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Le son du grisli

30 août 2020

Antoine Chessex : Subjectivation (Fragment Factory / Rekem, 2019)

antoine chessex subjectivation

On ne sait jamais bien ce qu’on trouvera sur un nouveau disque d’Antoine Chessex, et c’est ce qui fait que le musicien intéresse, depuis des années. Ici, quand même, la pochette explique : « Live actions in San Francisco, Berlin and Zurich 2010-2014 » pour la face A ; « Selected material from live action in London [Cafe Oto] 2015 » pour la face B. Subjectivation était, pour ce disque, un titre tout trouvé.

La première face ne retient pas forcément le timbre du saxophone ténor de Chessex, disparu suite à une déflagration après laquelle on croit entendre, tour à tour, une guitare en roue libre, une basse en désaccord, une voix perdue dans le souffle qui aurait dû la porter. L’instrument de Chessex tremble, d’un bout à l’autre, servant un noise terrible capable d’avaler, pour traduire leur langage, combien de fantômes ? Un aigu efface bien leurs râles, mais un temps seulement : dans le brouillard que Chessex remonte, les voilà suspendus à un réseau qui ne révélera ses secrets – et encore, par chance – qu’à force d’écoute…

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La seconde face est gorgée, elle, de multiples attaques au ténor : les saxophones grouillent, lèvent bientôt un vaisseau dans lequel le musicien s’engouffre, et dont la rumeur compose l’essentiel d’une belle musique d’angoisse : un seul et unique instrument multiplie Landry ou minimise Urban Sax : ascensionnel, son mouvement l’élime et voici que le saxophone se fond avec notre décor. C’est l’autre façon qu’a trouvée Antoine Chessex de faire œuvre de bruit à partir de la disparition d’une sonorité première. 

Antoine Chessex : Subjectivation
Fragment Factory
Edition : 2019
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Cette chronique est extraite du cinquième numéro du son du grisli papier. 

Image of le son du grisli #5 [revue]

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