Schnellertollermeier : X (Cuneiform, 2015)
La jeunesse suisse n’est plus ce qu’elle était. Cradolubriques, voici trois de ses représentants (Andi Schnellmann, David Meier et Manuel Troller derrière le beau nom-valise de Schnellertollermeier) qui s’emparent de la formule guitare / basse / batterie pour tranquillement suppurer sous cloche.
Quelle est la signification de cette expression, me direz-vous ? Rien de précis, comme la musique du trio, qui débute hardcore (la première plage, X, reproduite ci-dessous, est de loin la plus intéressante de toutes) pour donner dans le post-rock avec des bouts de metal dedans. Certes, il y a là une efficacité, et on est heureux de tomber sur des passages de « recherche » plus expérimentale entre les gimmicks, les glissandi à la truelle et les larsens. Mais l‘esprit garage sied-il à nos Suisse ? Pas sûr, avec un peu de recul on s’aperçoit que tout est bien propre sous la couche de graisse active…
Schnellertollermeier : X (Cuneiform / Orkhêstra International)
Edition : 2015.
CD : 01/ X 02/ Backyard Lipstick 03/ Riot 04/ Sing for Me 05/ Massacre du printemps 06/ /// ///
Pierre Cécile © Le son du grisli
TIT : Man of War (atrito-afeito, 2014)
Tout est dans le libellé : TIT (Total Improvisation Troop ou Troupe d’Improvisation Totale). Réunis autour de la pianiste Karoline Leblanc, une quinzaine de musiciens improvisateurs affrontent la matière. Toutes et tous accrochés à une horizontalité anxiogène, ils ne vont que rarement instruire le crescendo mais plutôt entretenir une couleur avant de lui dessiner de fines nuances.
Man of War est le premier set d’un concert donné à la Sala Rossa de Montréal en décembre 2012. La matière est solide et ne verse pas dans la surenchère. Une trompette (Paul Serralheiro) s’affranchit du territoire puis laisse les guitares (Alex Pelchat, David Dugas Dion, Alexandre Corbeil) envahir le cercle. Après une (re)tombée en silence, l’improvisation retrouve l’angoisse originelle, les miaulements d’un saxophone lointain (Geneviève Gauthier) attisant quelques frayeurs bien (re)senties. Plongées ligetiennes et saillies métalliques seront convoquées le temps de courts extraits de deux concerts donnés quelques mois plus tard à la Brique, toujours à Montréal. A suivre, me semble-t-il…
TIT : Man of War (atrito-afeito)
Enregistrement : 2012 & 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Man of War 02/ Titanium 03/ Lacemakers of Bedlman 04/ Salmagundi 05/ Closthesline 06/ Bird’s-Eye View
Luc Bouquet © Le son du grisli
Cassettes Expéditives : Fusiller, Arno Bruil, Beauty School, Double Morris, Giulio Aldinucci, Pick-Up, BCH+C, Yves Charuest...
Yves Charuest, Ellwood Epps : La Passe (Small Scale Music, 2014)
2 juin 2014 : Yves Charuest au saxophone alto, Ellwood Epps à la trompette. La passe, improvisée, fait état de la recherche d’un équilibre entre l’instabilité du premier, qui multiplie les angles d’attaque, et la distance du second, qui appose et rappellera Bill Dixon ou Jacques Coursil. C’est seulement en seconde face que le duo parvient à intéresser, quand les graves de l’alto embrassent une trompette désormais dilettante. Reste un manque de tempérament. (gb)
BCH+C : Live: Taking a Shot (Small Scale Music, 2014)
Tempérament qui n’aura manqué ni à Charuest ni à ce trio qu’il est venu augmenter le 11 mars 2014 au Cagibi de Montréal : Chris Burns (guitare et batterie), Nicolas Caloia (contrebasse) et John Heward (batterie). Pourtant local, le free jazz n’y est pas réchauffé, mais défait, décidant de retraits dans des progressions pourtant affirmées d’où les musiciens travailleront à une rare harmonie. (gb)
Giulio Aldinucci : Archipelago (Other Electricities, 2013)
On aurait vite fait de classer Giulio Aldinucci (Obsil) dans l’ambient à couches genre Biosphere ou Fennesz. Prenons la face A et son rythme qui bouleverse les nappes synthétiques. Prenons maintenant la B où on les dilue pour obtenir deux notes originelles. C’est fait et c’est bien fait et c’est même assez impressionnant ! (pc)
Pick-Up : Departure (Ultramarine, 2013)
Oui, Frans de Waard multiplie les projets et les enregistrements de tout acabit. Et il fait bien... Avec le guitariste Martin Luiten, il s’empare non d’un pick-up (eh bien, mon gaillard !) mais d’un ordinateur pour tricoter des loops et tailler des drones à l’ancienne. Mais le plus étonnant n’est pas là, non. Le plus étonnant c’est quand il donne une seconde vie aux petits solos de guitare de son comparse pour en faire des refrains galactique. Voilà qui explique le nom de la K7 ! (pc)
Double Morris : Best-Of the Hightone Years (Pilgrim Talk, 2013)
Une guitare / une voix (oui, mais dans quel sens ?) : Aaron Zarzutzki & Morgan Bausman ont certainement avalé un champignon de trop. Les voilà renvoyés dans leur but (= à leur adolescence : lo-fi de Barlow Lou ou old Pavement ou foutraque genre Daniel Johnston) pour pondre des chansonnettes au mètre. Le plus, c’est justement dans cette manie de l’interruption déglingue, qui leur vaut ce coup de Stetson ! (pc)
Hexen : - (Diazepam, 2013)
Pas de titre pour cette cassette emballée dans une pochette de velours rouge avec un bout de (je pense) météorite en bois. Bel effort, mais quid d’Hexen ? Eh bien une ambient mélodique aux dérapages stellaires & puis un peu de noise & puis une electronica qui crache son noise de décoration… Bref plein de choses, mais (presque) rien dedans. (pc)
Beauty School : Residual Ugly (Humbler, 2014)
Ce qu’il peut rester des années « college », il faudra aller le demander à Matt Chandler (basse électrique), Tom Djll (trompette & electronics) et Jacob Felix Heule (percussions & electronics). Un souvenir de bruits et de désordre qu’ils tentent aujourd’hui de canaliser et qui donne ces maquettes-bidules qui font des étincelles d’un genre expé lo-fi... qui me sont étrangères, mais qui m’interrogent. (pc)
Arno Bruil, Fusiller : Split (Hum Rec, 2013)
Une split-tape, quoi de plus charmant ? Face A, Arno Bruil (Haute Volta) qui distribue les séquences claustro comme d’autres les coups de marteau avec un goût pour la sifflote et la saturation. Face B, son comparse Fusiller* (Ce temple est la reproduction d’un des bâtiments), qui fait penser à Throbbing Gristle bien sûr mais pas que. Car une loop et une voix lointaine mais forcée noircissent encore et toujours le propos. Un deuxième morceau donnera dans la miniature beat… autrement étonnant ! (pc)
Tribraque : Le passé du futur est toujours présent (Bloc Thyristors, 2014)
Ce n’est donc pas en braque mais en barque que l’aventure Tribraque se poursuit. Une barcarolle ralentie par le médiator de Jean-François Pauvros, c'est comme ça que débute la suite du « sauvagement émancipatoire » de Tribraque.
Braque quand même, c’est accordé (je ne me lancerai pas dans une interprétation de la pochette du disque). La guitare à califourchon, les claque-baguettes de Jean-Nöel Cognard, l’electrosonic de Patrick Müller et l’électricité à tous les étages. Pour réécrire le présent au futur le trio ouvre des portes sur le passé pour en découdre avec la Great Kosmische Musik, le prog ou free rock et même le metal-babouin avalé par l’americana-vibrato (Hurt de Nine Inch Nails chanté par Pauvros).
C'est peut-être parce que les gars rament à l’envers que notre point de vue change tout le temps. Et on n’est pas fâché de remonter avec eux jusqu’au (super) latin de Clorurel : Lincit (oui, le latin est une langue vivante) sur le vinyle et jusqu’à Hydrorgyrum sur le CD livré avec le vinyle. Magie de la technique, la galette de polycarbonate nous amène jusqu’en Inde (après absorption de Brucina). Bref, si Le passé du futur est toujours présent, avouons que le présent de l’avenir a de beaux (et parfois hallucinants) restes.
Tribraque : Le passé du futur est toujours présent (Bloc Thyristors / Souffle Continu)
Enregistré : 1er août 2012. Edition : 2014.
LP + CD : 01/ Acidum Oxalicum 02/ Tina Tinnabaris 03/ Hurt 04/ Clorurel : Lincit [05/ Brucina 06/ Suffas Quinicus 07/ Hydrorgyrum]
Pierre Cécile © Le son du grisli
LDP 2015 : Carnet de route #6
Après Schorndorf, c'est à Zurich qu'Urs Leimgruber, Jacques Demierre et Barre Phillips étaient attendus pour cause de Listening. Reprise du carnet de route : fin avril.
28 Mars, Zurich, Suisse
Seismogram im Sieb und Brot
And on we go - creating new spaces with sound that let our audiences live new experiences.
B.Ph.
„Seismogram“ – Konzertreihe für Experimentelles und Ungehörtes in Zürich.
Im Dezember 2011 haben junge Musiker die Reihe Seismogram zum Leben erweckt, um in Zürich eine Plattform zu bieten, die es den MusikerInnen ermöglicht ihre ganz neuen und frischen Projekte, die einem breiteren Publikum noch nicht bekannt sind, zu präsentieren. Seismogram ist eine Initiative, bei der sich die Besucher immer von neuem überraschen lassen können. Die Vielfalt an Musikrichtungen, Stimmungen und MusikerInnen ist gross und sehr abwechslungsreich. “Da wir keinen festen Ort fanden, in dem man die Reihe einsiedeln kann, haben wir bis jetzt jeweils immer die Lokalität gewechselt. Galeristen, Atelierbesitzer und Bewohner haben uns ihre Räumlichkeiten jeweils für einen Abend überlassen und zwischen den Musikern, unseren Gastgebern, unserem Stammpublikum und dem Publikum der jeweiligen Räume entstanden interessante und spannende Verbindungen“.
Die auftretenden Musiker stammen meist aus der experimentierenden und improvisierenden Szene Zürichs, aber auch aus anderen Teilen der Schweiz und Europa. So hat sich Seismogram seit 2011 zu einem wichtigen Treffpunkt und Austauschort für Musiker und Interessierte entwickelt.
Seit Februar 2014 ist Seismogram einmal im Monat im Sieb und Brot (Werkstatt für Siebdruck) an der Neugasse 145b, 8005 Zürich zu Hause. Anfahrt: Die Werkstatt befindet sich im Kreis 5 neben der Josefswiese am Ende der Neugasse im Hof hinter dem SBB-Backsteingebäude. Eine Treppe führt zum Eingang in den ersten Stock. Bus- und Tram-Haltestellen in der Nähe sind Hardbrücke, Schiffbau, Dammweg und Röntgenstrasse.
Das Konzert mit dem Trio „ldp“ findet in einem Raum der Werkstatt von „Siebundbrot“ zusammen mit einem hellwachen, mehrheitlich jungen Publikum statt. Eine besondere Begrüssung gilt der Pianistin Irene Schweizer, die als Überraschungsgast anwesend war.
Das Trio spielt einen langen Bogen, ein in der radikalsten Form gewähltes, einstündiges Konzert. Die Zuhörer sind begeistert.
U.L.
RIPPEN, bel canto, 211752. Sur le couvercle, RIPPEN, manufacture de pianos fondée à Ede, Pays-Bas, en 1926, s'affiche ainsi: RIPP N. Un vide entre sourde et nasale, une absence qui déjà fait son, une disparition qui pèse immédiatement sur ma décision de ne jouer aucun mi ce soir sur ce piano droit low cost (selon les mots de l'accordeur). Hommage lipogrammatique à la Perec pour une mécanique LANGER 80, qui, m'assure-t-il, bien que n'égalant pas les mécaniques RENNER, se laisse jouer sans problème. Un low cost qui assure, donc, mais qui ne fera pas oublier le fameux piano à queue Rippen à ceinture d'aluminium du début des années soixante.
Alors qu'aucun lyrisme ne se manifeste dans l'architecture solide et traditionnelle du piano droit de ce soir, surnommé abusivement bel canto et accueilli le jour même par Seismogram dans les locaux de Sieb und Brot, la série de cinq instantanés prise avant le repas dans le Werkstatt für Siebdruck à même la surface de la table servant de bar, comme autant de palimpsestes à forte abstraction, en dit long quant au bel canto réaliste du trio ldp et surtout à la possibilité "de penser l'art sans projet, ouvert à l'accident, à ce que l'on ne connait pas". Je cite là Pierre Soulages, cité lui-même par Richard Jean, alias Monsieur Jean, membre du collectif sédunois L'Oeil&L'Oreille, groupe informel et résultat d'une action spontanée qui amène des individus à travailler ensemble.
J.D.
Photos : Jacques Demierre
Patrick Crossland, Alexander Frangenheim : Ape Green / WTTF : Gateway '97 (Creative Sources, 2013)
Soit douze miniatures improvisées – sans doute extraites de la même suite – à la charge de Patrick Crossland et d’Alexander Frangenheim.
Soit un trombone au souffle sablé. Expert en caquetages et excès salivaires. A l’aise dans la jungle tranquille, langoureux pour de rire. Des sautes d’humeur, des petites touches cuivrées, du liant et quelques fusées perçant les cumulus.
Soit une contrebasse claquant l’archet sur l’ébène. Des ressacs et des remous. Des raclages en bonnes et dues formes. Sur le fil ou stagnante.
Soit deux bavards naturels échappés de la volière. Libres, entrelacés et en mouvement.
Patrick Crossland, Alexander Frangenheim : Ape Green (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ If So 02/ Here Hand 03/ Turns 04/ Tonitt 05/ Flags 06/ Ondert 07/ Nost Airb 08/ Giffre 09/ Gattan 10/ Measure 11/ Drape 12/ Abbern
Luc Bouquet © Le son du grisli
L’improvisation date de l’été 1997. A Londres, Alexander Frangenheim frayait avec Phil Wachsmann, Pat Thomas et Roger Turner. C’est le lyrisme du premier (au violon et électronique dérangée) qui emmène la rencontre avant que le piano de Thomas ne vitupère. Mais s’il a beau jeu, le groupe s’en contente et verse dans des schémas rebattus, déjà, en 1997.
Phil Wachsmann, Roger Turner, Pat Thomas, Alexander Frangenheim : Gateway ’97 (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 23 juillet 1997. Edition : 2013.
CD : 01-08/ Gateway ’97
Guillaume Belhomme © le son du grisli
King Woman : Doubt (Flenser, 2015)
Ce n’est pas parce que Patrick Dils y tient une des guitares que King Woman, groupe de l’US Côte Ouest (la localisation me fait douter qu’il s’agit de « mon » Dils à moi), est responsable de cette musique à faire peur aux enfants. D’ailleurs, les instruments sont d'un inoffensifs !
Et encore… Les enfants écouteraient Doubt dans le noir qu’on n’arriverait pas à en retourner un seul… Car malgré la typo et les symbol'obscurs de la pochette, sur un titre comme King of Swords, on échange le doom metal contre une pop orageuse à la manière Medicine ou Drop Nineteens. C’est à ce moment de ma réflexion que je m’aperçois que je fais fausse route : la guitare c’est un Patrick Hills qui la tient et le groupe c’est plutôt Kristina Esfandiari, chanteuse dont le ton rappelle de temps en temps Trish Keenan, qui le lead…
Faute avouée à moitié pardonnée, je dois maintenant me faire pardonner l’autre moitié en reconnaissant qu’il y a quelque chose (même si pas « retournant ») dans cette musique à arpèges qui saturent et toms lourds. La voix grave d’Esfandiari (que le groupe peut boucler en arrière-plan) fait toute la différence et donne même une forte identité à ce King Woman. Et si vous teniez tellement à votre frayeur, un conseil : passez le vinyle en 33 tours, ça vous retournerait un Francis Heaulme !
King Woman : Doubt (Flenser)
Edition : 2015.
LP (12’’) : A1/ Wrong A2/ King of Swords – B1/ Burn B2/ Candescent Soul
Pierre Cécile © Le son du grisli
Friends & Neighbors : Hymn for a Hungry Nation (Clean Feed, 2014)
Evidemment, il y a beaucoup d’Ornette là-dessous. Et Alors ? Alors, un combo n’ayant pas peur de réveiller les fantômes. Des musiciens hurleurs, pas encore saboteurs. De ceux qui peuvent vous fignoler une mélodie accrocheuse sans être vulgaire (Bolehogda). Des cris qui ne se commandent pas mais s’exécutent sans préavis. Une clarinette tendue, une trompette acide (trop peu utilisée à mon goût), des récits serrés et des joutes furieuses. Et encore de suaves mélopées.
De vieilles formules, de séculaires recettes. Et alors ? Alors, il y a ceux du copier-coller et ceux de l’ivresse pure : Friends & Neighbors (André Roligheten, Thomas Johansson, Oscar Grönberg, Jon Rune Strøm, Tollef Østvang) jouent assurément dans la deuxième catégorie.
Friends & Neighbors : Hymn for the Hungry Nation (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Hymn for the Hungry Nation 02/ Bolehodga 03/ John’s Abbey 04/ Give Me jarrison 05/ Skremmerud 06/ Ceramic Inside 07/ Vocals on the Run 08/ Heading South
Luc Bouquet © Le son du grisli
Common Objects : Whitewashed with Lines (Another Timbre, 2015)
Les spirales des cups and rings – pierres marquées, au Néolithique, d’anneaux capables d’en imposer encore – ont inspiré à Rhodri Davies Cup and Ring, partition graphique que Common Objects interprétait le 15 mars 2014 à Newcastle.
C’est, pour le harpiste, John Butcher (saxophones, parfois amplifiés), Lee Patterson (amplified devices and processes) et désormais Angharad Davies (violon, parfois amplifié), l’occasion de retrouver le fil d’un climax électroacoustique, afin de l’explorer encore. L’espace en équilibre remué par quelques dépressions et grippages délivre le message de notes fragiles et frémissantes dont les interférences consolident le devenir commun.
Un an plus tôt, les mêmes improvisaient Repose and Vertigo sans recourir cette fois à l’amplification. L’écho qui porte les musiciens n’est plus le même et semble décider, sinon d’une nouvelle esthétique, au moins de nouvelles manières de convaincre. Le soprano est plus volontaire, les cordes tremblent davantage quand l’électronique aiguille en sous-main : la délicatesse partagée révèle cette cohérence dont nous parlions hier et – est-ce là l’œuvre d’un « effet Angharad » ? – l’augmente même.
Common Objects : Whitewashed with Lines (Another Timbre / Metamkine)
Enregistrement : 15 mars 2014 / 25 mai 2013. Edition : 2015.
2 CD : CD1 : 01/ Cup and Ring – CD2 : 01/ Repose and Vertigo
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Loris Gréaud : Crossfading (Dis Voir, 2015)
C’est un article du (de Le ?) Monde qui m’a présenté Loris Gréaud, en des termes flatteurs en plus, que je m'en vais cito-piller : « Pétri de l'univers junky de William Burroughs et de science-fiction façon J.G. Ballard, Gréaud brouille les frontières entre le réel et le virtuel : nano-sculptures invisibles à l'œil nu, tentative de télétransportation, concert pour les poissons abyssaux… »
Déjà curieux, c’est enthousiaste que j’ouvrais ce livre de soixante pages après avoir lancé le CD qu’il contient, Crossfading, soit : l’enregistrement d’une IRM cérébrale de l’artiste en pleine création au Whitney Museum of American Art de New York le 20 novembre 2006. Pendant que je goûte au noir & blanc des images de tous les tissus de la tête de notre hôte (j’ai renoncé à la lecture de leurs messages cryptés, et cessé d’essayer de comprendre pourquoi la date du 5 juillet 2013 y traînait dans un coin), je me laisse magnétiser par des basses qui battent à plus ou moins vive allure – je vous explique là l’effet des « décalages de fréquences intra-auriculaires successifs. » C’est en fait comme un drone aléatoire qu’on aurait peut-être pu obtenir grâce à une Bass Station.
Un drone qui a quand même un goût de trop peu et qui n’a pas pu occulter les dernières expériences de Rudolf Eb.er (Brainnectar & Wellenfeld) autrement plus mystérieuses. Ceci étant, peut-être qu’assister à la performance de Gréaud aurait redonné du panache à son projet. Qui saura ? En tout cas, il ne faut pas en vouloir à Philippe Langlois et Frank Smith, qui dirigent la série ZagZig des éditions Dis Voir. Ils ne pouvaient mettre un Gréaud dans chaque livre, en plus du CD.
Loris Gréaud : Crossfading (Dis Voir)
Enregistrement : 2006. Edition : 2015.
Livre (64 pages) + CD : 01/ Crossfading
Pierre Cécile © Le son du grisli