Akio Suzuki, Aki Onda : Ke I Te Ki (Room40, 2018)
De la collaboration qu’Akio Suzuki et Aki Onda ont entamée voici cinq ans, le label Oral avait rapporté Ma ta ta bi, souvenir d’une promenade « à l’écoute » faite par le duo dans une usine désaffectée de la banlieue de Bruxelles. C’est ici un environnement moins hostile que les deux hommes ont eu, à l’automne 2015, à cœur de faire chanter : Emily Harvey Foundation, loft de New York ayant jadis abrité George Maciunas.
Puisqu’il n’est donc pas celui d’un oiseau, il faudra déterminer l’origine du sifflement qui ouvre Ke i te ki, terme qui désigne en japonais le son d’une alarme ou un sifflet utilisé pour alerter, explique Aki Onda. C’est là un signal qui indique qu’après s’y être préparé une journée durant, les musiciens ont commencé leur exploration : à l’écoute encore et répondant cette fois aux conditions du concert devant un petit comité, ils composent trois pièces qui épousent et l’heure et l’endroit.
Sous ce premier sifflement, étrangement musical, Akio Suzuki et Aki Onda déposent bientôt une basse continue : alors l’aigu est passé en machine tandis que des enregistrements de terrain – les micros sont partout, pour augmenter les sons archivés – sont projetés à la volée. Les musiciens eux-mêmes volettent maintenant, puis tourbillonnent au son d’une électronique importune et parmi le chant d’une pierre, le froissement d’un papier, les cris d’un bestiaire éparpillé… Ils font du beau avec du « là », et saisissent à force de qui-vive.
Akio Suzuki, Aki Onda : Ke i te ki
Room40
CD : 01/ Ke I Te Ki 02/ Yo Ru No To Ba Ri 03/ Hi Ka Ri
Edition : 2018.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli