Ab Baars Trio : 20 Years 1991-2011 (Wig, 2011)
Pour fêter dignement une vingtaine d’années passée en trio en compagnie de Wilbert de Joode (contrebasse) et Martin van Duynhoven (batterie), Ab Baars met en boîte quatre de ses anciens enregistrements accompagné d’un autre, inédit. Brève description de l'ensemble :
3900 Carol Court : premier album de l’Ab Baars Trio qui emprunte son titre à l’adresse de John Carter à Los Angeles – Baars passa-là deux mois de 1989 à prendre des leçons du clarinettiste. Morceau d’archéologie personnelle : Premier disque enregistré par l’Ab Baars Trio, 3900 Carol Court célèbre l’entente immédiate de musiciens aux parcours différents : formation classique pour Baars, improvisation abordée en autodidacte pour Wilbert de Joode, expérience auprès de musiciens de jazz (Dexter Gordon, Frank Wright, Willem Breuker) pour Martin van Duynhoven. Sur ses propres compositions – si ce n’est « Trav'lin in Plastic Dreams », signée John Lewis –, Baars passe de clarinette (qu’il privilégie sur ballades) en saxophone ténor et conduit des échanges souvent revêches, qu’il s’agisse de rendre la marche dérangée de « Kimmel » ou de peindre les fiévreux climats de « Krang » ou « Asor ». [Way Ahead, Le mot et le reste, 2011]
A Free Step, The Music of John Carter : cinq ans plus tard, la veuve de John Carter (disparu au printemps 1991) remet à Baars les partitions de son mari en lui permettant de les arranger comme il l’entend. A la clarinette et au ténor, Baars, aidé de ses partenaires, démontre alors d’un swing capable de libertés audacieuses pour régler son pas original sur celui du maître (ainsi A Free Step met-il au jour un folklore restauré par une science musicale ouverte).
Party at the Bimhuis : le 17 janvier 2003, pour ses 10 ans, l’Ab Baars Trio donnait au Bimhuis un concert en compagnie d’invités choisis : Ig Henneman, Misha Mengelberg, Guus Jansen et Mariette Rouppe Van der Voort. Selon les combinaisons, le disque va d’échanges tortueux (durant lesquels Baars, Joode et Duynhoven peuvent jouer les simples spectateurs) en accords fantasques – au son du free sixties de Von ou de Portrait of Roswell Rudd, tromboniste avec lequel le trio enregistra Four en 1998.
Songs : enregistré le 4 février 2000, Songs voit les trois hommes interpréter (Indiaan de Guus Janssen, Cherokee de Ray Noble, The Indians de Charles Ives) ou inventer quelques chants d’Amérique qui célèbrent ses premiers habitants : les danses indiennes sont-là de Baars qui, à l'instar de Carter encore, s’appuie sur un folklore imaginaire pour défendre ses singulières conceptions musicales (le solo de Joode sur Wolf Song ne le prouve-t-il pas à lui seul ?).
Gawky Stride : ici, le cinquième disque et l’inédit. Enregistré le 9 février dernier, il fait défiler des compositions de Baars dont le trio ne s’est pas entretenu des arrangements avant l’interprétation. En conséquence, le ténor (lorsqu'il n'est pas troqué pour un apaisant shakuhachi) doit trouver son équilibre sur la batterie plus fluide de Duynhoven (Spray of Rocks) ou parer les assauts amicaux de l’archet de Joode (Wake Up Call). La saveur est nouvelle et démontre que la formation, en plus d'évoluer, invente encore.
Une fois conseillée l’écoute de cet indispensable coffret (ou la réécoute des premières éditions des disques qui le composent), il restera à parcourir l’épais livret à trouver dans la même boîte (ou encore ici, dans sa version pdf) pour que ne vous échappe plus la moindre des nombreuses subtilités de l’iconoclaste Ab Baars Trio.
Ab Baars Trio : 20 Years. 1991-2011 (Wig)
Enregistrement : 1992-2011. Edition : 2011.
5 CD : 3900 Carol Court : 01/ Kimmel 02/ Visser van Lucebert 03/ Trav’lin in Plastic Dreams 04/ Krang 05/ 3900 Carol Court 06/ Glorpjes 07/ Asor 08/ Farfalla di Dinard 09/ The Dutch Windmill – A Free Step, The Music of John Carter : 01/ Juba Stomp 02/ Morning Bell 03/ Enter from the East 04/ Sticks and Sontes 05/ Karen on Monday 06/ Shukin’ Corn 07/ A Free Step 08/ Night Dance 09/ Woodman’s Hall Blues – Party at the Bimhuis : 01/ 3900 Carol Court 02/ GF 03/ Indiaan 04/ Party Talk 1 05/ A Portrait of Roswell Rudd 06/ Party Talk 2 07/ Von 08/ Party Talk 3 09/ Whisper Soft Horsemeat 10/ Reflections 11/ Enter from the East – Songs : 01/ Wai-Kun 02/ Indiaan 03/ Klawulacha 04/ Hevebe Tawi 05/ Cherokee 06/ Wolf Song 07/ Maliseet Love 08/ Song 09/ Jeux 10/ Clayaquot War 11/ Song 12/ Aotzi No-otz 13/ Meshivotzi No-otz 14/ Dsichl Biyin 15/ The Indians – Gawky Stride : 01/ Spray of Rooks 02/ Ochre Verges 03/ White Scream 04/ Indigo Weight 05/ Russet Nouns 06/ Lace-Rocked Foam 07/ Toru's Garden 08/ Gawky Stride 09/ Banned Breakers 10/ Wake Up Call
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
David Maranha, Gabriel Ferrandini : A fonte da Aretusa (Mazagran, 2011)
Sur le noir de couverture du 33 tours apparaissent en blanc son titre (A fonte da Aretusa) et les noms des musiciens qu’on y entend : David Maranha (orgue Hammond) et Gabriel Ferrandini (batterie, percussions) – le premier est un élément d’Osso Exótico et de Bowline, le second est membre du RED Trio et partenaire occasionnel de Rodrigo Amado.
Souvenir d’un des concerts que Maranha et Ferrandini ont donnés ensemble depuis 2010, A fonte da Aretusa tremble puis oscille sous les effets d’un orgue à drone et de coups donnés au loin sur un kit de batterie. L’exercice est de domptage : Ferrandini claquant sec pour ramener Maranha sur ligne droite.
Comme attendu, l’opposition affichée mène au grondement : la vingtaine de minutes de la seconde face augmentant d’un peu de noise l’exercice instrumental qui balançait jusque-là entre ambient inquiète et post-rock dernier. Mais à la sortie, voici Maranha recadré : le drone fin dans lequel il a trouvé refuge est ainsi de conclusion.
EN ECOUTE >>> Extrait 1 >>> Extrait 2
David Maranha, Gabriel Ferrandini : A fonte da Aretusa (Mazagran / Metamkine)
Enregistrement : 13 novembre 2010. Edition : 2011.
LP : A/ 21’36’’ B/ 20’21’’
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Thelema Trio : Neither From Nor Towards (Innova, 2011)
Le pianiste Ward De Vleeschouwer, le saxophoniste Peter Verdonck et le clarinettiste Marco Antonio Mazzini forment le Thelema Trio. Ils sont ici les interprètes de six compositeurs contemporains.
Du péruvien Rafael Leonardo Junchaya, ils soulignent l’aspect répétitif, l’unisson inquiet et les fugues ludiques de trois de ses compositions. La répétition est au centre de l’œuvre de la coréenne Hyekung Lee. Saxophone alto et clarinette échappent parfois au contrepoint en une union des souffles, ici convaincante si ce n’est bouleversante. Entre douceur et vivacité du trait, la composition pour piano et saxophone baryton de Keith Carpenter – ce dernier est aussi saxophoniste – insiste sur des découpes franches et sèches. La ballade d’Eric Honour est un lent cheminement d’inquiétude. En lisière d’échos et de dialogues rompus, elle répand l’angoisse et les schizophrénies tenaces. Ici, la plus belle pièce du disque.
Marco Antonio Mazzini s’offre un Imprevisio solo à la clarinette : soliloque noctambule pour aquatique modulation. Kevin Walczyk enrubanne du côté de Debussy quelques salves aux étincelants contours. Et Ravel n’est pas très loin. Et le jazz pourrait s’y incruster sans trop de dommages. Et le trio de magnifier cette lumineuse musique. Et le tout de se conclure par cinq miniatures signées de la plume céleste de Fernando Benadon.
Thelema Trio : Neither From Nor Towards (Innova / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008. Edition : 2010.
CD : 01/ Kordax 02/ Emmeleia 03/ Sikkinus 04/ Shadowing 05/ The Devil His Due 06/ Neither from Nor Towards 07/ Imprevisio 08/ Refractions 09/ Miniature One 10/ Miniature Two 11/ Miniature Three 12/ Miniature Four 13/ Miniature Five
Luc Bouquet © Le son du grisli
Lonberg-Holm, Melech : Coarse Day (Multikulti, 2011) / Lonberg-Holm, Stephens : Attic Antics (Loose Torque, 2011)
Seul, Fred Lonberg-Holm investit Coarse Day et en démontre : son partenaire du jour (16 novembre 2009), Piotr Melech, comprend qu’il n’a d’autre choix que celui de suivre – ici, à la clarinette basse.
Le dialogue est remonté, que Melech pourra fuir de temps à autre au son d’improvisations plus lentes et même mélodiques : la fougue insatiable du violoncelliste n’en prend pas ombrage, elle semble même ne pas y faire attention. Sûr de son art de la fantaisie, Lonberg-Holm poursuit sa course et invente (faisant aussi usage d’électronique) quelques sonorités rêches sur boucles ou aires de jeu libre. A la clarinette, Melech aura lui œuvré à l’amorce d’un échange plus cohérent. Or il se pourrait que le charme de Coarse Day se niche justement dans le déséquilibre...
Fred Lonberg-Holm, Piotr Melech : Coarse Day (Multikulti)
Enregistrement : 16 novembre 2009. Edition : 2011.
CD : 01/ Cloudburst 02/ Slit in Slot 03/ Blunt 04/ Tangle of Loops 05/ Layer Seven 06/ Finger On the Trigger 07/ Mildew Gourmets 08/ How Are You Mr. Loomy?
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Autant d’énergie et plus de résistance, voici ce qu’oppose le contrebassiste Nick Stephens à la verve du violoncelliste Fred Lonberg-Holm. Trois pièces enregistrées le 22 octobre 2010 profitent d’une fougue en commun : les deux hommes sont agiles, leurs passes souvent dissonantes et leurs archets emmêlés avec une grâce naturelle. Cependant, c’est lorsque le duo remise l’énergie que la forme d’Attic Antics adopte des contours originaux : ainsi Tantric Ants ne se fait plus dans l’opposition mais dans un agacement sournois qui rend la joute piquante.
Fred Lonberg-Holm, Nick Stephens : Attic Antics (Loose Torque)
Enregistrement : 22 octobre 2010. Edition : 2011.
CDR : 01/ Attic Antics 02/ Antiques Addicts 03/ Tantric Ants
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Aymeric de Tapol : Static Island (Tsuku Boshi, 2011)
Aymeric est de Tapol et de Strasbourg (mais habite Bruxelles). Ce qui ne l’empêche pas de quitter la ville pour des contrées moins balisées où il enregistre le bruit du vent, de l’eau ou de la neige. C’est comme ça qu’il a sillonné le Rhin sur une péniche (le chemin est donc un peu balisé quand même) et en a ramené dans ses bagages Static Island.
Quand les enregistrements de plein air de Tapol dressent l'oreille en direction des petites choses, le rapport peut ennuyer et nécessite le soutien de basses de synthèse pour se faire entendre. Par contre, le travail de Tapol devient intéressant quand il donne dans les bourdonnements épais que l’on imagine accouché d’une avalanche ou d’une cascade. On pense alors à quelques représentants de l’écurie Baskaru ou à un Francisco Lopez au petit pied.
Je ne sais pas si, après Akio Suzuki, on peut encore se contenter d’enregistrer la pluie tomber (comme sur Force). Je sais par contre qu’Aymeric de Tapol parvient à enrichir ses enregistrements au moyen de l’électronique. Alors, qu’il en profite !
Aymeric de Tapol : Static Island (Tsuku Boshi)
Edition : 2011.
CD : 01/ Earth 02/ Static Island 03/ Dentrites 04/ Eckman 05/ Frozen Tones 06/ Force
Pierre Cécile © Le son du grisli
Doneda, Kocher, Schiller : /// grape skin (Another Timbre, 2011) / Doneda, Kocher : Action mécanique (Flexion, 2011)
Le 23 juin 2010, Michel Doneda improvisa en compagnie de l’accordéoniste Jonas Kocher et du joueur d’épinette Christoph Schiller.
Ainsi ///grape skin conserve-t-il le souvenir de cette réunion : consigne des lignes sinueuses s’emmêlant et des bruits qui tournent en satellites au-dessus de l’association. A force de mouvements, ce sont deux membranes qui sont ici créées. La première adopte la ligne d’un chant monacal et, sur le cadre de l’instrument à cordes, dépose les longs aigus de sopranos et les graves tenaces de l’accordéon. La seconde est faite de moments différents intelligemment imbriqués : l’homme y scie ou y souffle, y affirme ou y tremble, dans des instruments qu’il a voulu d’un autre âge (c'est à dire en avance sur son temps). De ces deux membranes de formes différentes filtrent alors cet ouvrage de cohérence, cette affaire d’osmose qu’est ///grape skin.
EN ECOUTE >>> /// grape skin (extrait)
Michel Doneda, Jonas Kocher, Christoph Schiller : ///grape skin (Another Timbre / Metamkine)
Enregistrement : 23 juin 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ First Membrane 02/ Second Membrane
Guillaume Belhomme © le son du grisli
D’un concert donné à Sofia un peu plus tôt (27 novembre 2009), Doneda et Kocher ramenèrent de quoi permettre au second d’inaugurer le catalogue de son propre label, Flexion. Sur cet Action mécanique, le duo va, toujours dans l’urgence, de paraphrases en déconstructions. Fait d’interventions brèves, le dialogue gagne en rondeurs au point de rassurer Doneda qui laissera en conséquence libre cours à une invention plus individualiste. Le changement de cap, d’augmenter et même de compléter cet autre exercice d'improvisation convaincante.
EN ECOUTE >>> Action mécanique (extrait)
Michel Doneda, Jonas Kocher : Action mécanique (Flexion / Metamkine)
Enregistrement : 27 novembre 2009. Edition : 2011.
CD : 01/ Action mécanique
Guillaume Belhomme © le son du grisli
David S. Ware : Organica (AUM Fidelity, 2011)
Jamais inutiles au ténor, les convulsions semblent déserter le sopranino de David S. Ware. Car au sopranino, le chant de Ware est plein, dru et sans artifice. Obstinément (Minus Gravity 2), la courbe se creuse et ne bouscule jamais le mouvement-rythme initial. C’est donc sans crescendo ni decrescendo, sans baisse de rythme ni de tension que le saxophone déboule et fait abonder la mélodie. Souvent modalement, toujours profondément.
Au ténor, le terrain est plus escarpé, les avens sont plus sournois (Organica 1). D’un souffle grave, enfoui au plus profond des entrailles ou en projection d’aigus supersoniques, le souffle-force de Ware réitère les visions d’antan : les sinuosités de Third Ear Recitation, les frayeurs d’Oblations & Blessings. Comme en recherche de la note inatteignable, le saxophoniste impulse à son ténor de ne jamais abandonner la lutte.
En deux concerts solo (Brooklyn & Chicago), revoici intact le chant profond de David Spencer Ware.
David S. Ware : Organica (Solo Saxophones, Volume 2) (AUM Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2010. Edition : 2011.
CD : 01/ Minus Gravity 1 02/ Organica 1 03/ Minus Gravity 2 04/ Organica 2
Luc Bouquet © Le son du grisli
The Imaginary Soundscapes : A Way Out by Knowing Smile (Ruptured, 2011)
Deux musiciens collaborant pour la première fois – ici, sous le nom de The Imaginary Soundscapes, Frédéric Nogray et Stéphane Rives – peuvent attendre pour en démontrer. C’est ce que disent les première secondes de Low, pièce qui compose avec High cet A Way Out by Knowing Smile.
Des secondes qui n’en démontrent pas, donc, et ne font pas plus preuve d’originalité. Mais dont l’hésitation saura disparaître à l’allumage d’une musique électronique accidentée : des courbes d’expressions diverses s’y rencontrent et se renversent sur l’endurance d’un drone ; des parasites grouillent sur restes de particules sonores et souvenirs d’improvisations en public ou de répétitions. L’apparition de longues notes découpées de saxophone marque d’ailleurs le tournant du projet, qui gagne en force et en profondeur. Dans le sillon désormais tracé, Nogray et Rives n’ont plus qu’à distribuer des aigus persistants pour conclure sous alarme leur premier et vaillant échange.
The Imaginary Soundscapes : A Way Out by Knowing Smile (Ruptured)
Enregistrement : 2010-2011. Edition : 2011.
CD : 01/ Low 02/ High
Guillaume Belhomme © Le son du grisli
Ruedi Häusermann : Wetterminiaturen (Col Legno, 2011)
Le Suisse Ruedi Häusermann est un homme de musique & un homme de théâtre. Ces deux passions se mêlent sur Wetterminiaturen même si tout commence par un petit motif joué plus ou moins vite au piano. Un deuxième piano arrive, mais il est « défaillant », semble-t-il, et parasite le premier. En tout, quatre pianos se relayeront de la sorte.
Comme ils sont (bien entendus) préparés, ils ont du mal, malgré le cœur qu’ils mettent à l’ouvrage, à interpréter les mélodies d’Häusermann et c’est alors que commence le théâtre. Sur la scène, on installe des clavecins modifiés (les cordes sont étouffées par des torchons) devant lesquels prend place un vocaliste à la voix aigüe. Clinique dans l’idée mais en fait fausse, son intervention fait penser à l’exposé d’un élève chahuté par trois camarades de classe. Chacun d’eux y va de sa petite provocation : l’un joue une berceuse, un autre invente une musique de suspense, etc. A force, tout se confond (au point que parfois le brouillon peut apparaître trop chargé). Peut-être est-ce que les pianistes n’en font qu’à leur tête ? Ils se paraphrasent, donnent des coups à leurs instruments... On ne sait donc pas à qui l’ont doit ces Wetterminiaturen : au compositeur bienveillant ? aux pianistes mutins ? Ce qui est sûr, c’est que leur collaboration est, le plus souvent, des plus passionnantes.
EN ECOUTE >>> Jeder ruhende Gegenstand drückt – Pat.angem.
Ruedi Häusermann : Wetterminiaturen (Col Legno / Amazon)
Edition : 2011.
CD : 01/ Kurzer, aber trotzdem sehr lustiger Einklang 02/ Kern der Sache 03/ Senkblei, Privaterklärung 04/ Sog.wohlpräpariert 05/ Lento Schubkraft 06/ Einläutung 07/ Jeder ruhende Gegenstand drückt – Pat.angem. 08/ Diese Radgeschichte 09/ Schwank 10/ Zur Unwucht 11/ Der Künstler weiß das wohl 12/ Kurzer, aber trotzdem sehr lustiger Ausklang 13/ DoReMi (Bonustrack)
Héctor Cabrero © Le son du grisli
Philippe Petit, Eugene S. Robinson : The Crying of Lot 69 (Monotype, 2011)
Après la réédition de son essentiel Henry: The Iron Man, Philippe Petit trouve en l’Américain Eugene S. Robinson un nouveau partenaire à la hauteur de ses passionnantes ambitions. Membre du groupe Oxbow, que d’aucuns d’entre vous connaissant peut-être pour leur passage sur le très indépendant label Neurot Recordings, Robinson déploie en six chapitres un spoken word inquiétant et ravageur – tel un fils expié de Gil Scott-Heron affranchi de la figure paternelle et reconverti en figure prophétique des mauvais temps à venir.
Qu’on ne s’y trompe pas, toutefois, l’ensemble est absolument fa-sci-nant d’acuité et d’hypnose. Le pourquoi ? Quelques petites choses, mystérieuses en apparence et qui, mises bout à bout, implique une lecture sombre des événements, sans verser ni dans le pathétique, ni dans le suicidaire. Car, il faut le dire, tout concourt pour faire de la rencontre Petit / Robinson un nouveau classique à la mesure, dans un autre style, d’Anne-James Chaton vs Alva Noto (ou d’Olivier Cadiot & Rodolphe Burger), sans même parler de GSH aux côtés de Jamie XX. Voix d’outre-tombe clamant des textes angoissants au possible – telle une traversée du Montana en pleine nuit d’encre sous la menace de l’orage (Robinson), décorum musical bruitiste d’une somptueuse et terrifiante jubilation entre musique concrète et electronica ambient au vent mauvais (Petit), tout concourt pour faire de ce disque un incontournable de l’année 2011 – à commencer par la track 3, In My Curiosity, à rendre maboul d’ivresse apocalyptique.
Eugene S. Robinson, Philippe Petit : The Crying Of Lot 69 (Monotype / Metamkine)
Edition : 2011.
CD : 01/ 1 The Table, The Stone 02/ Modern Trends In Modernity 03/ In My Curiosity 04/ Change In Total 05/ What Eros Is 06/ The Right Eye Cast
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli