de l’année 2014. Il pourrait bien être l’un des CD de l’année 2015, 2016, 2017…

écoute le son du grisliJohn Hudak, Miguel Angel Tolosa
Garten (extrait)

John Hudak, Miguel Angel Tolosa : Garten (Winds Measure)
Rec 2005-2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Garten
Pierre Cécile © Le son du grisli



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