John Butcher : Setting the Spirit (Beartown, 2020)
Deux faces d’une même cassette et John Butcher trois fois seul, bien qu’en public. A l’Issue Project Room, New York, il traçait au saxophone ténor un premier motif : d’un souffle, voici la portée choisie, qu’il remplit avec plus ou moins de force, en tremblant au début mais en osant déjà. Et c’est une insistance qui finit par emporter le jeu. C’était alors 2011...
... et la pièce à suivre, qu’il improvisa cinq ans plus tôt à Liverpool, nous dit la même chose : l’expression flamboyante, l’inspiration insaisissable. Au soprano, ceci dit, cette fois : le saxophoniste sert un impressionnisme auquel les angles de l’architecture (St.Bride’s), et non les jeux de lumière, donnent de nouvelles couleurs.
Retour à l’Issue Project Room, mais en 2010. Au ténor, Butcher répond-là au « live sound projection » de Stephen Moore. Sur des plateaux tournants, comme en lévitation, il souffle et explore son instrument jusqu’à en sortir combien de doppelgängers qui y avaient élu domicile ? Un défilé de spectres alarmant obéit alors aux ordres d’un chef en majesté : pour l’auditeur impressionné, qui s’est éloigné des enceintes, cette compilation d’extraits de concerts constituera désormais l’une des références de la discographie butchérienne.
John Butcher : Setting the Spirit
Beartown Records
Enregistrement : 2006-2011. Edition : 2020.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli