David Toop: Haunted Weather: Music, Silence, and Memory (Serpent's Tail - 2005)
Si l’auteur David Toop – aux papiers publiés dans The Wire, The Face ou The New York Times – signe depuis quelques années des livres érudits et clairvoyants consacrés aux plus exigeantes musiques du jour, c’est sans doute qu’il a su faire concorder sa curiosité et sa notable expérience de musicien aperçu aux côtés de Brian Eno, Evan Parker, Derek Bailey ou Jon Hassell.
Après Ocean of Sound (dont une traduction en français est disponible auprès des éditions Kargo), l’instant est donc à la lecture d’Haunted Weather, ouvrage interrogeant une musique entrée dans l’ère du digital sans avoir voulu – ni pu - renoncer tout à fait aux charmes naturels de sonorités ou nuisances environnementales, des mouvements telluriques et des fantasmes de silence. Parti à la recherche des effets des plus récentes technologies sur notre façon d’envisager la musique, Toop se refuse à affirmer et divague, à la place, au rythme effréné d’exemples choisis. Evoquant, entre autres, Ryoji Ikeda, John Stevens, Janet Cardiff, John Zorn, Luke Vibert, Steve Beresford, Markus Popp, Fennesz, Radu Malfatti ou encore Günter Müller. A chaque fois, il résume les enjeux des musiciens qu’il nomme, dépose une citation ou se résout à utiliser l’anecdote décisive, même personnelle – de spectateur, ou de musicien en représentation.
Pas de fil conducteur unique, mais quelques bouts de ficelle noués avec acuité. Qui abordent la problématique du temps et de l’espace, qu’on n’a pas fini de faire mine de remettre en cause, à grands coups d’artifices aptes à jouer du musicien autant que celui-ci commence à savoir en user. En guise de conclusion, une sorte de grand retour, vers un monde trop naturel pour ne pas être étrange (celui de chants de Noël interprétés par une chorale canine, comme celui de l’intuition retrouvée, tant que celle-ci émane de musiciens véritablement inspirés). Après qu’elles ont failli avec superbe à anéantir temps et espace, influences et même son, Toop applaudit chacune de ces initiatives utopistes, remplacées bientôt par les compromis indispensables, samples d’un monde en mutation perpétuelle. Puisque porté par une phrase de Morton Feldman faite hymne de circonstance: « Maintenant que les choses sont si simples, il reste tant à faire. »
David Toop, Haunted Weather: Music, Silence, and Memory, Londres, Serpent's Tail, 2005.
Frode Gjerstad, John Stevens: Let’s Just Keep Going (FMR - 2005)
Répétition d’un concert donné plus tard en compagnie du contrebassiste Kent Carter, Let’s Just Keep Going sera le dernier duo enregistré par le saxophoniste norvégien Frode Gjerstad et le batteur anglais John Stevens. Dernier souvenir d’une collaboration aussi soutenue que subtile.
Dès le commencement, l’improvisation est vive: Stevens, imposant de constance, et Gjerstad, s’amusant à l’alto de répétitions entêtantes (Part 1). S’emparant d’un cornet, le batteur instigue ensuite des parallèles longues aux phrases du saxophone avant de retrouver son instrument: accompagnant, dévoué, la course de Gjerstad (Part 2, Part 5), ou co-leader inventif autant que son partenaire (Part 3).
Imbriquant sur la quatrième plage un swing goguenard et un free décisif sur rythme changeant, le duo prouve - dans le même temps qu’il décide de n’en faire qu’à ses têtes - sa considération sincère pour le jazz, tout en servant avec emphase une de ses nombreuses ramifications.
Enregistré en 1994, année de la mort du batteur, Let’s Just Keep Going fait figure de conclusion, et rappelle tout en faisant aussi bien qu’elles les œuvres construites ensemble par John Stevens et Frode Gjerstad. A deux ou aux côtés de musiciens tels que Johnny Dyani, Eivin One Pedersen ou Bobby Bradford.
CD: 01/ Let’s Just Keep Going (Part 1) 02/ Let’s Just Keep Going (Part 2) 03/ Let’s Just Keep Going (Part 3) 04/ Let’s Just Keep Going (Part 4) 05/ Let’s Just Keep Going (Part 5)
Frode Gjerstad, John Stevens - Let's Just Keep Going - 2005 - FMR.
Sun Ra: Concert For The Comet Kohoutek (ESP - 2006)
Découverte en février 1973 par l’astronome Tchèque Lubos Kohoutek, la comète du même nom devait passer au plus près de la Terre le 28 décembre de la même année. Histoire de célébrer l’événement, Sun Ra donna 6 jours plus tôt au Town Hall de New York ce Concert For The Comet Kohoutek.
Parti au son de plaintes stridentes sorties des instruments à vent et de coups intempestifs portés aux percussions, Astro Black adopte bientôt un air de soul bancal, ode chantée aux espoirs drainés par le passage de la comète. Le swing monumental porté par l’ensemble peut alors accueillir avec la même bonhomie les interventions free des saxophones et les clins d’œil fantasques adressé par l’orgue de Sun Ra au répertoire sonore généralement accordé aux navettes de science-fiction.
Fouillis mais expiatoire, le baroque déployé va voir du côté de la chorale à dimension réduite – qui rappelle sur Enlightenment le trio Lambert, Hendricks & Ross – comme de la harangue hallucinée (Discipline 27 (Part 2)), suit l’allure d’une marche lasse qui conduit le groupe aux portes de l’abstraction (Kohoutek), pour détoner enfin lorsque sonne l’heure de la libération attendue (Outer Space Employment Agency, Space Is The Place).
Précédant la comète, Sun Ra rêve en musique de quelques révélations fantasques, et signe avec Concert For The Comet Kohoutek l’un des enregistrements les plus convaincants de son free cosmique. Dont chaque réédition allonge encore la durée du rayonnement.
CD: 01/ M.C. Intro 02/ Astro Black 03/ Discipline 27 (Part 1) 04/ Enlightenment 05/ Love In Outer Space 06/ Kohoutek 07/ Discipline 27 (Part 2) 08/ Outer Space Employment Agency 09/ Space Is The Place
Sun Ra - Concert For The Comet Kohoutek - 2006 (réédition) - ESP. Distribution Orkhêstra International.
Chris Villars: Morton Feldman says. Selected interviews and lectures 1964-1987 (Hyphen Press - 2006)
Créateur gigantesque et Américain raffiné, Morton Feldman est le compositeur du XXeme siècle qui a sans doute le plus intensément appliqué la mesure à l'extrême limite. En musique, en tout cas. Concernant le verbe, Feldman l'utilisait pour mettre à mal certains clichés, faire avaler quelques couleuvres à une musique dite encore classique, étouffant sous la sclérose sans jamais rien soupçonner du mal qui la ronge. Rassemblés par Chris Villars, les interviews et lectures publiées ici donnent les preuves d'un tempérament singulier, capable de charges salvatrices autant que d'hommages appuyés - certes, davantage destinés aux peintres qu'aux musiciens.
Parmi les 21 entretiens, le compositeur revient bien sûr sur ses débuts auprès de John Cage, Christian Wolff et Earle Brown, et sur leur concept d'Indeterminate music. Il parle de la forme toute personnelle de ses premières notations - qu'il abandonnera peu à peu au profit de partitions respectant les conventions, de son habitude à penser en artiste mort pour mieux approcher l'objectivité, ou s'oppose aux manières de Stockhausen et Boulez, lorsque ceux-ci mettent leur musique en parallèle au domaine scientifique, pour le premier, aux textes de Mallarmé et Kafka, pour le second.
Le son est l'unique divinité que connaît Morton Feldman. A ce titre, il peut s'en prendre aux façons de faire de la musique écrite (il ne comprend pas que l'on puisse enseigner la composition, et n'est pas loin de dénigrer toute école, bien qu'il enseigne lui-même) ou à ses représentants les plus immédiats (déplorant le nombre restreint de compositeurs de musique "sérieuse" valables - Cage et lui-même, ou renvoyant à la musique populaire et au simple show-business les efforts de Steve Reich et de Philip Glass).
Feldman est plus tendre avec les peintres. C'est que la peinture le passionne, et qu'il semblerait que les artistes qu'il côtoyait à New-York dans les années 1950 lui ont tout simplement appris à voir. Rauschenberg, DeKooning, Mondrian ou Rothko se demandaient alors "When is a painting finished?". Restera au compositeur à intégrer ces notions de fini et de non-fini à sa propre musique, prête alors à accueillir et à utiliser l'imprévu. Et si Feldman aborde si souvent le sujet de la peinture américaine contemporaine, c'est qu'il peut avoir l'impression que la musique dépasse son interlocuteur. Lui a parfois du mal à cerner la pensée du créateur. Alors, dans la bouche de Feldman, beaucoup de "non" et de nombreux recadrages nécessaires. Plus concrète, la peinture est un échappatoire à l'incompréhension possible devant l'abstraction musicale.
Une soixantaine de photographies illustrent le livre. Feldman devant audience ou derrière un piano, en conférence public ou en compagnie privée (avec Terry Riley et Bunita Marcus, notamment). Pour aborder plus efficacement encore l'existence du compositeur, l'ouvrage donne aussi à lire la notice biographique de Sebastian Claren, et propose une bibliographie longue révélant l'absence d'un ouvrage exclusivement consacré à Morton Feldman, compositeur incontournable en manque de biographie. Voilà aussi pourquoi la lecture de Morton Feldman says peut faire figure d'expérience privilégiée.
Chris Villars, Morton Feldman says. Selected interviews and lectures 1964-1987, Londres, 2006, Hyphen Press.
Yasushi Yoshida: Secret Figure (Noble Records - 2006)
Sur son premier album, Yasushi Yoshida expose une musique impressionniste allant voir du côté de la musique de film, de la pop ou de l’electronica semi expérimentale, avec prudence et, parfois, envie de trop bien faire.
Captivant lorsqu’il sert une musique électroacoustique minimaliste, Yoshida alterne, en plus, ses manières de faire : opposant ici des reverses longs aux arpèges d’une guitare folk (Parade for Closure), imbriquant là quelques field recordings aux digressions d’un piano lointain (Octave of Leaves), défendant ailleurs un fouillis expiatoire (Picture of Three Life, morceau partagé entre réminiscences de minimalisme américain et influence encore fraîche de Four Tet).
Malheureusement, lorsqu’il choisit de faire dialoguer piano et cordes (Silent Park, Dance Piece), l’ensemble - s’il peut fantasmer d’abord une rencontre entre le Balanescu de Marie T. et le Sakamoto de Furyo – dérive d’arrangements soignés en envolées lyriques trop appuyées, et qui durent.
Pâtissant de quelques maladresses, Secret Figure a donc du mal à faire pencher la balance. Qui devra attendre l’heure adéquate, pour Yoshida, de l’affirmation nécessaire.
CD: 01/ Silent Park 02/ Parade for Closure 03/ Parade 04/ Chair Father 05/ Octave of Leaves 06/ Dance Piece 07/ Remembrance in Glass 08/ Picture of Three Life 09/ Family
Yasushi Yoshida - Secret Figure - 2006 - Noble Records.
Waldron, Stapleton, Sigmarsson, Haynes, Faulhaber : The Sleeping Moustache (Helen Scarsdale, 2006)
Où l'on trouve Steven Stapleton – musicien qui, sous le nom de Nurse With Wound, s’adonnait déjà à une musique particulière, mêlant krautrock et psychédélisme tardif – aux côtés de quatre autres personnages (M.S. Waldron, Sigtryggur Berg Sigmarsson, Jim Haynes, R.K. Faulhaber), habitués aux concepts musicaux variables et spéciaux : minimalisme électronique, expérimentations déjantées et performances sonores.
Posté sous parasol surréaliste, le groupe imbrique cinq grandes compositions à cinq intermèdes concis – collages de voix accélérées, bouclées ou inversées, de grincements et freinages divers et de plaintes sorties d’un bestiaire imaginé sans doute sur l’instant. Ingrédients que l’on retrouve éparpillés ici ou là sur grandes plages, qu’elles servent une ambient en perdition sous les chocs amortis ou une progression de drones inconciliables. Ailleurs, les musiciens interrogent le langage – rapprochant ainsi encore davantage leur travail de celui de Kurt Schwitters et de Dada – ou peuvent se satisfaire de la longue exposition d’un amas de field recordings, chassé bientôt par une programmation électronique minimaliste, certes, mais faiblarde, aussi.
Boîte de Pandore ramassée, l’enregistrement séduit lorsqu’il arrive à ne pas se répéter, et plutôt que d’œuvre hallucinée et ombreuse, prend les atours d’exercice réussi de poésie sonore.
M.S. Waldron, Steven Stapleton, Sigtryggur Berg Sigmarsson, Jim Haynes, R.K. Faulhaber : The Sleeping Moustache (Helen Scarsdale)
Edition : 2006.
CD : 01-02/ The Sleeping Moustache
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Ernest Dawkins: The Messenger (Delmark - 2006)
Enregistré en juillet 2005 au Velvet Lounge de Chicago, The Messenger assoit encore davantage la puissance racée du New Horizons Ensemble d’Ernest Dawkins, au son d’un set placé sous la tutelle d’Art Blakey autant que d’Ornette Coleman.
Hommage au trompettiste Ameen Muhammad - membre du New Horizons dès 1979, et disparu en 2003 -, Mean Ameen profite d’un gimmick de contrebasse signé Darius Savage pour servir un swing débonnaire, jouant de l’unisson du trombone de Steve Berry et de l’alto de Dawkins, distribuant sagement les solos comme le fera aussi The Messenger.
Capable de servir avec autant d’efficacité un bop assuré (Lookin’For Ninny) et un jazz flirtant sans se poser de question avec la funk (The Brood), de prendre ses distances avec le blues tout en en respectant scrupuleusement les codes (Goin’Downtown Blues), ou enfin de tout sacrifier à la polyrythmie chatoyante de Toucouleur (sur lequel le batteur Isaiah Spencer dépose un solo remarquable), le groupe séduit toujours sans artifices.
A noter enfin la présence du trompettiste Maurice Brown, à la hauteur du talent de son prédécesseur, et pièce de luxe rapportée à l’édifice d’un ensemble qui n’a toujours pas terminé de combiner les traditions pour mieux imposer un jazz baroque et réjouissant.
CD: 01/ Intro 02/ Mean Ameen 03/ The Messenger 04/ Goin' Downtown Blues 05/ Toucouleur 06/ The Brood 07/ Lookin' For Ninny
Ernest Dawkins' New Horizons Ensemble - The Messenger - 2006 - Delmark. Distribution Socadisc.
Don Friedman: From A to Z (ACT - 2006)
Sur From A to Z, le pianiste Don Friedman interprète en solo quatre de ses compositions, quatre autres du guitariste et ancien compagnon de route Attila Zoller - à qui ce disque est dédié - et deux standards, signés Cole Porter et Thelonious Monk.
Dès le premier titre, Friedman nous assure de son éternelle dextérité, distribuant les arpèges délicats au son d’un swing affirmé. Malheureusement, son savoir-faire le pousse davantage à adopter une posture classique qu’à oser quelques audaces. S’il montre plus d’aisance à rendre ses propres thèmes, on regrette que ses interprétations d’I Concentrate on You, Meant to Be ou Ask Me Now, privilégient le bariolage et non pas l’originalité.
CD: 01/ Meant to Be 02/ When It’s Time 03/ A Thousand Dreams 04/ Alicia’s Lullaby 05/ I Concentrate on You 06/ Free Flow 07/ Memory of Scotty 08/ From A to Z 09/ Ask Me Now 10/ Straight Ahead 11/ Blues for Attila
Don Friedman - Piano Works VI, From A to Z - 2006 - ACT. Distribution Harmonia Mundi.
From Between : No Stranger to Air (Sprout, 2006)
Profitant d'un concert donné le 1er Mars 2005 au Havre, From Between - trio formé par les saxophonistes Jack Wright et Michel Doneda, et le batteur Tatsuya Nakatani - expose sur No Stranger to Air l'actualité de sa pratique de l'improvisation.
Forcément expérimentale, au regard des personnalités présentes et de ce qu'elles ont déjà prouvé dans le domaine. Pas extrême, toutefois. Toujours, les coups vifs portés par le batteur et les plaintes polyformes sorties des saxophones surgissent d'une mesure imposée par l'expérience. Distribuant les souffles courts et les grincements, investis souvent dans l'élaboration des sifflements, Doneda (au soprano et sopranino) et Wright (au soprano et à l'alto) insinuent des parallèles le plus souvent aigus, et subitement déviés dans l'espoir de provoquer des rencontres à propos.
Interrogeant la retenue nécessaire lorsqu'il s'agit d'aborder l'improvisation expérimentale, le trio est aussi capable de suivre la voie d'une forme musicale moins opaque - Nakatani réussissant à convaincre les saxophonistes de respecter, l'espace d'une à deux minutes, le rythme qu'il dépose sur tom bas. Souvenir d'un concert convaincant, No Stranger to Air expose avec délicatesse une musique à la densité ramassée. Qui rend impossible toute explication pour être faite de failles insoupçonnables.
From Between : No Stranger to Air (Sprout)
Enregistrement : 1er mars 2005. Edition : 2006.
CD : 01 - 02/ -
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Anders Dahl : Hundloka, Flockblomstriga 1 (Häpna, 2006)
Homme-orchestre perdu dans quelques herbes hautes suédoises, Anders Dahl tombe sur une fleur commune appelée Hundloka. A laquelle il emprunte son nom pour intituler trois de ses pièces instrumentales. Plus sauvage que champêtre.
Entamant son exploration au son d'arpèges de guitare désaccordée, Dahl engage quelques grincements, et puis quelques drones, à envahir le champ musical. Les cordes pincées rivalisent d'aigus, eux simulent la disparition ou se font soudain plus clairs, avant d'être mis à mal par les derniers assauts des grésillements électriques. Fait de collages plus concrets, la deuxième Hundloka combine les constructions bancales de petites percussions et les cordes tremblantes des guitares. Une clarinette basse infiltrée dans l'ensemble se refusera à servir la mélodie, venant appuyer davantage l'intention percussive de cette partie de l'enregistrement. D'autres drones, enfin, agrémentés de larsens, oscillent le temps de la conclusion. Qui accueillera les attaques subtiles - et plus graves - de la guitare, et l'effet instable de microphones maltraités. Histoire de peaufiner l'ambient décontractée mais anxieuse que renferme Hundloka, Flockblomstriga 1, premier album d'Anders Dahl.
Anders Dahl : Hundloka, Flockblomstriga 1 (Häpna)
Edition : 2006.
CD : 01/ Hundloka 02/ Hundloka 03/ Hundloka
Guillaume Belhomme © Le son du grisli