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Le son du grisli
15 mars 2021

Kaoru Abe, Akira Ifukube, Masahiko Sato & Toshiya Tsunoda par Takayuki Hashimoto, Yuki Nakagawa, Meg Mazaki & Masafumi Ezaki

japonjapon 7-10

A la demande de Michel Henritzi, plusieurs musiciens japonais ont accepté de nous parler brièvement d'un disque qui les a profondément marqués… Avant-dernière salve de ces chroniques (entièrement) japonaises...  

 

kaoru abe

Kaoru Abe est né le 3 mai 1949, est mort en septembre 1978 à l'âge de 29 ans. Cet album, Ayler, Sapporo (Doubt, 2020) a été enregistré à Sapporo en septembre 77, un an avant sa mort. Quand j'ai écouté ce disque, j'avais le sentiment de flotter dans une sorte de flash sonore vital, sensuel, dynamique et élégant. Je ne l'ai jamais rencontré, mais je le considère comme un « sauvage plein de noblesse » pour reprendre les mots que Mishima employait pour décrire les samouraïs. Le premier son que vous entendez sur l'album ne semble absolument pas provenir d'un instrument. Quelque chose de fondamental semble être causé par une intense vibration et une friction dans l'univers.
Takayuki Hashimoto, saxophoniste cultivé, forme avec la pianiste Sara Dotes le duo de free-music .es. Sa musique a un caractère conceptuel, tout en se développant à travers une improvisation radicale.

triptyque

Akira Ifukube (1914-2006) est un compositeur classique et de musiques de films, dont Godzilla. Cet album, Triptyque Aborigène, est dans un sens d'une facture classique, mais inclut de nombreux autres éléments hétérogènes. Le son d’Ifukube est tout à fait unique. Le disque sonne à la façon de la bande-son d'un film dramatique historique. Mais son œuvre dépasse et transcende les genres et les catégories, est d'une façon hérétique au regard des musiques de films japonais.
Yuki Nakagawa, né en 1986, est violoncelliste. Il fait partie de la jeune scène de Tokyo et a joué notamment dans le trio d'improvisation N.O.N, dans une esthétique évoquant AMM.

satoh palladium

J'écoutais principalement du rock, du progressif et de la noise avant de découvrir Palladium du Masahiko Sato Trio qui m'a conduit à m'intéresser au jazz. C'est un excellent trio autour d'un pianiste bien sûr, mais il y a surtout mon batteur préféré, Masahiko Togashi, qui joue avec tous ses membres de tous les éléments de sa batterie. C'était avant d'être paralysé des jambes à la suite d’un accident. Togashi est plus qu'un batteur pour moi, son jeu exquis m'évoque des peintures très colorées. J'ai entendu dire qu'il était aussi un bon peintre.
Meg Mazaki est une batteuse et percussionniste créative, originaire du Kansaï. Elle joue régulièrement avec Homei Yanagawa et Take Bow.

tsunoda landscape voice

Fin janvier, je suis allé à la galerie Soto, à Kyoto, voir l'installation « Landscape and Voice » de Toshiya Tsunoda. Il y avait deux haut-parleurs dans l'espace de la galerie. Des sons environnementaux sont émis par l'un des haut-parleurs et des voyelles japonaises par l'autre. Cela imitait les kana japonais et, plus encore, en créait de nouveaux ; les mots semblaient avoir un pouvoir spirituel. Le japonais dans ma tête semblait comme réécrit. Ce fut pour moi une expérience marquante comme jamais je n'en avais vécu auparavant. Un CDR était distribué. Contrairement à l'exposition, les sons alternent entre de nouveaux mots et de longs sons environnementaux, permettant aux auditeurs de revenir en douceur sur l'expérience de l'exposition.
Trompettiste originaire du Kandaï, Masafumi Ezaki a souvent joué avec Taku Unami ou Taku Sugimoto, dans une approche de l'instrument minimaliste proche d'Axel Dörner.

 

Image of A paraître : Micro Japon de Michel Henritzi

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