Left Exit, Mr K : Featuring Michael Duch & Klaus Holm (Clean Feed, 2015)
Karl Hjalmar Nyberg (saxophones) et Andreas Skår Winther (batterie et cordes) ont pris l’habitude d’improviser sous le nom de Left Exit, Mr K. En juin 2014, le duo accueillait Klaus Ellerheusen Holm (saxophone et clarinette) et Michael Francis Duch (contrebasse) afin de mettre en boîte la dizaine de pièces de leur premier disque.
Si, l’un contre l’autre, Nyberg et Winther se cherchent et ainsi se motivent (Uncompromising Squares), leur compagnie les oblige souvent à d’autres intentions : qui commandent aux souffles et aux cordes de lentement se frôler (Aluminium, Between Our Houses) sinon de balancer sur le va-et-vient d’un grave archet de contrebasse (Dumpster Hamster).
A force de lever de légers reliefs sur l’horizon qu’ils se partagent, les quatre musiciens en arrivent – à peu près au mitan de l’enregistrement – à envisager une verticalité autrement inspirante : derrière elle, trouver quelques influences (un air de Malachi sur Free Furniture, No Rugs, d’Evan Parker sur Exit Jakartha). Rassurantes, autant qu’est engageant ce premier essai sur disque.
Left Exit, Mr. K : Featuring Michael Duch & Klaus Holm (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : juin 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Aluminium (And Other Sources of Health) 02/ Dumpster Hamster 03/ Waves, Linens and White Light 04/ Between Our Houses 05/ Incompromising Squares 06/ Chalk (Inquiry) 07/ Free Furniture, No Rugs 08/ Inferior Interior 09/ Cigarettes and Pay-per-View 10/ Exit Kakartha
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Gurun Gurun : Kon B (Home Normal, 2015)
Quelque part dans le no man's land entre la République Tchèque et le Japon nous était parvenu, en 2010, un disque rêveur et pointilliste, c'était le premier du groupe Gurun Gurun. Chanté entièrement en japonais – il faut dire que les Moskitoo et autres Sawako étaient de la partie –, son univers avant pop(tronica) avait fait l'effet d'une micro-bombe dans l'espace spatio-temporel entre Tujiko Noriko et Tangtype, avant que cinq années de silence ne nous mettent sur la fausse piste d'un one shot.
Heureuse nouvelle, première du nom, le quatuor tchèque a mis fin à son silence. Jolie surprise (bis), Federsel, Jara Tarnovski & co reprennent le chantier là où ils l'avaient abandonné. Toujours empreinte de cette délicatesse olfactive, elle caresse les oreilles telle une douce plume, la démarche s'accompagnant cette fois des services d'autres chanteuses, sans que le résultat n'en soit chamboulé (les mauvaises langues diront que leurs voix sont interchangeables, mais bon). Et vu que, musicalement, l'abstraction electronica reste de mise, avec juste ce qu'il faut de points de repère pour y accrocher, le résultat demeure tout aussi enchanteur, pour autant qu'on ne rêve pas de les reprendre sous la douche.
Gurun Gurun : Kon B (Home Normal)
Edition : 2015
CD : 1/ Atarashii Hi 2/ Aoi 3/ Itsuka No Hoshi / Hia 4/ Shizumeru / Kiikii 5/ Koe / Sukuu 6/ Mado 7/ Tsuki Ni Te 8/ Beda Folten Supasuta
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Coppice : Matches (Category of Manifestation, 2015)
Il y a quelque chose qui me chagrine dans ces CD qui sortent à une centaine d’exemplaires (parfois c’est moins, et mon chagrin n’en est que plus grand !). C’est presque une défaite annoncée… Mais dans le cas de Coppice, il y a derrière cette pénurie d’exemplaires une « envie de faire rare » ou « limité ». Ce n’est pas la première fois que le duo « réserve » ses piécettes bruitistes à un public réduit. Son côté select, sans doute.
Sur Matches (100 ex. comme promis), ils piochent dans leurs enregistrements studio ou live pour faire de nouveaux bruits. Une shruti-box et un orgue à soufflet (qui peut se refermer sur un buzz ou un bourdon), tous les deux préparés bien sûr, des bandes, et voilà de quoi composer une marche proto-techno ou un noise mécanique et post-futuriste. En fait, Coppice s’inscrit dans les pas de Russolo avec la faconde de l’inventeur d’instrument doué pour la com’ arty. Déjà pas mal.
Coppice : Matches (Category of Manifestation / Metamkine)
Edition : 2015.
CD : 01/ Held Cascade 02/ Bromine 03/ Labile Form 04/ Discharge Form 05/ Subparallel Episode 06/ Bramble 07/ Caper
Pierre Cécile © Le son du grisli
Charlemagne Palestine : Schlingen Blängen for Organo Rinascimentale Non Temperato (I Dischi di Angelica, 2015)
A la fin des années 1970, Charlemagne Palestine engageait Schlingen Blängen, une série de travaux s’inspirant des manières de l’expressionnisme abstrait – celui de Rothko, de Newman et de Still, en premier lieu, insiste le musicien dans les courtes notes qui accompagnent ce disque. En 2004, derrière l’orgue de la Basilique San Martino de Bologne, il y travaillait encore – ci-dessous, un extrait d'une interprétation plus récente encore.
On pourra essayer de suivre les trajectoires de chacune des longues notes qui forment ce grand tableau pour orgue « Renaissance », les chants parallèles qui tout à coup les doublent, les lests qui soudain les confondent ou les voix qui, un temps, les aspirent. Le minimalisme de Palestine – qui commanda, déjà, combien de voyages en ballon ? – progresse par touches quand son colletage explore un espace confondant où s’unissent oscillations et torsions. C’est alors sur un rail unique, à la verticalité sans cesse contrariée, que la musique se déforme : comme sur une toile la lumière peut faire naître de nouvelles couleurs, les secondes révèlent des airs inédits, toujours insaisissables.
Charlemagne Palestine : Schlingen Blängen for Organo Rinascimentale Non Temperato (I Dischi di Angelica / Orkhêstra International)
Enregistrement : 9 mai 2004. Edition : 2015.
CD : 01/ Schlingen Blängen for Organo Rinascimentale Non Temperato
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Paul Hubweber, Frank Paul Schubert, Alexander von Schlippenbach, Clayton Thomas, Willi Kellers : Intricacies (NoBusiness, 2015)
S’il fallait encore démontrer de quelle manière il est possible de diriger une formation – un quintette, ici, qui réunit Paul Hubweber (trombone), Frank Paul Schubert (saxophones alto et soprano), Alexander von Schlippenbach (piano), Clayton Thomas (contrebasse) et Willi Kellers (batterie) – de derrière un piano, Intricacies – concert enregistré à Berlin le 24 février 2014 – serait d’une aide précieuse.
C’est donc Alexander von Schlippenbach qui, une fois encore, se charge de la démonstration. Ainsi impose-t-il avec un naturel déconcertant trois pièces sur lesquelles il offrira autant d’espace à ses partenaires qu’il saura s’en réserver. Parmi ceux-là, c’est d’abord le trombone et le saxophone que l’on remarque : Paul Hubweber et Frank Paul Schubert, qui conservent leur équilibre sur les reliefs et les rapides d’une section rythmique en butte, justement.
Qu’ils se prennent les notes dans quelle partition ou se plient aux codes percussifs qui décident des répétitions comme des changements de cap, Hubweber et Schubert ne font pas défaut à l’invention du trio qui les accompagne et les oblige tout à la fois. Mais l’obligation n’interdit pas la surprise : ainsi, les souffleurs peuvent lui préférer soudain la suspension de notes approchantes (sur Come to Blown), la citation (de Mingus, notamment) ou cette envie de doublage qui pousse l’alto à surpasser en fougue les fougues cumulées de l’entier quintette (sur Intricacies).
Assez parlé des souffles, d’autant que leur révélation eut sans doute été impossible sans le trio qui les accompagne : au tapage ou taponnage, Schlippenbach reste du groupe le musicien qu’on ne peut retenir par la manche quand, au défi d’un accompagnement délicat, Thomas et Kellers répondent par un art impeccable. Voici, en conséquence, Intricacies faite référence des discographies de Paul Hubweber, Frank Paul Schubert, Clayton Thomas et Willi Kellers. Mieux encore, de l’œuvre d’Alexander von Schlippenbach aussi.
Paul Hubweber, Frank Paul Schubert, Alexander von Schlippenbach, Clayton Thomas, Willi Kellers
Intricacies (extrait)
Paul Hubweber, Frank Paul Schubert, Alexander von Schlippenbach, Clayton Thomas, Willi Kellers : Intricacies (NoBusiness)
Enregistrement : 24 février 2014. Edition : 2015.
2 CD : CD1 : 01/ Come to Blows – CD2 : 01/ Intricacies 02/ Encore
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
LDP 2015 : Carnet de route #18
L'heure de la reprise, pour le trio ldp : sept mois après le début de la tournée Listening, c'est à Lucerne, au Neubad, qu'Urs Leimgruber et Jacques Demierre reprenaient les concerts, soutenus à distance par Barre Phillips.
2 & 3 octobre, Lucerne, Suisse
Neubad
2 october 2015 - Ste. Philomène
Oh Oh - Urs, Jacques,
The great adventure begins. Please give my best to the English guys and do have some wonderful concerts with them. I feel like a little kid, stuck in bed with a cold while my friends are just outside my house playing together but my mother won't let me join them.
B.Ph.
02./03.10. – Konzerte, Neubad Luzern
Auftakt zur Herbst Tournee. Ein Austausch Projekt Luzern – London zum Jubiläumsanlass
80 years Barre Phillips / 15 years Trio Leimgruber_Demierre_Phillips mit der Gruppe AMM mit John Tilbury und Eddie Prévost und mit Hannah Marshall, Angharad und Rhodry Davies im Neubad in Luzern. Das Neubad - früher ein städtisches Hallenbad - existiert seit einigen Jahren als alternatives Kulturzentrum der Stadt Luzern.
Die Konzerte finden direkt im ehemaligen Pool statt. Die trockene, überhaus wohlklingende Hall Akustik dient als zusätzliches Instrument, als eine Art räumliche Partitur. Die aussergewöhnliche Stimmung im Bad wird durch eine künstliche Lichtregie ergänzt.
Aus gesundheitlichen Gründen kann Barre Phillips die angekündigten Konzerte in Luzern, London, Montreuil, Lille nicht spielen. Mit seiner Unterstützung haben wir eine Video Montage (25 Minuten) von verschiedenen Filmausschnitten vorbereitet, die ihm gewidmet sind. Diese Montage zeigen wir dem Publikum als Teil des Konzerts. Anstelle von Barre Phillips spielt die Cellistin Hannah Marshall aus London.
Der erste Konzert eröffnen John Tilbury und Eddie Prévost mit einem extensiven, langen Bogen. Nach einer kurzen Pause zeigen wir das Video mit Barre Phillips. Anschliessend spielen Jacques Demierre und ich zusammen mit Hannah Marshall im Trio.
Am zweiten Abend zeigen wir zum Auftakt das Video mit Barre Phillips. Im letzten Teil des Videos beginnen die Musiker Angharad Davies, Urs Leimgruber, Rhodri Davies, Jacques
Demierre und Hannah Marshall zu spielen. Es entsteht ein längerers, klingendes Epos von 45 Minuten mit Stillen und explosiven Eruptionen. John Voirol, Saxofonist der Musik Hochschule Luzern kommt mit einer Gruppe von Studenten an das Konzert. Im Anschluss findet mit den Studenten und dem Publikum und den Musikern des Quintetts eine offene Diskussion statt.
U.L.
2 octobre : La silhouette noire du piano Yamaha, C2, numéro 6162835, se reflétait à la surface du carrelage blanc du bassin central de Neubad. Vidé de son eau, le swimming pool principal de ces ex-bains lucernois transformés en centre culturel résonnait encore davantage en moi des cris que des générations d'enfants avaient poussés en sautant du plongeoir le surplombant. A notre arrivée, comme insensible à ces traces sonores juvéniles, le pianiste anglais John Tilburry répétait une pièce de Howard Skempton - me semble-t-il et qu'il devait jouer deux jours plus tard - sur un instrument qui de loin ressemblait à un toy piano. L'isolation thermique du lieu, pensée en fonction d'un public circulant dénudé, ajoutait à une réverbération parfois trop présente un léger sentiment d'oppression. Premier concert de la tournée d'automne, mais sans Barre, ou plutôt, sans la présence physique de Barre, car présent il l'est, en nous, dans nos sons. Je m'assieds, écoutant John Tilbury au piano, pensant à ces premiers concerts en trio à venir, mais momentanément sans contrebasse, ou comment jouer en trio à deux, et vient à moi imaginant Barre retenu par Black Bat ce vers de Edoardo Sanguineti coloré par de longues secondes de réverbération, "la Musica trae a sé li spiriti umani che quasi sono principalmente vapori de cuore". Le passage de Laborintus II contenant ce fragment s'ouvre alors progressivement à mon esprit, comme lorsque remontant à la surface de l'eau, ce n'est que petit à petit qu'on perçoit les sons du monde débarrassés de leur filtre aquatique :
la Musique est toute relative
comme on voit dans les paroles harmonisées et dans les chants :
en résulte une harmonie d’autant plus douce
que la relation est plus belle :
parce que c’est en elle qu’on entend le plus :
la Musique attire à soi les esprits humains
qui sont quasiment par essence des vapeurs du coeur
en sorte qu’ils cessent quasiment toute opération :
tout comme l’âme entière quand elle l’entend
et la vertu de tous court quasiment à l’esprit sensible
qui reçoit le son :
Les trois derniers mots du poème traduit par Vincent Barras dans la revue L'Ours Blanc, no 6, sont tirés, comme le reste du passage, de Il Convivio de Dante et semblent nous suggérer que le son est chose à recevoir. L'ombre de Dante, comme un son traversant le temps, a trouvé en Sanguineti un relai sans égal. Peut-être ne sommes-nous, dans nos espaces sonores improvisés, également et finalement que des relayeurs, passant et repassant les sons, du passé vers le futur, travaillant à l'intérieur d'une zone de transmission, où l'instant présent, à la fois lieu de réception et lieu d'envoi, entre en résonance, accumulant l'énergie de l'avant et de l'après.
J.D.
3 octobre : Second concert au Neubad, même piano Yamaha C2 au numéro inchangé, même réverbération, même ambiance carrelée, même sentiment d'échelle improbable dans le rapport homme-bassin. Pourtant tout a changé, tout est différent, expérience étrange et mouvante de mon rapport à l'identité spatiale du lieu. Le temps écoulé entre la dernière note du concert en trio avec la violoncelliste anglaise Hannah Marshall le soir précédent et le premier son émis cet après-midi au moment de la balance du même trio augmenté de la harpe et du violon de Angharad et Rhodri Davis, cette quantité de temps qui a passé, cette portion de durée fléchant mon existence a à l'évidence agi, a d'une certaine manière rendu plus privé mon rapport à cet espace public. M'y serais-je déjà accoutumé, l'aurais-je apprivoisé ou est-ce lui qui insidieusement et sous l'effet déformant de la durée m'aurait apprivoisé ? On sait par expérience que sans temps, sans durée, on prive le son d'un paramètre indispensable, support essentiel parmi les supports, celui par lequel il se manifeste à nous au sein de l'écoulement vital et avec lequel on peut également l'offrir à la perception d'autrui. Mais on sait aussi que sans espace, il n'y a pas de son possible, que l'espace est une des conditions de la propagation sonore, que l'étendue ondulatoire doit s'inscrire spatialement pour être perçue. Pourtant, autant le rapport espace-son semble au fil des différentes pratiques sonores dévoiler un maillage serré de correspondances, autant le rapport espace-durée n'a pas encore été suffisamment envisagé dans toute la complexité de sa pertinence. Le premier son joué en quintet a heureusement balayé ce questionnement de mon esprit. Jouer, penser, des pratiques différentes d'un même engagement sonore qui demandent des temps différents pour exister pleinement. C'est dans leur indépendance que réside la puissance de leur résonance commune. Conviés par le saxophoniste John Voirol à assister au concert, les étudiants qui nous posèrent des questions une fois la performance terminée ne l'ont pas compris autrement. "Quelle est votre émotion juste après le dernier son joué ?", intéressant point de vue qui évite le piège d'associer directement sons et émotions. En tant qu'artisan sonore, mon matériau de base n'est pas l'émotion, mais le son. Je peux imaginer que ces sons provoquent ou évoquent des émotions chez celles et ceux qui les reçoivent. Mais qu'en est-il de l'effet de mes propres sons sur moi ? Les sons que je produis, en prenant essentiellement appui sur l'action de leurs qualités phénoménales sur la perception sensible et en les préservant d'une éventuelle coloration émotionnelle, reviennent-ils vers moi tel un boomerang chargé d'émotions ? Je dirais non.
J.D.
Photos : Jacques Demierre.
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David Toop : Lost Shadows: In Defence of the Soul / Yanomami Shamanism, Songs, Ritual, 1978 (Sub Rosa, 2015)
A l'image du Smithsonian Folkways, qui recueille depuis des décennies les sons produits sous tous les continents et latitudes, David Toop intègre dans sa démarche les musiques populaires, dans toutes leurs diversités possibles. Son premier disque en sept ans, Lost Shadows: In Defence of the Soul / Yanomami Shamanism, Songs, Ritual, 1978 présente en un double album les extraordinaires – au sens multiple du terme – chants rituels et cérémonies chamanes du peuple amazonien des Yanomami.
Dans des passages où une certaine forme de transe explose à la tronche des pauvres occidentaux que nous sommes, et banzaï la différence de cultures!, Toop nous emmène dans une expédition sonore absolument hors du commun. Là où d'infâmes émissions de télé nous vendent un exotisme de pacotille pour lecteur de Télé 7 Jours (style Rendez-Vous en Terre Inconnue), le musicien/cologue anglais n'a nul besoin d'images pour nous transporter dans un monde parallèle. Et, il sera d'accord avec nous, le premier mérite en revient aux habitants du lieu (au nord du Brésil et au sud du Vénézuéla) et à leurs vifs échos d'une culture riche et insolite.
David Toop : Lost Shadows: In Defence of the Soul / Yanomami Shamanism, Songs, Ritual, 1978 (Sub Rosa / Les Presses du Réel)
Edition : 2015
2 CD : 1-1/ Tayari-teri: Shamans Healing 1-2/ Tayari-teri: Shamans Healing 1-3/ Tayari-teri: Shamans Healing 1-4/ Torokoiwe: Solo Shama, First Chant 1-5/ Torokoiwe: Solo Shama, Second Chant 1-6/ Torokoiwe: Solo Shama, Second Chant 1-7/ Caberima Night Insects, Birds And Moths 2-1/ Mabutawi-Teri: Wayamou Duo Exchange 2-2/ Mabutawi-Teri: Young Women's Circle Song 2-3/ Cuntinamo: Piaruainai, Solo Shaman 2-4/ Cuntinamo: Piaruainai, Solo Shaman 2-5/ Cuntinamo: Piaruainai, Solo Shaman 2-6/ Mabutawi-Teri: Young Men Singing 2-7/ Mabutawi-Teri: Young Men Singing 2-8/ Mabutawi-Teri: Young Men Singing 2-9/ Mabutawi-Teri: Young Men Singing 2-10/ Mabutawi-Teri: Rain Song 2-11/ Mabutawi-Teri: Rain Song 2-12/ Mabutawi-Teri: Rain Song 2-13/ Mabutawi-Teri: Rain Song 2-14/ Mabutawi-Teri: Young Men's Circle Song 2-15/ Caberima Night Insects, Birds And Moths
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli
Fraufraulein : Extinguishment (Another Timbre, 2015)
Avec l’un ou l’autre de ses partenaires de Delicate Sen, Billy Gomberg ou Richard Kamerman, Anne Guthrie travaille à une musique électroacoustique à la fragilité parlante. Avec le premier, elle forme aussi Fraufraulein, qui fait aujourd’hui œuvre d’Extinguishment.
Elle au cor, lui à la basse électrique, l’un et l’autre à l’électronique et aux enregistrements : Guthrie et Gomberg peuvent décliner leur approche sensible de l’expérimentation. Alors, graves et aigus cherchent un équilibre sur un fil que font trembler field recordings, notes tenues de cor et cordes pincées à peine ; le même cor et les mêmes cordes disent ensuite sous la menace d’une tension grandissante que des expressions retenues savent, aussi bien que de tapageuses, dissimuler des présences, voire de tout caractère ; enfin, un aigu persistant soutient une voix inintelligible qui s’effacera devant les bruits de l’écho qu’elle aura provoqués.
Ce n’est donc pas là un réductionnisme de plus mais plutôt une électroacoustique qui fait de l’éphémère une suite de moments appropriés : où l’expression – dont les codes sont secrets et les significations multiples – se dérobe comme pour mieux marquer les esprits.
Fraufraulein : Extinguishment (Another Timbre)
Enregistrement : juin à septembre 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Convention of Moss 02/ Whalebone In a Treeless Landscape 03/ My Left Hand, Your Right Hand
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Florian Wittenburg : Aleatoric Inspiration (Nur/Nicht/Nur, 2015)
Il a raison, Florian Wittenburg, pourquoi choisir entre acoustique et électroacoustique ? Pourquoi ne pas s’atteler aux deux ? Après, ce n’est qu’une question d’ « aléatoire ».
Sur les huit morceaux d’Aleatoric Inspiration (titre tiré du titre d'un des morceaux), six sont acoustiques. Wittenburg se sert du piano sous l’influence de compositeurs contemporains de l’aléatoire, justement (Morton Feldman surtout). Des micro arpèges, des répétitions, des silences… Comparé aux maîtres du genre, pas très impressionnant, mais ça passe – sauf quand de temps à autre on frôle la BO de docudrama.
Là où Wittenburg s’en sort mieux, c’est sur ses deux compositions électroacoustiques. Pulses & Drones, où il utilise des samples de Benoît Delbecq (un genre de bruit de flippant flipper qui pulse contre des drones aux volumes taillés comme il faut) et Piece for Bowed Piano & Electronics (un drone qui grésille fabriqué avec le pianiste Ned McGowan). Là, d’accord… Peut-être parce que le drone a, par définition, moins à craindre de l’aléatoire.
Florian Wittenburg : Aleatoric Inspiration (Nur/Nicht/Nur)
Edition : 2015.
CD : 01/ Aleatoric Inspiration 02/ Pulses & Drones 03/ Für Scarlett 04/ Dark Piece 05/ Little Permutation Piece 06/ Motiv Sabine 07/ Piece for Bowed Piano & Electronics 08/ Aleatoric Inspiration II
Pierre Cécile © Le son du grisli
John Coltrane : Live at Penn State ’63 (Hi Hat, 2015)
Ajout à Coltrane sur le vif, à propos d'un concert du quartette de John Coltrane qui vient d’être publié… Ce n’est pas le Coltrane aventureux des soirées en club que l’on retrouve ici mais celui de la future tournée européenne d’octobre-novembre 1963. En cette soirée du 19 janvier 1963 passée au Schwab Auditorium de la Penn State University, le saxophoniste, sûr de sa technique, segmente ses solos en plusieurs pistes et fait une confiance totale en ses partenaires : McCoy Tyner délivre de somptueux chorus (Every Time We Say Goodbye, Mr. PC) ; Jimmy Garrison, pour une fois pas trop maltraité par la prise de son, fait admirer son travail en profondeur tandis qu’Elvin Jones se fait moins tonitruant que d’ordinaire.
Tournant autour du thème de Bye Bye Blackbird, Coltrane semble gêné par les accords de son pianiste. Quand ce dernier s’efface et laisse parler le trio, il oublie le thème et densifie de nouveaux rivages. Notons ici le subtil jeu de balais du batteur pendant le doux chorus de Garrison. Seul maître à bord de The Inch Worm, Coltrane se montre souverain au soprano et le sera à nouveau lors d’une version malheureusement incomplète de My Favorite Things. Le génie du saxophoniste se fait discret sur Every Time We Say Goodbye quand, au contraire, Tyner se montre prolixe et que Garrison malaxe l'harmonie avec une liberté totale. Incomplètes, les versions de Mr. PC et de I Want to Talk about You profitent respectivement d'un chorus inspiré du pianiste et de l’habituel – et ici bouleversant – stop chorus du saxophoniste. A suivre…
John Coltrane : Live at Penn State ’63 (Hi Hat)
Enregistrement : 1963 / Edition : 2015
CD : 01/ Bye Bye Blackbird 02/ The Inch Worm 03/ Every Time We Say Goodbye 04/ Mr P.C. 05/ I Want to Talk about You 06/ My Favorite Things
Luc Bouquet © Le son du grisli