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Le son du grisli

23 avril 2023

Akchoté / Henritzi : Pour et Contre > Greg Malcolm

greg malcolm le son du grisli

A l’occasion de la parution, début mai, du livre Guitare Conversation de Noël Akchoté et Philippe Robertle son du grisli ressuscite le temps d’une autre conversation : celle à laquelle se sont livrés Michel Henritzi et le même Akchoté, qui compose au fil des impressions une discographie de la guitare jazz faite d’une vingtaine de références. Dix ont été choisies par Henritzi, dix autres par Akchoté, auxquelles réagissent ensuite l’un et l’autre. En introduction de ce long échange – que vous retrouverez compilé à cette adresse au son du grisli –, Noël Akchoté explique... 

Greg Malcom est un guitariste Néo-Zélandais, qui a sorti un album étonnant sur Corpus Hermeticum, Homesick for Nowhere, il y joue une magnifique version de « Lonely Woman ». Il a aussi enregistré avec Tetuzi Akiyama, les deux s'entendant bien comme deux amis accoudés à un bar parlant boutique.

Ce qui le distingue d'autres guitaristes, c'est qu'il joue de trois guitares ensemble, une première qu'il tient en main pour égrener un chapelet de notes dissonantes, de mélodies bancales, une autre guitare au sol qu'il utilise comme une caisse de résonance et marquer un rythme, une troisième sur laquelle il place des e-bows pour créer un drone qui enveloppe son jeu.

On y entend des réminiscences Americana, une empreinte de jeu à la Fahey, un répertoire klezmer parfois aussi, il reprend plusieurs « traditionnels » d'ailleurs. Il y a ce type assis au milieu de cette arborescence de cordes, qui met tout ça en résonance, dessine des climats, des paysages, on s'abandonne facilement à ses climax, à son cinéma pour l'oreille.

Comme beaucoup de guitaristes aujourd'hui il prolonge son instrument avec des préparations, l'étend ; je me souviens des premiers concerts de Fred Frith durant lesquels il plaçait des pinces, glissait des pièces métalliques ou de bois entre les cordes, et en sortait d'improbables mélodies, où les notes s'accouplaient à des bruitages. Greg Malcom est dans cette continuité. Michel Henritzi

Je ne connaissais pas du tout Greg Malcom, je découvre donc, je retrouve certains codes (field recordings au départ, puis americana, entre folk et dobro, fingerpicking et slide), puis son univers démarre vraiment. C'est très bien joué, un climat s'installe, très agréable, tout en lenteur mais solidité, pas de bricolage. C'est assez admirable, ça verse un peu ensuite entre modes grecs ou klezmer, une pointe de fragilité à la Gabor Szabo, mais j'aurais bien pris un peu d'envolée, de subjectivité.

Ne sachant pas dans quel univers il navigue habituellement, je vais un peu explorer, et tombe sur un duo avec Stefan Neville, toujours dans les mêmes couleurs, qui confirme ce que j'ai entendu. Un savant mélange de province abandonnée, de temps sans jour ni nuit véritable, le temps de prendre tous les temps, alors on joue, en attendant. C'est assez remarquablement joué en tous cas, même si le guitariste de jazz aimerait bien un soupçon de plus de prise de parole instrumentale. Bravo, et à bientôt. Noël Akchoté

Image of A paraître : Guitare Conversation de Noël Akchoté & Philippe Robert

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