Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Joel Grip : Pickelhaube (Umlaut, 2012)

joel grip pickelhaube

A lire les notes qui accompagnent Pickelhaube, la « réussite » d’un enregistrement solo serait une question d’heure bien sûr, d’endroit encore, de prise de son aussi. A Stockholm, Joel Grip – contrebassiste que l’on a pu entendre récemment encore sur disques Snus ou Je Suis ! – a trouvé en Petter Hölaas un ingénieur du son capable de mettre en valeur sa pratique instrumentale, ici d’ombres et de patience.

Les deux faces de Pickelhaube sont arrangées de la même façon : deux courtes pièces précèdent une plus grande. En A, l’archet frétille ou éreinte la corde sur un mouvement de balancier ; les doigts cherchent la note qui se dérobe, la frôlent puis s’en éloignent ; les pizzicatos trouvent dans la chute libre le moyen de créer des morceaux de mélodies réfléchies. En B, un archet refuse le rythme encore ; d’autres pizzicatos tâtonnent avec nonchalance ; un aigu perce, enfin, qui s’emparera de l’entier contenu de Pickelhaube pour l’inscrire dans la ligne fuyante : répétitif, l’aigu que pousse de moins en moins vaillamment l’archet finit par s’éteindre. Sur lui se referme ce beau solo d’instrument grave.

Joel Grip : Pickelhaube (Umlaut)
Enregistrement : 8 mars 2012. Edition : 2012.
LP : A01/ Tore Anderssons uteblivna tapto A02/ En kraftlös försvarare av en redan förlorad sak A03/ Svenska missilfabrikens samvete B01/ Die neue hoboisten musik B02/ Pour votre sécurité B03/ The economic hit man
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

souffleA l’occasion de la sortie de Pickelhaube, Joel Grip donnera un concert ce vendredi 8 juin, en fin d’après-midi, au Souffle Continu à Paris.



Petrels : Haeligewielle (Denovali, 2012)

petrels haeligewielle

Premier album d’un gars nommé Oliver Barrett du projet Bleeding Heart Narrative, Haeligewielle s’inscrit dans la – hélas – très peuplée catégorie des déclinaisons ambient dont les structures s’étirent de longues minutes avant de réellement démarrer (et cinq minutes à se demander ce qu’on a fait de sa life, c’est vachement long ). Bref, ça veut jouer dans la même catégorie que Stars of the Lid sans en avoir les moyens stellaires et ça me les brise menues. Et s’il retournait à la pop cinématique de Bleeding Heart Narrative, pour voir ?

Petrels : Haeligewielle (Denovali)
Edition : 2012.
CD / LP : 01/ After Francis Danby 02/ Silt 03/ Canute 04/ The Statue Is Unveiled With The Face Of Another 05/
Concrete 06/ Winchester Croydon Winchester 07/ William Walker Strengthens The Foundations
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Asunder Trio : The Lamp (Kilogram, 2012)

asunder the lamp

En concert à Birmingham le 22 mars 2011, un trio : Asunder. A l’intérieur : Paul Dunmall, Hasse Poulsen et Mark Sanders.

Experts en tensions – voire en nervosités –, adroits dans l’art de composer avec elles, les musiciens n’avaient plus qu’à s’entendre sur trois improvisations. Chose faite, et avec nuances : Poulsen égrenant au médiator des notes qui mettent en selle le trio sur le dos d’un derviche tourneur (Asunder, « en morceaux ») avant de fomenter dans l’ombre des vagues auxquelles Sanders donnera de l’épaisseur, et dont le soprano épousera les formes pour remuer davantage.

For Tony Levin, enfin : l’hommage adressé au batteur disparu en février de la même année permet au trio de dire autrement encore. Poulsen y change sa guitare en synthétiseur distingué, les cymbales sifflent et le ténor tremble légèrement ; en satellite d’un gimmick sorti de cordes graves et sous les coups de baguettes, Dunmall ira décrocher un paquet inattendu d’aigus : emporté autant que subtilement démonstratif, à l’image du trio et de son premier disque dans son entier.

Asunder Trio : The Lamp (Kilogram)
Enregistrement : 22 mars 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ Asunder 02/ The Lamp 03/ For Tony Levin
Guillaume Belhomme © le son du grisli


Florian Wittenburg : Artefacts (Berslton, 2011)

florian wittenburg artefacts

Sur le site de Florian Wittenburg, on apprend que celui qui sort ces jours-ci ce disque de solo electronics est passé par le Centre de Création Musicale Iannis Xenakis. C’est une piste pour aborder Artefacts qui contient cinq compositions enregistrées de 2005 à 2011.

Le parallèle avec Xenakis, c’est bien sûr le lien entre architecture et musique. Il y a aussi ce goût de l’acier dont on croit entendre la respiration. Pour nous la révéler, Wittenburg nous guide dans une salle des machines qui se fait l’écho de multiples mécanismes (gong qui résonne, soufflerie qui drone, rotation de bâtons de pluie en fer…). Les bruits sont esthétisés au possible et, bizarrement, rendus plus inquiétants encore. Leur effet résume toute l’ambient industrielle qui ressort de ces travaux de Wittenburg, qui sont beaux comme des carcasses de fer en décomposition.

Florian Wittenburg : Artefacts (Berslton Records)
Enregistrement : 2005-2011. Edition : 2011.
CD : 01/ Nuageux II 02/ Chaos Baart Harmonie 03/ Noisy Knifes + gong 03/ Aliasing Bell Pattern 05/ Nuageux IV
Pierre Cécile © Le son du grisli


Jean-Claude Jones : Myelination (Kadima Collective, 2011)

jc jones myelination

La myéline est une graine de protection enveloppant les fibres nerveuses. En disparaissant, elle facilite l’apparition de la sclérose en plaques, maladie dont est atteint le contrebassiste Jean-Claude Jones. Enregistrées et ralenties à l’aide d’un logiciel, ces molécules en mouvement forment un magma sonique souterrain, brumeux et continu.

JC Jones et quelques-uns de ses amis musiciens se sont frottés aux vibrations de la protéine des myélines en six improvisations aux fortunes diverses : le contrebassiste et son archet se débattent et luttent contre ce fiel sonique ; les clarinettes d’Harold Rubin et de Yoni Silver imitent, prolongent et écartèlent la matière ; la saxophone baryton de Steven Horenstein ne s’y risque guère ; la voix de Yael Tai l’ignore et dédouble sa plainte ; le soprano d’Ariel Sibolet et les percussions d’Haggai Fershtman égalisent et perpétuent un roulis sans fin ; Jake Marmer brouille sa poésie de craquements incessants. Un disque étonnant et attachant.

JC Jones : Myelination (Kadima Collective / Improjazz)
Enregistrement : 2006-2011. Edition : 2011.
CD : 01/ 18 aas 02/ Inducing One 03/ JC’s Remix 04/ 18 aas 05/ Voices 06/ AnHag 07/ 18 aas 08/ Inducing Two 09/ Underskin Orchestra
Luc Bouquet © Le son du grisli



Ethel : Heavy (Innova, 2012)

ethel heavy

C’est une ronde, une drôle de ronde, qui tourne lorsque des noms inconnus se font une place dans vos murs avec Heavy. Ces noms sont ceux de quatre archets (Cornelius Dufallo, Mary Rowell et Ralph Farris aux violons et Dorothy Lawson au violoncelle) qui ont pris Ethel pour nom plus un autre violon invité par le groupe (Kenji Bunch, présent sur un titre seulement).

L’impression première est celle de tomber sur un mélange d’Abou-Khalil et de Balanescu, mais on revient vite de cette impression. Parce que sur String Quartet No. 2, une grande composition de Don Byron, les pizzicati s’entrechoquent et font dérailler une œuvre qui déçoit quand même lorsqu’elle abuse de l’unisson. Ensuite parce que les accrocs rock et les dissonances, lorsqu’ils ne sont pas gratuits comme sur Spheres, arrivent à raviver la flamme des amateurs de quatuor à de cordes. C’est le cas sur La Citadelle de Raz MesinaiEthel joue des violons comme The Ex des guitares. C’est déjà surprenant, si ce n’est pas encore totalement abouti.

Ethel : Heavy (Innova Recordings)
Edition : 2012.
D : 01-04/ String Quartet No. 2 05/ Spheres 06/ Early That Summer 07/ No Nickel Blues 08/ La Cita-delle 09/ Wed 10/ String Circle No. 4 11/ Rounds
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Rafael Toral : Space Elements Vol. III (Taiga, 2011) / Rafael Toral, Davu Seru : Live in Minneapolis (Clean Feed, 2012)

rafael toral space elements iii

Quelques mois après sa parution sur CD sous étiquette Staubgold, le label Taiga publie sur vinyle le troisième volume de Space Elements de Rafael Toral – élément enregistré d’un projet que l’intéressé présentait ici de la sorte : « The Space Program part d'une idée simple qui consiste à établir des manières de jouer de la musique électronique selon des valeurs qui trouvent leurs origines dans le jazz ».

Comme ses prédécesseurs, ce volume de Space Elements fait œuvre de collages et d’abstraction : Toral y déroute son discours et surprend son langage en empruntant autant à la pop qu’à la musique expérimentale et en recevant les propositions de quelques invités : le pianiste Riccardo Dillon Wanke, le guitariste Toshio Kajiwara, Victor Gama sur un instrument de son invention baptisé acrux, les percussionnistes Tatsuya Nakatani, César Burago, Afonso Simões et Marco Franco.

A l’électronique, Toral fait face au point de changer un capharnaüm en cabinet de curiosités rares : à la cisaille électrique, il taille structures rythmiques et cordes de guitares pincées ; à force d’ondes, il peut doubler la peau d’un tambour ou envelopper les bruissements du piano dans un même élan d’apaisement inspiré. C’est d’ailleurs là que se niche la nouveauté de ce troisième volume de Space Elements : dans la patience qui profite à l’arrangement des souffles et des rythmes atténués.

Rafael Toral : Space Elements Vol. III (Taiga)
Edition : 2011.
LP : 01/ III.I 02/ III.II 03/ III.III 04/ III/IV 05/ III.V 06/ III.VI 07/ III.VII 08/ III.VIII
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



toral seru live in minneapolis

C’est avec un autre percussioniste, Davu Seru, que Toral mettait en œuvre son Space Program et interrogeait ses usages de l’électronique. Daté du 8 mars 2011, ce Live in Minneapolis se découpe en trois temps : Toral contrant d’abord la forfanterie du batteur à coups d’aigus puis de graves ; Toral et Seru faisant ensuite preuve de trop de précautions pour s’imposer vraiment ; Seru martelant enfin pour que revienne une opposition plus frontale et autrement démonstrative. Ainsi donc, l’intérêt fluctue.  

Rafael Toral, Davu Seru : Live in Minneapolis (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 8 mars 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ First Third 02/ Second Third 03/ Third Third
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


Kjetil Møster : Blow Job (+3dB, 2011)

kjetil moster blow job

Malgré son titre ironique, qui fait référence au souffle nécessaire à la maîtrise du saxophone – en témoignent les trois premières minutes de l’inaugural morceau-titre où l’on n’entend que le souffle de Kjetil MøsterBlow Job est une œuvre totalement prenante dans l’interstice fragile qui sépare le free jazz de la musique contemporaine sur l’excellent label norvégien +3dB.

Telle une déclinaison solo – du sax, du sax et encore du sax – penchée sur le Lemur Quartet et R.S.Gjertsen, deux compagnons d’étage et ce n’est pas un hasard, les six pièces jouées lorgnent avec (ré)jouissance sur les multiples champs ouverts par Marshall Allen. D’une pertinence parfois réconciliée avec une mélodie qui aurait trainé en Inde ou à Harlem, sans pour autant négliger sa nordique attitude entre détachement et profondeur, le jazzman norvégien fait une entrée fracassante dans mon univers. Qui en redemande déjà.

Kjetil Møster : Blow Job (+3dB)
Edition : 2012.
CD : 01/ Blow Job 02/ Partially Natural 03/ No Wonder We Love 04/ Sayonara 05/ Seaweed 06/ I've Been Loosing Me
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Bobby Bradford : With John Stevens and the Spontaneous Music Ensemble (Freedom, 1971)

bobby bradford john stevens

Ce texte est extrait du quatrième volume de Free Fight, This Is Our (New) Thing. Retrouvez les quatre premiers tomes de Free Fight dans le livre Free Fight. This Is Our (New) Thing publié par Camion Blanc.

C’est à Londres, en 1971, que Bobby Bradford enregistra en compagnie du Spontaneous Music Ensemble de John Stevens. A l’intérieur de celui-ci, on trouvait l’incontournable saxophoniste Trevor Watts et puis la vocaliste Julie Tippetts, le tromboniste Bob Norden et le contrebassiste Ron Herman. Watts se souvient des circonstances : « Celui qui a suggéré à Bobby que John Stevens et moi étions les musiciens anglais qui pourraient faire honneur à sa musique, c’est le journaliste Richard Williams, qui travaillait à l’époque au Melody Maker. Il a, en quelque sorte, joué les agents de liaison… »

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Dans les notes du livret accompagnant la réédition sur deux CD de ces séances – sous étiquette Nessa, label qui les réédita une première fois sur vinyle au début des années 1980 –, Bobby Bradford confirme : « A l’été 1971, j’appartenais à un groupe de professeurs de l’enseignement public qui avait organisé un séjour en Angleterre pour peu cher. A cette époque, je n’avais pas le moindre contact à Londres, mais en Californie, on m’avait donné un nom : Richard Williams. Quand j’ai appelé Richard, il m’a dit qu’il aimerait que je rencontre quelqu’un. Quelques heures après, John, Trevor et moi jouions ensemble, et le jour d’après Bob Norden, Julie Tippetts et Ron Herman, se sont fait une place sur la photo. Nous avons donné quelques concerts dans des pubs de Londres et ses environs puis nous sommes entrés en studio. Ce fut un événement magnifique : totalement spontané, enivrant, fou… Pour John, Trevor et moi, ça a été le début d’une longue et fructueuse collaboration. »

Depuis le milieu des années 1960, le Spontaneous Music Ensemble travaille à son adaptation du free jazz. Né au Little Theatre Club de la cuisse du quintette que Trevor Watts et le tromboniste Paul Rutherford menaient de concert et dont John Stevens tenait la batterie, le groupe appliqua à ses improvisations les processus compositionnels élaborés par ce-dernier – qui voudra en apprendre davantage sur les click et sustained pieces devra aller lire l’ouvrage, récemment réédité par Rockschool, Search and Reflect : Concepts and Pieces by John Stevens.

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A l’origine du double disque né des efforts de Nessa, il y a un disque unique, édité en 1974 par le label Freedom. Faisant fi des compositions de Bradford – « Room 408 », « His Majesty Louis », en hommage à Armstrong –, il consigne une improvisation et deux compositions de Stevens capables de permettre la rencontre du jazz inventif et de l’improvisation telle qu’on l’applique alors en Angleterre. A en croire Watts encore, malgré l’enjeu, l’atmosphère est accommodante : « Bobby était sans arrêt disposé au mieux. Après chaque concert (à l’époque, je fumais encore), nous partagions d’excellents cigares cubains qu’il avait apportés. C’était sa façon à lui de célébrer les moments que nous passions ensemble. Côté musique, il a toujours été très ouvert… »

Côté musique, pour s’en tenir au contenu du disque Freedom, Bobby Bradford With John Stevens and the Spontaneous Music Ensemble est un enregistrement remarquable. En ouverture, trouver trois pièces de Stevens assemblées : « Trane Ride », « Ornette-Ment » et « Doo Dee », qui déploient une dramaturgie sonore aux multiples confrontations. Stevens y tient le rythme, les souffleurs y bataillent avant de se tourner le dos pour s’exprimer en individualistes : replis dans le free jazz, Watts sifflant lorsque Bradford claironne. Une improvisation, ensuite : « Bridget’s Mother ». De l’autre côté du miroir, l’association déroule le fil ténu qui sort de la bouche de Tippetts : l’indolence suit un principe de réflexion, trompette et alto font œuvre d’artifices quand Stevens tient le silence en respect entre deux baguettes. La batterie réapparaît sur l’autre face : « Tolerance / To Bob » est d’abord une marche désespérée qui respecte l’allure d’une valse perdue ; « Tolerance / To Bob » est ensuite un aveu de mordant retrouvé : Stevens y commande : Watts évoquant Archie Shepp à l’alto, Bradford comblant son free de lyrisme hautain, Tippetts brillant en épileptique inspirée. Le dosage est précis et la formule intense : on y trouve une véhémence doublée de mystère ; un chant unique élevé en brumes océanes.

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Birgit Ulher : Hochdruckzone (Entr'acte, 2012)

birgit ulher hochdruchzone

L’hommage qu’adresse ici Birgit Ulher à Bill Dixon débute au son d’un souffle grêle porté par un léger mouvement de balancier : approchant d’une mécanique complexe (trompette, enceintes, radio, objets…), il l’actionne bientôt. C’est alors l’intérêt d’Ulher pour les réactions en chaîne qui nous revient en mémoire. Les artifices instrumentaux sont multiples et les sons qu’ils inventent énigmatiques (grésillement, sirène, surfaces vibrantes, sifflements, pneumatiques, presque silences…).

D’actions et de leurs conséquences, Uhler fait donc son langage improvisé. L’abstraction n’est cependant pas son seul propos. La musicienne peut ainsi décider de faire tourner en chercheuse d’or un plateau large et rond : la rumeur naissante a un goût de métal qui contraste avec les notes que la trompette étouffe – mais qui pourront ensuite résonner – et débite par salves. Chaque nouvel enregistrement atteste l’évolution de l’art de Birgit Ulher, d’une pratique instrumentale obsessionnelle qu’elle ne cesse de parfaire.  

Birgit Ulher : Hochdruckzone (Entr’acte)
Enregistrement : 21-24 juin 2010. Edition : 2012.
CD : 01/ Antizyklone 02/ Hochdrukkern 03/ Zwischenhoch 04/ Grenzschicht 05/ Inversion 06/ Polar Kaltluft 07/ Hochdruckzone 08/ Isobaren
Guillaume Belhomme © Le son du grisli



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