Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Alexandra Grimal, Benjamin Duboc : Le retour d’Ulysse (Improvising Beings, 2015)

alexandra grimal benjamin duboc le retour d'ulysse

Sans le souci de convaincre, d’être brillants ou experts ; sans le souci d’être vendables ou vendeurs, voici Alexandra Grimal et Benjamin Duboc. Et voici ce qu’ils sont en cet instant précis : en proximité, et on s’en voudrait presque de les déranger. Ils ne seront jamais la foudre et le brasier. Quoique… Ils sont fragilité. Ils sont force. Ils sont silence et concentration.

Ils n’ont cure du temps, des heures d’été, des heures d’hiver. Ils errent, trouvent le crescendo et s’en font un allié pointu, déclinent quelques fluides beautés et se parent d’épaisseur. Ils modulent les lignes, font de l’épure une amie fidèle, s’engouffrent en lente frayeur. Ecrire que l’archet de l’un est large et que le soprano de l’autre vise l’inattendu serait juste mais ne ferait pas avancer les choses. Les choses avanceront quand ils seront de nouveau réunis. Réunis et autres. Alors, avec naturel, ils regagneront le chemin du sensible.

écoute le son du grisliAlexandra Grimal, Benjamin Duboc
L'homme qui court

Benjamin Duboc, Alexandra Grimal : Le retour d’Ulysse [promenade] (Improvising Beings)
Enregistrement : 29-31 juillet 2013. Edition : 2015.
CD1 : 01/ Rencontre 02/ L’homme qui court 03/ Empreintes 04/ Amibes 05/ La forêt 06/ La danses des puces – After the Rain – CD2 : 01/ Gaïa 02/ Chemins 03/ Entrelacés 04/ Ithaque 05/ Le retour d’Ulysse 06/ Isha
Luc Bouquet © Le son du grisli

cd



LDP 2015 : Carnet de route #5

ldp 2015 27 mars

Après Karlsruhe et avant un retour en Suisse (Zürich, Seismogram), Schorndorf. D'où Urs Leimgruber, Jacques Demierre et Barre Phillips nous adressent le cinquième chapitre de leur carnet de route.

27 mars, Schorndorf, Allemagne
Klub Manufaktur

Last night the sound was so special. Of course it has to do with my ears and perception, but the space, a medium sized other-time industrial space, was instantly available to sound. It reminded me of early peyote experiences when the sounds became palpable, like putty in the hand. Plus a very positive medium-sized group of people to share the moment with us. Older people. I didn't see one young person, yet there must have been at least one, hidden amongst the long-beards. "So nice to hear you again". Really long-spending applause at the end. The sharing very special, beyond the usual waves. And a great part of what makes this type of concert a success are the people who organize it. Club Manufaktur. Volunteer folk. Werner, Andrea and the others. Giving a not small part of their lives to making their passion shareable. The local organizer is so important to us, the traveling musician-performer. The warm welcome, the right hotel, good food at the right time, the com work that over the years adds up to a room full of people to share the sounds and vibrations. The continual entrepreneurial struggle to keep the funding in tact over the years. Elements so vital to the life of the music. So dear sponsors, know that we appreciate you beyond the veil. Hugs & donuts all around.
The Black Bat spent the night at the opera.
B.Ph.

Der Konzertort „Manufaktur“ befindet sich in einem ehemaligen Fabrikgebäude. Der Raum mit seinen akustischen Voraussetzungen eignet sich hervorragend für live Musik.
Gute Freunde und Bekannte und ein aufmerksames Publikum kommen zum Konzert. Die Stimmung im Raum ist höchst konzentriert. Das Trio spielt einen extensiven ersten Teil. Nach der Pause spielt Barre Phillips ein Solo. Anschliessend fügt sich das Trio wieder zusammen, bis zum Schluss.
Zitat:
Die Spieler beobachten sich gegenseitig, nehmen Motive untereinander auf, ergänzen diese, zerspielen sie und horchen praktisch in die sich umschleichenden Töne hinein. Alles bleibt dabei aggressiv und rau, ganz frisch wie improvisierte Musik sein sollte. Trotzdem gibt es auch immer wieder Stille, ein Zurücktreten von Zweien gegenüber einem Einzelnen, wodurch hier die Balance zwischen den drei Individuen wunderbar hergestellt wird. Und dem Hörer Raum gelassen wird, zuzuhören. JAZZTHETIK
U.L.

Yamaha, P121n-Silent, E334739. La première image en pénétrant l'obscurité de la salle fut, à part la forme reconnaissable d'un piano droit, une paire de sabots, mi-bois, mi-cuir rigide, comme abandonnée face à l'instrument. Elle appartenait à l'accordeur, un homme aux cheveux longs, sympathique, chaleureux et édenté, qui semble aimer porter des chaussures de cuir souple dans ses sabots quand ceux-ci ne gisent pas de part et d'autre des pédales forte et una corda de l'instrument. "J'aime les résonances" me dit-il, " et les harmoniques", je comprends, moi aussi. Dans un geste contradictoire un peu tragique, il tenta de me convaincre que ce Yamaha vertical sonnait aussi bien qu'un piano à queue, mais qu'on ne pouvait de toutes façons pas demander l'impossible à un piano droit. J'ai tout de suite senti, au jeu, au partage des sons, que pour en avoir plus, il fallait en chercher moins. Il fallait élaguer le son du piano vers le silence et non lui ajouter une pression sonore qui allait très rapidement l'étouffer. (Je parle là de la version Yamaha P121n en mode acoustique et non en mode SILENT, où le pianiste porte un casque stéréophonique et où les marteaux ne frappent plus les cordes, mais où le mouvement des touches et d'autres paramètres performatifs sont captés par des senseurs optiques et convertis en données numériques. L'expérience d'écoute d'un concerto de Rachmaninov en mode SILENT, mais perçu depuis l'extérieur, c'est-à-dire en n'écoutant que la structure rythmique de la pièce rendue à travers la mécanique bruitiste des marteaux, est tout à fait enthousiasmante, rendant du coup parfaitement dérisoire l'espace sonore pianistique numérique proposé par la firme japonaise.)
Changer d'instrument chaque soir, comme sont amenés à le faire les pianistes, et quelque soit le type de piano envisagé, à queue, droit, toy, pose moins la question de l'instrument et de sa qualité intrinsèque, que celle du processus de perception et de la primauté qu'on lui accorde. Je dirais, avec David Dunn, que l'organisation de la perception est plus fondatrice que la manipulation des éléments matériels de base de la production du son. A chaque nouveau piano, une nouvelle stratégie d'écoute: primauté de l'esprit sur la matière ?
J.D.

P1090917

Photo : Jacques Demierre.

mail 10 years


Wieman Plays Goem : Trenkel (Kvitnu, 2015)

wieman plays goem trenkel

Derrière Wieman, se cachent Frans de Waard et Roel Meelkop (mais se cachent-ils vraiment ?). Qui est par contre ce Goem qu’ils interprètent aujourd’hui ? Aucune idée. Nous n’apprendrons que tardivement que la musique de cette plage de trois quarts d’heure était destinée à servir de bande-son à un film (que nous n’aurons pas vu).

Ce qui n’empêche que cette musique intéresse quand même. C’est une sorte de proto techno (on soupçonne l’usage de petits synthés du siècle passé dans ce petit coup de cymbale par exemple) qui va virer de bord. Son battement régulier (et étouffé) va peu à peu gonfler et, à force de se balancer, tomber sur une electronica plus (ouvrez les guillemets) expérimentale, qui rappellera les mignardises de Jan Jelinek ou les (ouvrez les guillemets) élucubrations de Felix Kubin. Aux amateurs de techno minimale (se cachent-ils, eux aussi ?) : au Wieman toute !

Wieman Plays Goem : Trenkel (Kvitnu)
Edition : 2015.
CD : 01-05/ Trenkel 1 - Trenkel 5
Pierre Cécile © Le son du grisli


LDP 2015 : Carnet de route #4

ldp 2015 26 mars Karlsruhe

En Allemagne, désormais : Karlsruhe, pour être précis, d'où Urs Leimgruber, Jacques Demierre et Barre Phillips nous adressent la quatrième impression de leur carnet de route.

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26 mars, Karlsruhe, Allemagne
Jazzclub Karlsruhe e.V. im Zentrum für Kunst und Medientechnologie, ZKM_Kubus

Black Bat flew into the space and swirled round and around. Cawing, brawling, in his silent way. No mind, you all.
Kubus - Over-write. A new layer of paint on top of the old. Like when you change the lino on an old kitchen floor.    
Why we re-struct,
again the question to rephrase,
leaving the spaces between to define themselves,
their ears & bones to contemplate.

Does everything come next?     
Kubus -  In isolation a breath is yet a wind.
B.Ph.

Das ZKM | Zentrum für Kunst und Medientechnologie ist eine weltweit einzigartige Kulturinstitution, denn es ist ein Ort, der die originären Aufgaben des Museums erweitert. Es ist ein Haus aller Medien und Gattungen, ein Haus sowohl der raumbasierten Künste wie Malerei, Fotografie und Skulptur als auch der zeitbasierten Künste wie Film, Video, Medienkunst, Musik, Tanz, Theater und Performance. Als Museum wurde das ZKM 1989 gegründet mit der Mission, die klassischen Künste ins digitale Zeitalter fortzuschreiben. Deshalb wird es gelegentlich auch das »elektronische bzw. digitale Bauhaus« genannt – ein Ausdruck, der auf Heinrich Klotz zurückgeführt wird. Darüber hinaus beherbergt das ZKM aber auch Institute und Labors, in denen wissenschaftlich geforscht, entwickelt und produziert wird. Neben dem klassischen Leitgedanken des Museums, dafür zu sorgen, dass Kunstwerke nicht verschwinden, hat das ZKM auch die Aufgabe übernommen, die Bedingungen dafür zu schaffen, dass Kunstwerke entstehen – zum einen durch GastkünstlerInnen, zum anderen durch die MitarbeiterInnen des Hauses. Deswegen heißt es Zentrum und nicht Museum.
Heute Abend auf Einladung des Jazzclub Karlsruhe e.V. im Studio Saal des ZKM Konzert Leimgruber_Demierre_Phillips. Haarmonie 255/101/305/407. Quadratisch. Praktisch. Gut. Mitschnitt SWR2.
U.L.

Yamaha, S6, 5515776. S'agit-il une nouvelle fois du syndrome de la müde Saite (lire 21 Mars, Sion) ? Malgré l'excellence du niveau de qualité apporté à chaque composant et le savoir-faire des artisans de l'atelier de fabrication Yamaha - dixit l'entreprise japonaise fondée par Torakusu Yamaha à Hamamatsu - la corde de mi bémol grave du Yamaha S6 joué ce soir s'est rompue brusquement peu avant la fin de la première partie. Cet incident n'a pas échappé au technicien du ZKM_Kubus, qui a profité de la pause pour récupérer discrètement la corde endommagée. Ne jetez jamais une corde de piano cassée ! Particulièrement les cordes de basse filées, qui sont commandées sur mesure, les anciennes cordes servant de modèle au fileur de cordes. Confus de la rupture de ce fil métallique sous tension - même si mettre la facture instrumentale à l'épreuve du matériau sonore est une partie essentielle de mon activité de pianiste improvisateur -, je suis rassuré par les paroles de l'organisateur: « ce n'est pas la première fois… ce piano est souvent utilisé pour la musique contemporaine… », il ajoute à ce dernier mot un mouvement du menton qu'il juge suffisamment explicite pour ne pas le commenter davantage. Qu'aurait compris Pierre Boulez de ce geste mandibulaire, lui qui aujourd'hui 26 mars célèbre précisément ses nonante ans ? Qu'aurait compris ce même Pierre Boulez, un des plus grands compositeurs et chef d'orchestre du siècle passé, de cette rupture de corde, lui qui est passé largement à côté de la musique improvisée tout au long de sa carrière exceptionnelle ? Questions sans réponse et surtout histoire d'une non-rencontre entre une musique improvisée non idiomatique et un compositeur qui a pensé la musique comme peu l'ont fait, mais dont la pensée elle-même semble l'avoir tenu à l'écart de cette expérience sonore essentielle.
J.D.

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Photos : Jacques Demierre


Bertrand Gauguet : Shiro (Herbal International, 2014)

bertrand gauguet shiro

On ignore si les huit pièces de Shiro, travail engagé par Bertrand Gauguet en 2011 alors qu’il était en résidence à la Villa Kujoyama de Kyôto, forment un tout – c’est-à-dire : une cohérence – ou si elles sont les relevés emblématiques – mais disparates – de l’assimilation dynamique des chants d’un instrument acoustique et de ceux du même instrument amplifié.

S’il est affaire de balance, Shiro basculerait au moment de Sabi, cinquième plage d’intonations saturant qu’un ampli de guitare crache en machine bruitiste. De part et d’autre, c’est en diplomate ou en créateur méditatif (« Je travaille quotidiennement et, en un sens, cela peut s’approcher d’une forme de méditation », confiait Gauguet en 2011) que le saxophoniste consigne un exercice butchérien. Souffles introvertis, lignes sinueuses mesurées souvent à l’aune de feedbacks ou notes endurantes mais réservées, fuient alors les impasses de l’exercice improvisé (si ce n’est sur Yūgen qui, à force de trop approcher l’impasse, s’y oubliera) au son de polyphonies vaporeuses.

Bertrand Gauguet : Shiro (Herbal International / Metamkine)
Enregistrement : 19 juillet 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Le temps de sable fin chante dans mes bras 02/ Shiro 03/ Yūgen 04/ Bloc noir 05/ Sabi 06/ Jo-ha-kyū 07/ Kuro 08/ Anitya
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



Charles Hayward, Kawabata Makoto, Guy Segers : Uneven Eleven (Sub Rosa, 2015)

charles hayward kawabata makoto guy segers uneven eleven

Je n’ai que rarement eu l’occasion d’entendre Makoto Kawabata sans ses Acid Mothers Temple (même dedans d’ailleurs, il faut savoir le débusquer) et cette captation de concert au Café Oto l'année dernière a mis un terme à cet étrange phénomène. Avec le guitariste japonais, il y avait le bassiste belgo-électrique Guy Segers et le batteur Charles This Heat  Hayward.

L’atmosphère du concert est bon enfant, le public est proche & enthousiaste. Il n’en faut pas plus aux trois hommes pour improviser un rock que l’on qualifiera, selon les plages, de « blues », « prog », « tribal , « no wave » ou même « funk ». Si ce n’était que ça, ce ne serait pas grand-chose, un concert de plus de loops de basse, de guitar solos et de costaude batterie, des improvisations assez pépères (malgré tout le respect que je dois aux musiciens)…

Mais (car il y a un mais) c’était sans compter sur le message des premières secondes du concert : c’est indubitable, il y a quelque chose dans l’air que les déclinaisons fastoches et les tissages rock-cliché ne peuvent réduire en miettes. Et bing, c’est Excavation, une perle dyonisiaque de treize minutes, & plus loin Hologram, une piste de noisy tirée à quatre épingle, qui nous forcent à l’admettre : dans ou hors d’AMT, on doit toujours faire confiance à Makoto Kawabata.

Charles Hayward, Kawabata Makoto, Guy Segers : Uneven Eleven : Live at Café Oto (Sub Rosa)
Enregistrement : 24 mai 2013. Edition : 2015.
2 CD / LP : CD1 : 01/ Dislocation 7 03/ Combustible Comestible 03/ Benevolent with Hybrid Shoes 04/ Excavation 05/ Dune 11 – CD2 : 01/ Slow Sweep 02/ Javelin 03/ Irrigation 04/ Hologram 05/ Global Anaesthesists
Pierre Cécile © Le son du grisli

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Peter van Huffel, Michael Bates, Jeff Davis : Boom Crane (Fresh Sound, 2014)

peter van huffel boom crane

Bien moins vindicatif qu’avec ses gorilles masqués, Peter van Huffel, Michael Bates et Jeff Davis désinhibent le trio saxophone-contrebasse-batterie tout en faisant lien avec les maîtres du genre (Rollins, Ornette, Rivers). En ce sens, maintiennent le blues des origines, transforment en douceur la tradition, convulsent après avoir sagement observé la structure.

On pourra s’étonner des phrasés presque stevecolemanien de l’altiste, on pourra prendre ombrage de ses pavanes rusées et regretter les chaos bruitistes qui nous l’ont fait connaître. Mais on ne devra pas taire ses talents de saxophoniste convulsif et volubile, sa clarinette pénétrante. On trouvera donc quelque intérêt à ces mélodies sobres, sombres, élancées et parfois propulsées vers quelque blues coltranien. Un jazz vif et adroit si ce n’est révolutionnaire.

Peter van Huffel, Michael Bates, Jeff Davis : Boom Crane (Fresh Sound New Talent)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ More Room 02/ Jest 03/ Automatic Vaudeville 04/ Not a Living Soul 05/ Tower in the Trees 06/ Boom Crane 07/ Slipper Hero 08/ Talk to Me 09/ Quasar 10/ On Equilibrium 11/ Fats & Flurious
Luc Bouquet © Le son du grisli


Quatuor BRAC : Hall des Chars (Blumlein, 2014)

quatuor brac hall des chars

Après Instants Chavirés, le Quatuor BRAC fait paraître Hall des Chars, concert enregistré le 13 mai 2014 à Strasbourg. Serait-ce le début d’une habitude – concert donné en un endroit dont un disque portera le nom –pour cette formation de cordes qui, depuis 2009, fait de chaque nouvelle rencontre l’occasion de poursuivre une « discussion » ?

La confidence est de Benoit Cancoin, contrebassiste qui révèle aussi dans un texte court de quoi sont faites les compositions des BRAC : certitudes, intuitions et doutes enfin. Au son, c’est l’amalgame mesuré d’insistances protéiformes (courts motifs répétés, va-et-vient d’archet, bourdons, notes persistantes, pépiements volontaires…) que remettent en cause des pauses ou des contorsions gnéralement inspirées. Toutes certitudes envolées et tous doutes domptés, restent quatre intuitions au gré desquelles Bertoncini, Royer, Altenburger et Cancoin, aménagent quarante minutes épatantes.

Quatuor BRAC : Hall des Chars (Blumlein / Metamkine)
Enregistrement : 13 mai 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Hall des Chars
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


LDP 2015 : Carnet de route #3

ldp 2015 23 mars

Une centaine de kilomètres séparent Saint-Gall et Baden, où jouaient ce lundi soir Urs Leimgruber, Jacques Demierre et Barre Phillips et dont se souvient la suite de leur carnet de route...

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23 Mars, Baden, Suisse
VereinJazz in Baden im Stadtbistro Isebähnli

Monday Jazz - I always felt that Monday was washing day, you know, the laundry. Interesting in Baden. Black Bat flew into the joint on its knees (yes, bats have knees), had a look aorund and said "Yeahsssss, this is a different story". I remember in the 70's doing this gig one early winter morning with Michel Portal and René Koering. It was a shortish video shoot for some off-the-wall France Télévision program. René was playing an electric keyboard. We were set-up on the platform of a suburban commuter subway train. It was rush hour, early in the morning. It was really cold, deep February. I played with thick leather gloves on. We improvised freely. And it was the strongest of those times, where you are performing for a mixture of people who are interested to check you out, curious others who are looking to see who the star is cuz there is a film crew and all the trimmings and those who are a bit aggressive because you're slowing down their movement, that I've ever had.
Monday Jazz was just a bit in that bag. I've become so spoiled. So used to performing for an audience that is on my side from the get go that when it's not like that it feels a bit strange, but a good strange. You have to dig down into those materials in you that are entirely genuine, with no artifice. It's more of a life and death situation than usual. And it's hard work. As B.B. wailed the vibrations overlaid the cold and the gloves came off and the spirits lined up in a row. Yeahssss, and the train station was just down the block.
B.Ph.

Baden (in einheimischer Mundart: [ba:de]) ist eine Einwohnergemeinde im Kanton Aargau.
Die Geschichte Badens reicht bis ins 1. Jahrhundert n.Chr. zurück, als die Römer im damaligen Aquae Helveticae die warmen Thermalquellen zu nutzen begannen. Im Jahr 1297 erfolgte die formelle Stadtgründung durch die Habsburger.
In Baden wird bis heute weiterhin gebadet. Die Stadt hat hat sich kulturell bemerkenswert entwickelt. Es gibt auch eine Jazzszene. Es gibt den Verein Jazz in Baden, der jeweils montags Konzerte im Restaurant „Isebähnli“ anbietet. Eine gute Möglichkeit an einem Ort wo gegessen und getrunken wird, musikalischen Lärm zu machen. Den einen gefällts, die andern verlassen fluchtartig den Ort. Das Konzert von „ldp“ besteht aus zwei Teilen.
Jeder spielt als Solist ein intensives Solo – Pause. Anschliessend spielt das Trio. Die Musik setzt sich mit einer gewissen Leichtigkeit wieder als Trio zusammen. Die Leute sind jetzt erst recht gefordert. Volle Ladung im Dreierpack. That’s is it, now we have to catch the train.
Ein aufmerksamer Zuhörer zum Konzert: "Einen musikalisch derart vielfältigen Abend habe ich, glaube ich, noch nie erlebt. Meine Frau übrigens war tief beeindruckt und im besten Sinn sprachlos, aber so geht es mir ja auch immer wieder…"
U.L.

K. Kawai, KG-2D, 1498720. Une fois par semaine, au Isebähnli, le public se voit proposer un repas suivi d'une écoute. A partir de la verticale du trio ldp, où depuis une quinzaine d'années se superposent trois voix solistes, se déplie ce soir-là une horizontale de trois solos juxtaposés qui articulent la première partie du concert en trois paroles instrumentalisées, celle du saxophone, de la contrebasse, et du piano. Jouer à la suite de Urs et Barre n'est pas chose anodine. Un sentiment de responsabilité, responsable de maintenir cette hallucinante qualité de l'instant que tous deux délivrent à tour de rôle dans le lieu, et, en même temps, un sentiment de plaisir intense de percevoir en soi leur jeu imprimer une urgence que sans eux vous n'auriez peut-être jamais su convoquer.
Malgré que Koichi Kawai, né à Hamamatsu en 1886 et entré dans l'industrie du piano à l'âge de dix ans, n'ait pas été chinois, mais japonais par naissance, c'est dans le mouvement même de m'asseoir au piano, que m'est revenu en mémoire le vieil adage cité par Jean-François Billeter dans son Essai sur l'art chinois de l'écriture et ses fondements que je lisais deux heures auparavant dans le train menant de Zürich à Baden : "pour partir à droite, commencer par aller à gauche ; pour descendre, commencer par monter". Mon solo avait commencé.
J.D.

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Photos : Jacques Demierre


Ilia Belorukov, Kurt Liedwart, Andrey Popovskiy : Somebody Rattled (Hideous Replica, 2014)

ilia belorukov kurt liedwart andrey popovskiy somebody rattled

Pour « Rattle », on trouve dans le dictionnaire « ébranler », « crépiter » ou « déstabiliser ». Et pour ce « Somebody », on se demande lequel des trois (Ilia Belorukov (saxophone, pédales d’effet, téléphone, ipod, objets), Kurt Liedwart (ppooll, electronics, objets trouvés) ou Andrey Popovskiy (lap steel guitare, pédale d’effets, electronics, objets)) ébranle, crépite ou déstabilise.

Car sur cette captation d’une performance à l’Experimental Sound Gallery de Saint-Petersbourg, on a beau tendre l’oreille, on réfléchit avant d’avancer que c’est ici un saxophone, là le logiciel ou là la guitare. Quand même, on se fait de temps à autre plus affirmatif, mais seulement quand (et bizarrement quand) le trio cherche à s’exprimer dans l’abstraction bruitiste.

Au début de la première face, j’attends… On recisèlerait au bistouri les sillons d’un vinyle de sax parcimonieux que ça me ferait le même effet. Mais voilà, la roue tourne et sonne l’heure d’un concrete chaos (mesuré mais haletant). Sur la face B, c’est encore différent. Nos comparses ont l’air de jouer en parallèle. Les electronics insinueux donnent le la (ou le no-la) et le fil conducteur qui crépitera ou que les sons ébranleront ou déstabiliseront. Diantre, Somebody Rattled, c’est quand même bien vu !

Ilia Belorukov, Kurt Liedwart, Andrey Popovskiy : Somebody Rattled (Hideous Replica)
Enregistrement : 22 février 2014. Edition : 2014.
K7 : A/ Side 1 [18 :22] B/ Side 2 [19:05]
Pierre Cécile © Le son du grisli



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