Jonas Kocher, Gaudenz Badrutt, Ilia Belorukov : Quiet Novosibirsk (BRUIT, 2016) / Pascale Van Coppenolle : Dynamisch (2015)
De cette tournée faite en Russie en compagnie d’Ilia Belorukov – 31 août – 10 septembre 2014 – dont Rotonda documentait récemment encore la station pétersbourgeoise, Jonas Kocher et Gaudenz Badrutt ont fait un livre et un film – le second étant à trouver, sur DVD, dans le premier.
Au début du film, long d’une demi-heure, des paysages défilent sur la musique du trio. L’improvisation est donc en train – de se faire (captations de concerts) ou sinon de se préparer (la musique n’est alors plus qu’un des éléments du voyage, au même titre qu’une bribe de conversation, qu’une image qui raconte un peu du pays, qu’une autre image qui n’en dit rien…).
Au résumé impressionniste, spontané et défait, qu’est le film, le livre oppose ses multiples facettes, qui renvoient des photos de Lucas Dubuis – lui aussi du voyage – intéressées autant par l’événement et ses à-côtés que par l’acte fortuit ou la rencontre imprévue, un lapidaire carnet de bord (date, endroit, musique de fond, ambiance) tenu par Belorukov, une conversation datée du 23 décembre 2015 entre Jacques Demierre, Kocher et Badrutt, enfin, un texte du musicien Alexander Markvart, qui démontrerait qu’en Sibérie on improvise aussi. A la date du 5 septembre, Belorukov note : « Fine concert ». C’est justement ce qu’on était venu chercher.
Jonas Kocher, Gaudenz Badrutt, Ilia Belorukov
Alexander Markvart, Jacques Demierre, Lucas Dubuis
Quiet Novosibirsk. Spsan. Amplifier. Food. Long Day
BRUIT / AUS AM GERN
Edition : 2016.
Livre + DVD : Quiet Novosibirsk
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Comme le souligne le sous-titre de ce disque double, l’organiste Pascale Van Coppenolle profite là de l’exceptionnel – car à vent dynamique – instrument du Temple Allemand de Bienne. Interprétant une sélection de pièces classiques sur le premier disque, elle improvise sur le second : seule ou en duo avec Hans Koch (clarinette basse), Hannah E. Hänni (voix), Luke Wilkins (violon) et Jonas Kocher (accordéon). Autrement inventif, l’orgue rôde entre les graves tremblants de la clarinette, se fraye un chemin entre les souffles claquants de l’accordéon ou compose, avec Hänni, un air qui rappelle Bryars ou Pärt.
Pascale Van Coppenolle : Dynamisch. Die Orgeln der Stadtkirche Biel
Tulip Records
Edition : 2015.
2 CD : Dynamisch. Die Orgeln der Stadtkirche Biel
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Keefe Jackson, Josh Berman, Jon Rune Strøm, Tollef Østvang : Southern Sun (Stone Floor, 2015)
Dans le cadre d’un jazz qui aurait Ornette Coleman et Don Cherry pour référence première, Keefe Jackson, Josh Berman, Jon Rune Strøm et Tollef Østvang ne déçoivent pas. Entrelacs de saxophone-trompette, notes répétées avant l’envol du thème, cornet aiguilleur, ténor sans tension, rythmique soudée : la formule n’est pas nouvelle et fonctionne sans accrocs.
En de rares occasions, surgissent de fins contrepoints hérités de la West Coast. La mécanique laisse entrevoir d’autres horizons puis se défait sans préavis. Et, de nouveau, le cornet de tracer une route radieuse, distincte, et la clarinette basse de sangloter quelque vertueux solo. Enfin, comme chez Ornette et Don, le disque n’excède pas les quarante minutes. Infinie sagesse : au-delà, l’oreille aurait pu se lasser.
Keefe Jackson, Josh Berman, Jon Rune Strøm, Tollef Østvang: Southern Sun
Stone Floor Records
Enregistrement : 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Blues 02/ Southern Sun 03/ Your Uncle 04/ Melted Snow 05/ Whet Lies Ahead 06/ Symbol Reform 07/ Cold Snap 08/ Blowing in From
Luc Bouquet © Le son du grisli
Keith Rowe, Michael Pisaro & ONsemble à Nantes
Au terme d’un séjour d’un mois fait en Europe – qui lui permit, par exemple, de jouer avec John Tilbury à Glasgow, de retrouver Antoine Beuger à Haan et puis de passer par les Instants chavirés avec Didier Aschour et Stéphane Garin –, Michael Pisaro gagnait Nantes sur l’invitation de l’association APO-33. Au programme : l’enregistrement, en duo avec Keith Rowe, d’un futur disque Erstwhile (27 mai), et un concert donné avec le même Rowe et l’ONsemble qu’emmène Julien Ottavi (28 mai) à la Plateforme Intermédia de La Fabrique.
On trouvera ici et là le souvenir d’un premier échange Keith Rowe / Michael Pisaro, qui date de janvier 2013. Ce 28 mai, la configuration n’est plus la même : non plus côte à côte mais face à face, à quelques mètres de distance, Rowe – guitare sur table éclairée, alors que le soir tombe, par combien de lumignons clignotant ? – et Pisaro – assis entre un pupitre et un ampli, guitare sur les genoux. C’est une partie d’échecs que les musiciens semblent entamer : en artisan serein – un horloger, peut-être –, le premier y mesure ses gestes, arrange crépitements, frottements et claquements, allume une radio d’où sort un air romantique qui, quelques minutes durant, fera vaciller les étincelles fusant de l’instrument – rappelant ce qu’entendait jadis l’écrivain Charles Barbara par « improvisation » : « combinaisons toujours nouvelles (qui) dégoûtent étrangement des meilleures symphonies du passé. » ; en chercheur encore inassouvi, le second multiplie, lui, les propositions : manipulant son seul ampli entre deux silences ou deux réflexions, arrachant des morceaux de ruban adhésif à proximité d’un micro, pinçant nonchalamment une ou deux cordes quand il ne décide pas plutôt de jouer de sa guitare électrique de façon plus conventionnelle – comme un étudiant qui tirerait la langue, il égrène alors quelques notes en rêvant d’arpèges clairs. L’un avec l’autre et aussi seul, de temps en temps, chacun avec son propre « système », Rowe et Pisaro inventent encore et, si ce n’est pas le cas de leurs gestes, leurs inventions sont coordonnées.
Certes, (à force de répétitions et de concerts donnés) Keith Rowe est un habitué de l’ONsemble ; mais, malgré la garantie et à la place du compositeur Pisaro, on pourrait craindre la compagnie d’un orchestre dont on connaît mal, voire pas, les différents éléments : huit musiciens (clavier, nouvelles guitares à plat, clarinette, contrebasse, percussions…) rejoignent le duo. Or la greffe prend avec un naturel confondant : les pendules (électroniques) mises à l’heure, l’orchestre alterne longs silences et éveils fragiles après lesquels il s’agira de ne pas menacer l’indolente discipline que l’expression de Pisaro chérit. A défaut de pouvoir dire tout à fait ce qu’une telle partition renferme – la licence laissée à l’interprète peut-elle expliquer que la pluie qui au-dehors tombe paraisse épouser l’idée qu’à l’intérieur on se fait de la musique ? –, le spectateur soupçonnera un relai d’amorces du même soulèvement (le souffle d’un ventilateur de poche ou le grincement d’un archet peuvent être à l’origine d’un effet papillon que des coups de mailloches dans l’air ou le souffle de Pisaro dirigé sur micro-pissenlit auront beau jeu de contrer) pour suivre ensuite le parcours ramassé d’une somme de précautions bruitistes : ainsi la partition lue, autant que ce duo augmenté d'un ensemble, frémit puis impressionne plusieurs fois avant que ses sons, qui échappaient déjà à l’entendement, s’évanouissent. A l’instant même où les musiciens ont commencé à ranger leurs instruments.
Didier Lasserre, Thierry Waziniak : Twigs (Label Rives, 2016)
C’est, entre deux carrés aimantés, un duo de batteries enregistré le 5 juin 2015 à La Maison en bois d’Abbéville-la-Rivière, le long duquel Didier Lasserre et Thierry Waziniak (qui, avec Jacques Di Donato et Gaël Mevel, forme le Trio Rives) improvisent en toutes discrétions. Le pluriel est de mise car les deux musiciens s’y entendent pour faire œuvre de « brindille », nom donné aux trois plages du disque, structures fragiles que ménageront des gestes qui tombent aussi lentement qu’ils se seront levés.
Sur la fin de la première, après un passage de rumeurs et de sifflements, une grosse caisse exige-t-elle que s’achève cet air de soupçons et de soupirs ? C'est que la deuxième brindille est plus nerveuse, mais aussi plus courte que les autres : trois minutes seulement, après lesquelles la retenue fait son grand retour. Et s’il est plus difficile de s’entendre sur une retenue, sur un soupçon ou sur un soupir que dans le fracas – est-ce ici la batterie de Waziniak qui réclame la parole quand celle de Lasserre s’efface autant qu’il est possible ? Est-ce l’inverse ? –, la retenue en question, le soupçon accordé ou le soupir pratique délivrent les éléments d’une expression tangible qu’il est, à Lasserre comme à Waziniak, finalement impossible de taire.
Didier Lasserre, Thierry Waziniak : Twigs
Label Rives / Metamkine
Enregistrement : 5 juin 2015. Edition : 2016.
CD : 01Première brindille 02/ Duexième brindille 03/ Troisième brindille
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Christian Fennesz, Jim O’Rourke : It’s Hard for Me to Say I’m Sorry (Editions Mego, 2016)
Voilà qui promettait de l’arpège de guitare électrique sur une ambient au délirium très mince : Jim O’Rourke & Christian Fennesz, enregistrés (pour la première fois en duo, notons-le !) au Japon en septembre 2015…
Ces deux-là seraient donc toujours à la colle depuis l’expérience (mitigée, selon moi) Fenn O'Berg + toujours à la recherche du « magic sound » ? Eh bien oui : belote (drone sur drones), rebelote (pop synthétique) et dix de der (saturations de rigueur) = It’s Hard for Me To Say I’m Sorry. Maintenant, si ça ne révolutionnera pas l’électro bruineuse, je n’ai rien à reprocher à cette nouvelle collaboration (surtout pas la pochette, qui a fait entrer dans mon deux pièces un nouveau compagnon).
Christian Fennesz, Jim O’Rourke : It’s Hard for Me to Say I’m Sorry
Editions Mego
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
LP : A/ I Just Want You to Say – B/ Wouldn’t Wanna Be Swept Away
Pierre Cécile © Le son du grisli
Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four (Cathnor, 2015)
Sur les cartons qui enferment ces deux disques Cathnor courent des lignes – dont les trajectoires, déjà mystérieuses, peinent à s’accorder – extraites de la partition graphique d’Untitled for Four. Avec Jason Kahn (aux synthétiseur analogique, table de mixage et radio), son compositeur, Patrick Farmer (platines CD, enceintes préparées), Sarah Hugues (cithare, piano) et Dominic Lash (contrebasse) en donnent deux lectures.
Chacune des lignes, toutes de l’épaisseur d’un cheveu, chantera selon son interprète : lui, ou elle, trouvera ici l’occasion de trembler, là celle de supposer, ailleurs encore celle de se taire – plutôt : de ne rien oser d’autre que de suivre la ligne. Du discret usinage s’élèvent des rumeurs diverses qu’un archet épais avalera bientôt. C’est en conséquence (et semble-t-il) la contrebasse qu’il faut renverser : face à son insistance, Kahn, Farmer et Hugues envisagent des pièges – discrètement d’abord, avec force ensuite (sur la seconde version de la pièce, les larsens pénètrent ainsi davantage) – que Lash accueille avec une indifférence élégante. Ses compagnons l’acceptant, Untitled for Four profite d’élégances subtilement additionnées.
Jason Kahn, Patrick Farmer, Sarah Hugues, Dominic Lash : Untitled for Four
Cathnor
Enregistrement : 2012. Edition : 2015.
2 CDR : CD1 : 01/ Untitled for Four Version 1 – CD2 : 01/ Untitled for Four Version 2
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Marco Eneidi (1956-2016) : portrait, expéditives, autoportrait
En hommage à Marco Eneidi, saxophoniste américain disparu le 24 mai dernier, nous reproduisons ici son portrait, paru dans l'ouvrage Way Ahead, Jazz en 100 autres figures (Le Mot & Le Reste, 2011), et les cinq évocations de disques qui y furent rattachées. En conclusion, on pourra lire, signé de lui à l'époque de l'écriture dudit portrait, un résumé de son singulier parcours de musicien.
Après avoir servi le dixieland à la clarinette, Marco Eneidi passe au saxophone alto : s'entraînant beaucoup, il en apprend encore de musiciens – pour la plupart venus de New York où ils soignent en lofts leur intérêt commun pour l'avant-garde – qu'il va entendre au Keystone Korner de San Francisco. S'il adhère à une esthétique virulente, Eneidi n'en intègre pas moins en 1978 une formation dans laquelle il s'applique à rendre en écoles ou en hôpitaux de grands thèmes du swing jusqu'à ce que lui soit reprochée sa sonorité peu orthodoxe. Ayant peaufiné celle-ci au contact de Sonny Simmons, le jeune homme s'installe en 1981 à New York : là, il prend des leçons de Jimmy Lyons – saxophoniste qu'il entendit à San Francisco dans l'Unit de Cecil Taylor – et intègre à l’occasion de concerts la Secret Music Society de Jackson Krall ou le Sound Unity Festival de Don Cherry. En 1984, Bill Dixon l’accueille à la Black Music Division qu’il dirige au Bennington College : avec le trompettiste, Eneidi se fait entendre en Black Music Ensemble et enregistre Thougts. En trio avec William Parker et Denis Charles, le saxophoniste donne l’année suivante un concert bientôt consigné sur Vermont, Spring, 1986, premier disque autoproduit qui sera suivi d’autres, sur lesquels interviendront à l’occasion Karen Borca, Raphé Malik ou Glenn Spearman. Dans les années 1990, après s’être fait remarquer en compagnie de Cecil Taylor et de premières fois dans le Little Huey Creative Music Orchestra de William Parker, Eneidi anime en association avec Spearman un (autre) Creative Music Orchestra. Pour s’être installé en Autriche en 2004, il pensa ensuite le Neu New York / Vienna Institute of Improvised Music, projet qu’il emmène régulièrement au Celeste Jazz Keller de Vienne.
En compagnie de Karen Borca – bassoniste pour toujours associée à Jimmy Lyons qu’il fréquenta au sein d’un Associated Big Band dans lequel intervenaient aussi Rob Brown ou Daniel Carter –, Marco Eneidi retrouvait trois partenaires fidèles : les contrebassistes William Parker et Wilber Morris et le batteur Jackson Krall. Hanté par le souvenir d’une tournée faite en Espagne avec Cecil Taylor – le pianiste ayant composé pour Eneidi l’atmosphérique « Untitled » –, l’alto passe sur Final Disconnect Notice de pièces de free bop en ombreuses plages de déconstructions. Surtout, contrarie sans cesse son invention mélodique en faisant usage d’une passion vive et décimant.
Peu après avoir défendu Free Worlds en sextette emmené par le pianiste Glenn Spearman, Eneidi retrouvait celui-ci à l’occasion de l’enregistrement de Creative Music Orchestra, premier disque du grand ensemble éponyme que les deux hommes fomentèrent en associés. Là, une suite en six mouvements profite des conceptions rythmiques singulières auxquelles Bill Dixon ouvrit Eneidi – qui signe l’essentiel des compositions à entendre ici et aussi arrangé pour l’occasion « Naked Mirror » de Cecil Taylor. De valses instables en cacophonies superbes, Eneidi et Spearman conduisent de main de maître un orchestre rebaptisé ensuite American Jungle Orchestra.
A l’occasion d’un concert donné à Oakland où il a passé une partie de son enfance, Eneidi retrouvait William Parker en trio. Au poste que Denis Charles occupait sur Vermont, Spring, 1986, trouver sur Cherry Box Donald Robinson, batteur souvent associé à Glenn Spearman et qui démontre là une science presque aussi discrète qu’hautement efficace. Porté par ses partenaires, l’alto déploie en six autres moments un discours instrumental qui doit autant à l’écoute de l’intense ténor de John Coltrane qu’à celle – combinée ? – des altos aériens de Charlie Parker et Ornette Coleman.
Pour le bien de Ghetto Calypso, Eneidi convoquait une autre fois à ses côtés deux contrebassistes : Peter Kowald – qu’il côtoya dans le Sound Unity Festival Orchestra de Don Cherry – et Damon Smith – membre appliqué de l’American Jungle Orchestra. Avec Spirit aux percussions, l’association improvise là des vignettes sur lesquelles l’alto démontre une verve remarquable. Si la paire de contrebassistes de Final Disconnect Notice put faire référence à Olé Coltrane, celle-ci détermine davantage le jeu anguleux d’un saxophoniste fulminant en structures de cordes tendues.
A l’occasion d’un Live at Spruce Street Forum, Marco Eneidi et Peter Brötzmann – autre musicien entendu dans le Sound Unity Festival Orchestra – composèrent un quartette à initiales dans lequel intervenaient aussi Lisle Ellis (contrebasse) et Jackson Krall (batterie). B.E.E.K., de rendre là cinq pièces improvisées : Brötzmann passant de saxophones en clarinette pour mieux défendre en adéquation avec l’alto un free jazz fait de charges héroïques autant que de débandades relativisées par la superbe avec laquelle les musiciens accueillent chaque moment de flottement. Une virulence d’une autre époque peut être, mais incendiaire encore.
Born 1956, November 1st Portland, Oregon; moved to Oakland, california age 5; after high school age 17, went to italy 1974 music conservatory Venice then 1975-76 Portland Oregon Mt. Hood Community College, 1976-1979 Sonoma State University California; was in C.E.T.A. Band 1979-80, moved to NYC 1981. Started playing clarinet age 9, got serious about music and the alto saxophone age 20. First influences in music was soul music, San Francisco blues which led to Missisipee Delta blues, played guitar as teenager. First influence on saxophone was John Coltrane Plays the Blues, then Cannonbal Adderley, Bird, Orrnette, Dolphy etc. First experiences performing outside of school bands was playing clarinet in a dixieland band at the pizza parlour and at old folks homes during high school. Later at age 20-21 played in a restaurant weekly as a duo with a piano player playing standards. Then came the C.E.T.A. Band which we performed every day twice a day for one year in schools and old folks homes/nursing homes. 1978-80 much time was spent in San Francisco going to the Keystone Korner club and hearing all the groups coming thru town, much of which was coming from the NY loft scene. 1981 – NYC lessons w/ Jimmy Lyons, meeting and working with Denis Charles, William Parker, Earl Cross, Don Cherry, Sunny Murray, Jim Pepper. 1984 – started working with Bill Dixon. 1992 – started working with Cecil Taylor. 2005 – formed the Neu New York/Vienna Institute of Improvised Music. Lliving in Wien since November 2004. Marco Eneidi, 12 décembre 2011.
Maninkari : Oroganolaficalogramme (Ferme-l'oeil, 2016)
Cela fait près de dix ans que Maninkari (= Frédéric & Olivier Charlot) sort des disques et ce n’est qu’avec Oroganolaficalogramme que je fais sa connaissance (j’en ai appris pas mal ici grâce à l'ami Eric Deshayes, pour tout révéler de mes pitoyables (je sais) méthodes de travail). Ça commence à l’orgue, comme un orgue d’église ou même de cathédrale et on imagine le retour pas prévu du dernier drone qu’on a écouté sur on-ne-sait-plus-quel CD mais non c’en est un autre, et puis ce n’en est plus un.
Car voilà qu’arrive un violon (un peu plus loin ce sera un violoncelle) et on entre dans un pentacle qui n’est plus dronien mais métalleux. Mais attention, d’un métalleux d’ambiance, à la Barn Owl (mais sans les arpèges de guitares) ou à la Earth un peu ou, si on remonte plus loin encore, au kraut de Peter Michael Hamel. Le plus, c’est qu’au fil des plages, l’organolaficalogramme bouge : des percussions qui tonnent, un violon qui tournoie, une « voix » qui enchante un folk noir… Maninkari a baptisé certains de ses travaux improvisés / composés Continuum : on promet de suivre le fil.
Maninkari : Oroganolaficalogramme
Ferme-l’œil
Edition : 2016.
CDR : 01-07/ Oroganolaficalogramme
Pierre Cécile © Le son du grisli
Mia Zabelka : Monday Sessions (Creative Sources, 2015)
Crissante, voltigeuse, insistante, vrillante, écartelée, cisaillante, robuste, bruissante : voici Mia Zabelka. Mia Zabelka est violoniste, on commence à le savoir. Elle râcle et frotte la corde jusqu’à la rupture. Elle additionne les périphéries de l’instrument, pousse le raid assez loin. Comme d’autres sont adeptes du souffle continu, elle, est partisane de l’archet continu. Elle pousse son instrument dans ses derniers retranchements, le parasite mais, parfois, lui ordonne de comploter quelque partita délurée, énigmatique.
Mia Zabelka est aussi vocaliste : ça, on le sait moins. En duo-désaccord avec son violon, elle le provoque, l’abandonne et l’encourage à crisser encore plus loin. En solitaire, elle navigue entre murmures, étirements, égosillements : drôle de scat sonique-rythmique que celui-ci. Le violon ne me sciant pas les nerfs, j’adopte sans restriction aucune le Monday Sessions de Mia Zabelka.
Mia Zabelka : Monday Sessions
Creative Sources / Metamkine
Enregistrement : 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Dunkles zu Sagen 02/ Concentric Circles 03/ Oscillations 04/ Strömungen 05/ Imminent Disaster 06/ Entfremdung 07/ Stream of Consciousness 08/ Papagei 09/ Remembrance 10/ Nachtbild
Luc Bouquet © Le son du grisli
Celer : Inside the Head of Gods (Two Acorns, 2016)
J’ai déjà été assez sévère avec Celer (Dying Star) mais j’ai aussi été moins sévère (Sky Limits). Je m’attendais donc à l’être encore moins – il faut bien que l’on progresse, non ?, musiciens comme critiques – en gavant ma platine de ce nouveau rond de polycarbonate, mais pas à ce point…
Dix petits morceaux d'orgue que Will Long (désormais seul à la tête de Celer) a enregistré pour une exposition de peintures de Taichi Kondo (peut-être que le disque passait toute la journée en mode repeat ?). Dix petits morceaux accrochés les uns aux autres qui donnent un grand tout (mais un grand tout de 24 minutes seulement) qui m’a, je dois bien le reconnaître, soufflé.
J’ignore de quel orgue jouait Long mais ses notes, que l’on suit de leur naissance à leur extinction, ont de quoi surprendre. Notre homme peut s’en tenir à une couche ou soutenir cette couche en sous-marin grâce à un grave continu, de toute façon son destin est joué et tout en haut de la courbe il faut la descendre jusqu’au trou béant. Des drones ? Oui mais interrompus par des silences. Une ambient ? Oui mais une ambient qui infuse et qui provoque des choses dans celui qui l’écoute. Au point que celui qui écoute demande pardon pour tout ce qu’il a écrit sur Celer (c’était il y a longtemps, et puis c’était de votre faute)…
Celer : Inside the Head of Gods
Two Acorns
Enregistrement : 2016. Edition : 2016.
01-10/ Inside the Head of Gods
Pierre Cécile © Le son du grisli