Horns : Horns 1.2 (Confront, 2015)
Si c’est bien Bertrand Denzler qui compose pour Horns, est-ce pour autant lui qui l’emmène ? A ses côtés, on trouve sur cette pièce d’une quarantaine de minutes Louis Laurain (trompette), Pierre-Antoine Badaroux (saxophone alto) et Fidel Fourneyron (trombone). Ce sont là d’autres vents que ceux de Propagations, et la composition révèle d’ailleurs un autre état d’esprit.
Aux visions parallèles, elle préfère en effet un minimalisme partagé, voire de rigueur : les musiciens y font preuve d’endurance comme d’un certain intérêt pour le relai : partis sur une note que l’un puis l’autre abandonne, ils y reviennent, individuellement, pour la rehausser voire la mettre en valeur. Bientôt, la somme des souffles vrille : d’abord inquiets de régularité – l’inquiétude était-elle feinte ? –, les musiciens aèrent leur tapisserie au gré d’arrêts soudains et de reprises, de « séquences » où la fraternité règne et de solos dès l’origine étouffés dans l’œuf. Si le parti pris a ses charmes, il a aussi ses limites ; mais, comme par enchantement, ses limites peuvent ajouter à ses charmes.
Horns : Horns 1.2
Confront / Metamkine
Enregistrement : 18 mai 2014. Edition : 2015.
CD-R : 01/ Horns 1.2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Tim Hecker : Love Streams (4AD, 2016)
C’est bizarre, la musique d’aujourd’hui. Souvent ça patauge dans les références et ça se contente de tout mélanger sans qu’il se passe grand-chose. Ce qui n’empêche pas qu’on écoute : c’est la fatigue qui explique et puis (après tout) y’a des mélanges qui tiennent.
Prenons le dernier CD de Tim Hecker par exemple, Love Streams, à sortir sur 4AD (jusque-là, c’était Alien8 & Kranky qui s’étaient chargés des recs du Canadien). Moins sombre que certains de ses précédents, ce sont pourtant les mêmes collages synthétiques (beaucoup de claviers dans l’affaire) où s’immiscent des loops d’instruments acoustiques (clarinette basse, luth, steel-pan…) et des voix (d’un liturgique souvent grotesque, au Cocteau Twins / Bel Canto exacerbé).
Sa pop ambient, Hecker la voudrait complexe mais elle n’est que trop chargée. Les voix beuglent pour se faire entendre au-dessus d’une prototechno dislexique… La lutte pourrait être belle faute d’être originale mais plus les secondes passent plus le mélange s’avère indigeste. Trop de sucre épaissit le sirop et c’est donc au risque de s’engluer qu’on parcourra Love Streams.
Tim Hecker : Love Streams
4AD
Edition : 2016.
CD / LP / DL : 01/ Obsidian Counterpoint 02/ Music of the Air 03/ Bijie Dream 04/ Live Leak Instrumental 05/ Violet Monumental I 06/ Violet Monumental II 07/ Up Red Bull Creek 08/ Castrati Stack 09/ Voice Crack 10/ Collapse Sonata 11/ Black Phase
Pierre Cécile © Le son du grisli
Vortex, J-Kristoff Camps (Un rêve nu, 2015)
Par grand vent, Vortex (Heddy Boubaker au synthétiseur modulaie & Sébastien Cirotteau à la trompette amplifiée, tubes et caisse claire) résiste. Par grand vent, Vortex tient le cap. Vortex mastique le chaos, l’agrippe à nos tympans, y ajoute quelque insecte vibrant. Vortex chasse des troupeaux rampants. Vortex soulage l’excès. Vortex fait du heurt un programme. Vortex entretient l’entresol. Vortex crache le souffle.
J-Kristoff Camps remixe Vortex. D’une voix monocorde, JKC parcourt les tristes rapports de tristes personnages. On épie, on espionne, on surveille, on consigne et l’insurrection tarde à venir. Coup de Jarnac à Tarnac, les esprits moisis tissent de bases œuvres. On pourchasse les soleils. Heureusement, le Comité Invisible s’invite. Eveille. Welcome.
Vortex, J-Kristoff Camps : Le grand attracteur
Un rêve nu
Enregistrement : 2013. Edition : 2015.
CD : 01/ Sexy Sushi 02/ Cinq de mieux 03/ La minute 04/ A Dance Contest 05/ En douze lettres 06/ JP 07/ Mochitsuki 08/ ADN 09/ Valse nocturne en Moselle 10/ Contestation Dance 11/ Bella Vita en six lettres 12/ A nos amis
Luc Bouquet © Le son du grisli
Ab Baars Trio & NY Guests : Invisible Blow / Ab Baars Trio : Slate Blue (Wig, 2014)
Le 27 novembre 2012, au Bimhuis, le trio d’Ab Baars accueillait une poignée d’invités venus de loin : Vincent Chancey (cor qui fit jadis partie de l’Arkestra de Sun Ra) et Fay Victor (voix).
C’est donc à cinq – ou à six, deux fois, quand il est demandé à Anneke Brassinga de lire sur la musique –, que les musiciens passent d’un thème à l’autre qu’inspirèrent écrivains (Joyce Carol Oates, Emily Dickinson, William Carlos Williams, Charles Bukowski…) ou compositeurs (Monteverdi, Muhammad Ali, Butch Morris) : ici avec délicatesse (Consolatio, Interrotte Sepranze), là avec une belle ardeur (The Loser, Small Prayer, Sometimes), ailleurs avec plus de gaucherie (Experience, The Mummy). Quand les gestes ne se font pas chorégraphiques – Invisible Blow est un disque qui se revendique du noble art –, ils sont incisifs : c’est alors que le trio d’Ab Baars créé de beaux esclandres qui révèlent sa poésie.
Ab Baars Trio & NY Guests : Invisible Blow
Wig
Enregistrement : 27 novembre 2012. Edition : 2014.
CD : 01/ Small Prayer 02/ Consolatio 03/ Interrotte Speranze 04/ The Loser 05/ Experience 06/ The Descent 07/ Sometimes 08/ Ontbreken 09/ Whistle 10/ Only the Wind 11/ The Mummy
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Quelques mois plus tard, au Splendor, à Amsterdam, le même trio se retrouvait « seul ». Sur des compositions de Baars, il redisait là la valeur des musiciens qui le composent et l’intimité qui ne cesse de les inspirer. A la clarinette, Baars suit ainsi la règle imposée par Martin Van Duynhoven ; au saxophone ténor, il éprouve Wilbert de Joode le temps d’une marche volontaire. D’une note grippée, le trio peut aussi faire le point de départ d’une nouvelle mélodie : c’est celle, irrésistible, de Rode Wurger.
Ab Baars Trio : Slate Blue
Wig
Enregistrement : 6 mars 2014. Edition : 2014.
CD : 01/ Hout 02/ Oestermes 03/ Water 04/ Steen 05/ Kauw 06/ Karmozijn 07/ Fanfare 08/ Rode Wurger 09/ Raaf 10/ Taan
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Eva-Maria Houben Expéditives
Les disques défilent et parfois le temps avec. L’emportent même, d’autant que l’écoute peut ne pas suffire à saisir ce qu’il se joue de beau dans un disque, et puis dans un disque supplémentaire ; dans une expression abstraite, puis dans une expression abstraite supplémentaire. L’ « expéditive » est là pour réparer le manque, voire la faute…
Eva-Maria Houben : 6 Sonaten für Klavier (Diafani, 2013)
Pour ces 6 Sonaten für Klavier, Eva-Maria Houben est seule au piano. Si la veine est classique, la partition révèle des accords à distance, une marche funèbre volontaire, une berceuse continentale ou des exercices plus lâches où main gauche et main droite rivalisent dans l’ombre. Au piano, c’est un art de l’épanouissement tenté par le silence mais aussi hanté par, dit-on, la « grande musique ». Eva-Maria Houben : Chords (Diafani, 2013)
Le titre du disque promettait une suite d’accords, et c’en sont de longs qu’Houben dispose à distance, derrière un orgue cette fois. Quand ils tremblent, ils peuvent évoquer les notes en perdition de Feldman ; mais, au gré des minutes, et malgré les silences, ils se font plus insistants : la cohésion de l’accord l’emporte à la fin. En négatif, Chords donnera l'indispensable Unda Maris...Eva-Maria Houben : Unda Maris (Diafani, 2013)
... Un bourdon (orgue) enfoui au plus profond des graves entame Unda Maris, qu'Eva-Maria Houben développera autant en l’amenuisant qu’en le gonflant avec force. Les distances entre deux attaques se réduisent, et leur profusion scinde la note tenue en deux parties distinctes : quand l’une tremble, l’autre menace encore. Indispensable, était-il écrit. Eva-Maria Houben : Yosemite (Diafani, 2013)
Composition pour ensemble datée de 2007, Yosemite commande surtout aux instruments à vent de longues notes à arranger par couches. Jouant avec les harmoniques, les résistances et de longues plages de silence, Houben transformera de courtes notes en bourdons appelés à disparaître. Comme les reliefs du parc éponyme s’amenuisent à l’horizon. Eva-Maria Houben, Bileam Kümper : Atmen 1 – Atmen 2 (Diafani, 2013)
En ces deux Atmen, ce sont deux duos que l’on trouve : un orgue et un tuba (Bileam Kümper) qui accordent leurs souffles continus en évoquant de lents mouvements de train dans la nuit ; un orgue et une viole de gambe qui, avec plus de discrétion encore, manœuvrent en musique. Peut-être est-ce l’intention première d’Atmen, qui impressionne et puis stupéfie. Eva-Maria Houben, Bileam Kümper : Atmen 3 – Atmen 4 (Diafani, 2013)
Avec Kümper encore, deux autres Atmen. Sur lesquelles orgue et tuba commandent à un lot de sirènes de glisser sous votre fenêtre conseils et sifflements (Atmen 3) ou, dans un même élan monochrome, établissent des parallèles dont les harmoniques révèlent à l’auditeur de rares textures instrumentales.
Eva-Maria Houben : Field By Memory Inhabited III & IV (Rhizome, 2014)
Eva-Maria Houben et Bileam Kümper, toujours. Mais pas pour rien. Ces deux Field by Memory Inhabited – soit : deux fois un piano contre un violon (alto) – jouent des codes : silences obligatoires et romantisme de bagatelle, notes tenues contre silences mesurés, rumeurs de piano contre archet qui grince voire raye jusqu’à l’instrument ; et puis un orgue qui converse avec un tuba : les instruments ont changé, mais l’air est le même : silences obligatoires, etc.
Eva-Maria Houben : Aus den fliegenden blättern eines fahrenden waldhornisten (Edition Wandelweiser, 2015)
Derrière Aus den fliegenden…, trouver huit pièces datant de 2013, interprétées en 2015 par Wilfried Krüger au cor d’harmonie. D'autres silences, bien sûr, mais surtout des notes tenues et la voix qui parfois perce l’instrument : à force, celle-ci arrange sur ces chansons lentes et à la dérive des airs liturgiques tentés par le doute. C’est là un classique qui sait son contemporain et que la foi a déserté : assez pour aller l’entendre.
Machinefabriek, Subterraneanact : Persistent Objects (Opa Loka, 2016)
Bien décidé à rattraper mon retard (voir chronique du 10 mars) avant 2026, j’enquille : aujourd’hui, c’est Persistent Objects que Rutger Zuyderveit (aka Machinefabriek = objets, electronics) a enregistré avec Henk Bakker (aka Subterraneanact = clarinette basse, electronics).
Au début, la clarinette c’est presque du didgeridoo, un didgeridoo qui souffle sur des petits oiseaux enregistrés, mais tout ça ne dure pas. Parce que les electronics ne mettent pas longtemps à crisser. Mais pas au point non plus de faire s’envoler les oiseaux mais quand même de retourner le jeu de clarinette. Bakker entame donc un solo, un solo long, un solo long au loin… Et l’on dirait que c’est à ce solo que Zuyderveit réagit, souvent lentement et avec un amour pour le son travaillé (réverbérations, larsens, décélérations… sont de la partie).
Mais parfois, il semble ne pas réagir, et laisse la clarinette seule (alors, en conséquence, elle est moins loin). Au fur et à mesure, Bakker et Zuyderveit trouvent un équilibre entre petites expérimentations (parfois longuettes) et ambient ultra sensorielle. Déjà pas mal…
Subterraneanact, Machinefabriek : Persistent Objects
Opa Loka
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Null 02/ Ripticl 03/ Spoore 04/ Kayos 05/ Fixiate 06/ Persistent Object 07/ Timecode 08/ Poly2 09/ Inc.Inc. 10/ Jolt 11/ And Beyond
Pierre Cécile © Le son du grisli
Steve Lacy Quintet : Last Tour (Emanem, 2015)
Ce concert jusque-là inédit se fait remarquer parmi les enregistrements plus anciens de Steve Lacy publiés récemment – par hatOLOGY (Shots) et Emanem (Avignon and After Volume 2 et Cycles). C’est qu’il consigne une des dernières prestations d’un quintette qui datait de 2001 (enregistrement à Paris de The Beat Suite) et réunissait le sopraniste, Irène Aebi, George Lewis, Jean-Jacques Avenel et John Betsch.
A la voix d’Aebi, Lacy ajoute ici la sienne : abîmée, mais néanmoins largement mise à contribution, ainsi récite-t-il William Burroughs, Robert Creeley, Bob Kaufman ou Ann Waldman et Andrew Schelling quand il ne prévient pas avec une certaine ironie l’audience présente à Boston ce 12 mars 2004 : « This is a real jazz tune ». Les textes des poètes, une fois repris par Aebi (qui ne s’embarrasse malheureusement que rarement de nuances, sur As Usual ou Train Going By), donneront leur titre à ces exercices de swing appliqué à quelques ritournelles.
Comme souvent celles de Lacy, les inventions de Lewis étonnent : expression rentrée en trombone sur Naked Lunch ou implacable solo sur l’un des classiques du sopraniste, Blinks. La musique qui se joue là est celle d’une formation qui navigue à vue sur des thèmes qui, sous leurs airs de légèreté, dissimulent une intensité étonnante. C’est l’effet de l’élégance qui n’aura jamais quitté Steve Lacy.
Steve Lacy : Last Tour (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 12 mars 2004. Edition : 2015.
CD : 01/ The Bath 02/ Morning Joy 03/ As Usual 04/ Naked Lunch 05/ Baghdad 06/ Train Going By 07/ Blinks 08/ In the Pocket
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Denis Fournier, David Caulet : Long Walk (Vent du Sud, 2016)
Ces deux-là n’ont pas pour habitude de tout livrer d’une traite. Ils ont l’exigence de l’espace, de la respiration. Ils ont la nécessité de s’éloigner pour mieux se retrouver. Ils ont la souplesse pour horizon. Ils ont des timbres tendres et résonnants. Leur chant est ductile, jamais ne coince, jamais ne se déchire. Ils aiment la douceur des mélodies récoltées sans manigance. Ils n’aiment les furias que languides.
Ces deux-là se nomment Denis Fournier et David Caulet. Le premier est batteur-percussionniste. Son jeu souple et pluriel mise sur le rebond, la rondeur, la résonance. Le second est un saxophoniste aux graves soyeux. Tous deux connaissent la réserve et les routes sinueuses. Tous deux récoltent des élans de tendresse qu’il fait bon partager. Par les temps qui courent…
Denis Fournier, David Caulet : Long Walk (Vent du Sud / Allumés du Jazz)
Enregistrement : 2016. Edition : 2016.
CD : 01/ Long Walk 02/ The Other Side of the Street 03/ Decisive Moment 04/ Give Me a Hug 05/ 07-36 06/ Saudade 07/ Unbuntu 08/ Talk with L
Luc Bouquet © Le son du grisli
Claudio Parodi : A Tree, at Night (Luscinia, 2015)
Les effets de Prima del Terzo ne s’étaient pas encore dissipés que se faisaient entendre les neuf pièces d’A Tree, at Night. Après avoir mis le port de Chiavari en bouteille, c’est vers ses habitants – réels ou fantasmés : Claudio Parodi aux voix, tout comme Luigi Marangoni, Bobby Soul, Carlo De Benedetti et Ratti – que Parodi semble ici tendre ses micros.
Certes, on entendra quelques notes de sanza, un brin d’italien chanté changé soudain en conversation – on soupçonne plusieurs fois un maladroit jeu d’acteurs – et quelques boucles de voix arrangées sur plusieurs pistes. Folie radiophonique, A Tree, at Night est en fait un conte dont les mots nous échappent et dont, aussi et malheureusement, le théâtre nous perd rapidement.
Claudio Parodi : A Tree, at Night
Luscinia Discos
Enregistrement : 2012-2013. Edition : 2015.
CD : 01/ A Tree, at Night 02/ Il Sediosauro 03/ Corridoio, la Donna bicipite 04/ Scale, Foglia rinsecchita 05/ Sutra di Guscio di Lumaca 06/ Il Maniaco della Pulizia 07/ Sentenza n. 2255 08/ The Red Bad Cat Gang 09/ Feather of an Eagle
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Strom Noir, Micromelancolié : '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E' (Zoharum, 2016)
Quand un ambianceur slovaque (Emil Mat’ko = Strom Noir) rencontre un ambianceur polonais (Robert Skrzyński = Micromelancolié), on peut craindre l’ambiance qui gèle. Or là non, car les deux amis se sont pas mal échauffés : musiciens prolifiques, Mat’ko débite du disque en veux-tu-en-voilà et Skrzyński encore plus que lui (dont de nombreux duos, avec Sindre Bjerga ou SEC_, par exemple).
Un chien qui hurle à la lune et le duo est parti ! Des notes de synthé, des field recordings (la mer par petites vagues, des oiseaux, des humains), des pédales d’effet qui en font (de l’effet) et notre duo par-dessus le tout qui arrange tout ça en le faisant vaciller(ça vacilletout le temps, pour dire la vérité). Ce qui n’empêche que c’est parfois monochrome, que les loops évoluent peu = on est là dans ambient de principe, dont on ne brise pas facilement la cadence. Une ambient qui peut évoquer Library Tapes jusqu’à ce qu’elle nous prenne à la gorge, sur la deuxième plage. Oppressé mais heureux de l’être…
Strom Noir, Micromelancolié : '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E'
Zoharum
Edition : 2016.
CD : 01-02/ '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E’
Pierre Cécile © Le son du grisli