Le son du grisli

Bruits qui changent de l'ordinaire


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Archives des interviews du son du grisli

Taylor Deupree : Faint (12k, 2012)

taylor deupree faint

Cheville ouvrière du label 12k, où en plus de diriger la manœuvre, il masterise la plupart des sorties, Taylor Deupree n’a eu de cesse, au cours de son abondante discographie, de présenter un visage sensible de l’electronica. Bien que d’aucuns jugeront son nouvel opus Faint prévisible, ce qu’une première écoute superficielle laisserait penser, un second passage plus approfondi dissipe bien vite les doutes.

Certes, on nage en plein dans les eaux cotonneuses si typiques de la maison new-yorkaise (songeons à Kenneth Kirschner ou Christopher Willits) mais en perçant la surface des cinq plages de l’album, on décèle une foule de détails enrichissants, qui sont largement à l’ouest du superflu. Conjuguant l’apaisement sans la vacuité, réunissant l’évaporation sans recours à la combustion, l’électronicien américain déploie un éventail de beautés sereines à mille lieues du bruit et de la fureur. Peut-être est-ce mon récent séjour dans la frénétique Shanghai qui m’y incite mais ce disque m’a fait un bien fou.

EN ECOUTE >>> Dreams of Stairs

Taylor Deupree : Faint (12k)
Edition : 2012.
CD : 01/ Negative Snow 02/ Dreams Of Stairs 03/ Thaw 04/ Shutter 05/ Sundown
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli



Thomas Borgmann, Wilber Morris, Reggie Nicholson : Nasty & Sweet (NoBusiness, 2013)

thomas borgmann wilber morris reggie nicholson nasty & sweet

Aux côtés de Sirone à la fin des années 1980 puis à la tête de l’Orkestra Kith’N Kin – présences de John Tchicai, Lol Coxhill ou Pat Thomas – ou encore associé à Peter Brötzmann, Thomas Borgmann dévoila ses fiévreuses intentions musicales. Des dispositions pour le trio l’incitèrent à fréquenter plus régulièrement encore Wilber Morris et Denis Charles de 1995 à 1998 (BMC Trio, dont Silkheart publiera The Last Concert). A la disparition de Charles, Reggie Nicholson prit place derrière la batterie : BMN Trio donnera des concerts jusqu’en 2002.

En 1999 – soit quelques mois après s’être produit à la Spirit Room de Rossie (disque CIMP You See What We’re Sayin’?) –, Borgmann, Morris et Nicholson étaient du Tempere Jazz Festival. La mise en place prend son temps, celui nécessaire à la déposition d’une texture qui démontre déjà la cohérence de la formation. Selon qu’il intervient au ténor ou au soprano, Borgmann instille ensuite – Sweet puis Nasty, alors – une improvisation aux reliefs abrupts ou verse dans un free autrement précipité. Morris modifiant avec subtilité les couleurs du décorum et Nicholson battant la mesure en hachant toutes secondes, voilà que les quatre faces ont passé avec force et rapidité. En supplément, trouver deux autres pièces improvisées le 25 avril 1998 : Wilber’s Mood et autre Nasty & Sweet. L’idée est la même, qui persiste et signe : il est temps de faire plus ample connaissance avec l’art de Thomas Borgmann



Thomas Borgmann, Wilber Morris, Reggie Nicholson (BMN Trio) : Nasty & Sweet (NoBusiness)
Enregistrement : 7 novembre 1999. Edition : 2012.
2 LP : A1/ Nasty & Sweet Part I B1/ Nasty & Sweet Part II C1/ We Went That Away C2/ Wilber’s Mood D1/ Nasty & Sweet
Guillaume Belhomme © Le son du grisli


French Doctors : Au chevet des blessés (Ronda)

french doctors au chevet des blessés

Il faut toujours retourner un disque vinyl. On ne sait jamais, quoi qu’ait pu contenir sa première face, ce qui nous attend sur la seconde. Prenons l’exemple d’Au chevet des blessés, un enregistrement né d’une résidence des French Doctors (Sébastien Ogrob Borgo, Olivier Manchion, Frank de Quengo, Nicolas Bondage Marmin, Edward Perraud) aux Instants Chavirés en 2004, soigneusement rangé dans sa poche(tte) de sang…

Ainsi ça partait plutôt mal : les Doctors ayant voté à l’unanimité des frappes chirurgicales (bien sûr) de prog rock à drone et neutron qui manque trop de cohésion pour être efficace. Une vindicte molle qui fait un peu de bruit mais ne casse pas grand-chose. Mais c’est comme si ça tombait bien quand même : car le temps (celui de la face B) est venu pour les French Doctors de… réparer. Une basse tourne et retourne et la sauce-mercurochrome prend enfin. La mollesse de tout à l’heure prend les couleurs d’une indolence élégante et narcotique. Pris dans un champ de tirs électriques, l’auditeur profite à la maison d’une séance d’acupuncture pas comme les autres. Une fois celle-ci terminée, il pourra applaudir au beau LP une face qui l’a soigné !

French Doctors : Au chevet des blessés (Ronda)
Edition : 2012.
LP : Au chevet des blessés
Pierre Cécile © Le son du grisli


Sélectives expéditives : Creative Sources

sélectives expéditives cd

cs1

Ernesto Rodrigues, Angharad Davies, Guilherme Rodrigues, Alessandro Bosetti, Masafumi Ezaki : London (Creative Sources, 2005). En quelques lignes, « faire le tri » parmi les références Creative Sources, et de même dans la discographie du violoniste qui anime le label, Ernesto Rodrigues. Commencer par cet enregistrement d’un concert donné à Londres en 2005 : en compagnie d’Angharad Davies (violon), Guilherme Rodrigues (violoncelle), Alessandro Bosetti (saxophone soprano) et Masafumi Ezaki (trompette), l’alto peint un de ces paysages de craie qui l’obnubilent. Les techniques instrumentales, à bout de souffle, révèlent par le soupçon des confidences qui font  tanguer tout décor, et enfin vous chavire. (gb)

cs2

Los Glissandinos : Stand Clear (Creative Sources, 2005). Clarinettes contre ondes sinus : sous un nom exotique (Los Glissandinos), Klaus Filip et Kai Fagaschinski enregistraient Stand Clear en juillet 2004. De longues notes, suspendues, s’y superposent, convergent ou interfèrent selon la force du vent et la trajectoire des ondulations ; surtout : quadrillent un territoire d’ébats que se disputent sifflements et chuchotements au creux desquels il arrive aux voix de Filip et Fagaschinski de se confondre avec subtilité. (gb)

cs3

Birgit Ulher, Mazen Kerbaj, Sharif Sehnaoui : 3:1 (Creative Sources, 2006) Six pièces improvisées en 2006 par deux trompettistes (Birgit Ulher, Mazen Kerbaj) et un guitariste (Sharif Sehnaoui) aux usages peu communs. Coups de pression entretenant l’effervescence, la musique se nourrit du bruit de cordes interrogées à la baguette, de projectiles soufflés et d’effets d’aiguilles redessinant sans cesse la partition. Dans le discours expérimental, ce bel art partagé de l’insinuation, qui de l’improvisation abstraite relève la saveur et explique avec superbe tous les remuants efforts. (gb)

cs4

Bertrand Denzler, Jean-Luc Guionnet, Kazushige Kinoshita, Taku Unami : Vasistas (Creative Sources, 2005). Les yeux levés vers le vasistas du 31 Nevill Road, à Londres, on enregistre ce qui en traverse le cadre ce 19 septembre 2003 : les souffleurs du groupe Hubbub sont associés à Kazushige Kinoshita (violon) et Taku Unami (laptop, guitare) pour près de soixante-dix minutes d'affût tendu (allons, il y a tout de même quelques moments creux) ; la trame du fog – archet & machine – est perforée çà et là de brusques libérations – clapets, slaps, pizz' – étranglées qui s'agglutinent en petites concrétions. Sévère mais admirable broderie pour l'auditeur qui accepte l'épreuve d'endurance. (gt)

cs5

Xavier Charles, Bertrand Denzler, Jean-Sébastien Mariage, Mathieu Werchowski : Metz (Creative Sources, 2004). C'est un plaisir renouvelé que de réécouter cette demi-heure de musique enregistrée par Jean-Luc Guionnet en octobre 2003 au Temple Neuf de Metz ! Tirant parti de l'acoustique réverbérante des lieux, clarinette, saxophone ténor, guitare électrique et violon poussent leurs séquences de jeu (que des pauses silencieuses organisent) avec une fine élégance : travail « dans le son » collectif, changements de plans et efflorescences aboutissent à un développement organique passionnant. (gt)

cs6

Günter Müller, Jason Kahn, Christian Wolfarth : Drumming (Creative Sources, 2005). En neuf pastilles effervescentes (taillées cut dans une session au WIM de Zurich, fin octobre 2004), les drummers Müller (iPod, electronics), Kahn (laptop) et Wolfarth (percussion) appliquent à l'art tambourinaire une définition extensive... ou très littérale : à force d'entrelacs, de chevauchements, de prolifération, les pouls entrent en ébullition et crépitent ; anamorphoses, boucles, basses et balais, dans leur intrication, confèrent grain et complexité au flot – que prolongera, en 2009, le disque Limmat. (gt)


Giuseppi Logan Project (Mad King Edmund, 2012)

giuseppi logan project

De Giuseppi Logan, perdu de vue depuis une trentaine d’années, on est content d’avoir des nouvelles. Celui qui a toujours œuvré dans la périphérie de la périphérie semble avoir assagi son souffle autant que désavoué sa nervosité. Peu loquace, naviguant entre microtonalité et dissonances, voici l’altiste aux portes de l’absence, déambulant plus que s’imposant puis s’ouvrant à quelque déchirant sursaut.

Ici, une musique du détail entre fragilité et fragilité et dont l’assise à la charge de l’insatiable Cooper Moore et du très sérieux Larry Roland (Ed Pettersen et Tracy Silverman sont bien trop lointains et superficiels pour nous interpeller) décrispe quelque peu un retour qui, s’il n’est pas renaissance, ne manque ni d’atouts ni de charme.

Giuseppi Logan : The Giuseppi Logan Project (Mad King Edmund / Souffle Continu)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ The Occupy Blues 02/ Improv 1 03/ Improv 2 03/ Satin Doll 04/ Spiral 05/ Sweet Georgia Brown
Luc Bouquet © Le son du grisli



Lea Danzeisen, Christoph Schiller : 47°13’ N 7°E (Creative Sources, 2012)

danzeisen schiller 47°13'N7°E

Zehn & Neun. Une demi-heure et un quart d’heure d’improvisation et un seul instrument, l’épinette, sous les mains expertes (quatre des huit mains du Spinettquartett du pianiste Jacques Demierre) de Lea Danzeisen et Christoph Schiller.

Comme avec Birgit Ulher (Kolk) ou Jonas Kocher (Duos 2011), Schiller fait avec Danzeisen fi de la tradition. En échange, le duo cherche dans tous tous les recoins de l’instrument qu’il pince, frotte, taquine ou étouffe. Les cordes pour ainsi dire mises au rebut, c’est la carapace, l’enveloppe ou l’âme, de l’épinette qui donne les sons qui indiquent sur la carte la place des musiciens. Quand même, il faut tendre l’oreille, être sensible aux clochettes, aux susurrements et aux crépitements des fuseaux dont certains font croire que Danzeisen et Schiller manient des feedbacks. Bien sûr il n’en est rien. A la latitude et à la longitude énoncées, ils réinventent acoustiquement, « simplement », l’épinette.

Lea Danzeisen, Christoph Schiller : 47°13’ N 7°E (Creative Sources / Metamkine)
Enregistrement : 15-17 août 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ Zehn 02/ Neun
Héctor Cabrero © Le son du grisli


Slow Listener : The Long Rain (Exotik Pylon, 2012)

slow listener the long rain

Bizzarerie d‘entre les étrangetés, The Long Rain de Slow Listener s’impose à l’auditeur telle une version gloomy electronica du Château d’Argol de Julien Gracq. Oppressant et visionnaire, finement gothique sans le mascara ni les corbeaux, l’œuvre du musicien britannique Robin Dickson imprègne longuement les consciences, en deux épisodes étirés d’une vingtaine de minutes chacun.

Sur le premier morceau, And Nor Was He Mistaken, une voix lugubre et caverneuse n’a de cesse de répéter jusqu’à l’obsession morbide les quelques mêmes mots, ça fout, sinon une belle pétoche, un frisson mortifère. A peine moins névrosée, Ondras Rising imaginerait des échos blafards de cave BDSM, flitrés dans une mine de plomb sibérienne peuplée de monstres difformes en uniforme nazi. Fichtre, quel programme.

EN ECOUTE >>> Ondras Rising (extrait)

Slow Listener : The Long Rain (Exotik Pylon)
Edition : 2012.
K7 : A/ And Nor Was He Mistaken B/ Ondras Rising
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli


Phill Niblock : Working Title (Les Presses du Réel, 2012)

phill niblock working title

Si Phill Niblock a fait œuvre (voire vœu) de bourdons (ou de drones), le livre épais – que gonflent encore deux DVD de vidéos – qu’est Working Title n’en propose pas moins d’autres pistes de description, certaines balisées à peine. Sur enregistreur à bandes hier et Pro Tools aujourd’hui, l’homme travailla donc, au choix : musique microtonale, minimalisme fâché avec la répétition, interactions harmoniques, sons continus et overtones, ou encore : « musique multidimensionelle » et « partitions audio » (dit Ulrich Krieger) et « flux en constante ondulation » (dit Susan Stenger).

Ecrites avec l’aide de Tom Johnson, de Joseph Celli et de la même Stenger, les notes des pochettes (ici retranscrites) de Nothing to Look at Just a Record et Niblock for Celli / Celli Plays Niblock, édités par India Navigation au début des années 1980, en disaient pourtant déjà long. Avec certitude, y est expliqué de quoi retourne – et de quoi retournera désormais – le propos musical d’un compositeur qui refuse à se dire musicien. A la richesse de ces informations, le livre ajoute une poignée d’entretiens et d’articles publiés dans Paris Transatlantic, Positionen, FOARM (plume de Seth Nehil), Organized Sound… ainsi que des éclairages signés Krieger et Stenger, mais aussi Guy de Bièvre et Richard Lainhart, tous proches collaborateurs de Niblock.

Expliquant les tenants et aboutissants de l’art du compositeur, Krieger signe un texte intelligent que l’on pourra lire au son de Didgeridoos and Don’ts, première pièce écrite par un Niblock « sculpteur de son » pour un Krieger obligé d’abandonner ses saxophones (Walls of Sound, OODiscs). Avec l’idée d’en apprendre aux musiciens qui aimeraient un jour jouer Niblock sans forcément l’avoir rencontré – même si l’on sait que l’homme écrit à destination d’instrumentistes particuliers –, Krieger explique, conseille et met en garde : « leur défi, c’est de travailler en dehors des sentiers battus de la mémoire mécanique de leurs doigts. »

Plus loin, c’est de l’art cinématographique de Niblock qu’il s’agit : de The Magic Sun (présence de Sun Ra) et Max (présence de Max Neuhoff) au projet-fleuve The Movement of People Working, ce sont-là des « images de la réalité » dont on examine les origines – des entretiens avec Alan Licht révèlent ainsi l’importance du passage de Niblock par l’Open Theater de New York – et les rapports à la photographie et la musique. Voilà qui mènera l’ouvrage à aborder enfin, sous la plume de Bernard Gendron, le rôle joué par Niblock dans l’Experimental Intermedia Foundation d’Elaine Summers : là, d’autres musiciens concernés (Philip Corner, Joseph Celli, Peter Zummo, Malcolm Goldstein ou Rhys Chatham) guident le lecteur à une dernière proposition d’étiquetage : minimalisme radical ou radicalisme minimal ? L’art de Phill Niblock aura en tout cas créé des interférences jusque dans le domaine du langage.

Phill Niblock & Ulrich Krieger  Phill Niblock & Sun Ra

Phill Niblock, Bob Gilmore, Guy De Bièvre, Johannes Knesl, Mathieu Copeland, Jens Brand, Rob Forman, Seth Nehil, Raphael Smarzoch, Richard Glover, Volker Straebel, Ulrich Krieger, Susan Stenger, Richard Lainhart, Juan Carlos Kase, Erica King, Rich Housh, Alan Licht, Bernard Gendron, Arthur Stidfole : Working Title (Les Presses du Réel)
Edition : 2012.
Livre : Working Title
Guillaume Belhomme © le son du grisli


Artificial Memory Trace : Boto (Ini.Itu, 2012) / Ultrealith (Gruenrekorder, 2012)

artificial memory trace boto ultrealith

Un plaidoyer en faveur de la musique tchèque ? Faut dire : Slavek Kwi nous y invite en expédiant d’un coup d’un seul deux récents enregistrements de son Artificial Memory Trace. Une trentaine d’années qu’il travaille à ses enregistrements sur sites – le temps  donc de collaborer avec un autre grand nom du genre, Eric La Casa –, c’est dire si ses efforts méritent d’être récompensés… par quatre clefs, un diapason d'or ou dix perches tendues et qui forment une étoile !

Porté par un intérêt pour le dauphin d’eau douce (ainsi ai-je appris l’existence des dauphins d’eau douce), voilà Kwi parti pour le Brésil pour en revenir  avec Boto [Encantado]. Avec les chants qu’il a recueillis des bêtes, il construit une histoire. Me voici invité à entrer dans un paisible zoo où les animaux crient barrissent roucoulent puis dirigé dans une grotte sombre. La grotte est longue et regorge de présences et, qui s’y frotte s’y pique, le moindre effleurement est une menace. La voix du dauphin a été modifiée et n’est qu’un des éléments d’une dark ambient qui n’est pas piquée des vers (ou des hannetons, au choix).

Oui, ce genre d’hannetons qu’on aurait pu croiser sur la pochette d’Ultrealith, où Artificial Memory Trace joue avec des enregistrements de bruits du monde entier, normalement difficiles à capter. Tous dans la même boîte, ils participent d’une musique électroacoustique où l’aquatique a aussi son « mot à dire ». Pour avoir nourri ces sons à une heure indus, Kwi ne peut que constater leur métamorphose : du monde muet il a fait un fort en gueule à maxi-tête (de chauve-souris, d’insectes, etc.). C’est effrayant mais nous savons tous que ce genre de monstre n’existe pas. Ô qu'il est d’autant plus beau à entendre !

EN ECOUTE >>> Boto (extrait)

Artificial Memory Trace : Boto [Encantado] (Ini.Itu / Metamkine)
Edition : 2012.
LP : Boto [Encantado]

Artificial Memory Trace : Ultrealith (Gruenrekorder)
Edition : 2012.
CD : Ultrealith
Pierre Cécile © Le son du grisli


Angus Carlyle, Rupert Cox : Air Pressure (Gruenrekorder, 2012)

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C’est sans doute en avion qu’Angus Carlyle et Rupert Cox se sont rendus au Japon. Pourtant, ce qui les y amenait était un travail d’enregistrement à faire dans une ferme familiale des environs de l’aéroport international de Tokyo. Un Notre-Dame-des-Landes à l’envers, en quelque sorte, puisque les fermiers (Shimamura et Fujiko & fils) se battent depuis 1978 pour faire pousser des légumes auprès des plateformes de béton.

Rapidement, Air Pressure (qui existe aussi en versions film et intallation sonore) nous attrape par l’oreille et alors nous suivons les découvertes de Carlyle et Cox : point d’aboiements de chiens à punks ou de hululement d’hallucinés toujours pas revenus du Larzac, mais ici un temps qui coule entre les fuseaux horaires que les avions tracent dans le ciel. Entre les décollages se faufilent des oiseaux, des moteurs pétaradant, des insectes nocturnes, la télévision en fond sonore ou la pluie qui tombe goutte à goutte sur le bois (qui fait partie, je dois l’avouer, des plus belles pluies que j’ai jamais entendues sur CD). Enfin, il y a ces conversations dont on ignore le sujet qui s’évaporeront sous l’effet de l’orage.
 
Angus Carlyle, Rupert Cox : Air Pressure (Gruenrekorder)
Edition : 2012.
CD : 01/ In The Forest Clearing (Totoro)  02/ From Over The Perimeter Wal 03/ Weighing Things Up  04/ Under Wraps  05/ Past The Coop, Just By The Sty  06/ Chives? Onions! Negi  07/ Upstairs In The Egg House  08/ Wheels on Brown Earth 09/ At The Kitchen Table  10/ Soundfilm
Pierre Cécile © Le son du grisli



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