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Le son du grisli
14 juin 2018

Christophe Deniau : Nick Cave, l’intranquille / Daniel Miller : Mute, le label indépendant (Castor Music / E/P/A 2018)

lsdg4150Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que Nick Cave à profiter de la renommée de Kylie Minogue : en s’intéressant à Where the Wild Roses Grow enregistré par le duo pour l’album Murder Balldads, le quatrième numéro papier du son du grisli espère voir venir à lui de nouveaux lecteurs. Au sommaire, quand même : Edgar Varèse, François Tusques, Tristan Tzara, Harutaka Mochizuki et Thomas Bonvalet, ainsi que 90 chroniques de disques. A noter que ce texte fait écho à deux livres publiés en français sur le sujet Nick Cave

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Factuel, certes. Sans grande invention ni parti-pris non plus. Si elle existe – c’est déjà ça et même : se fait de plus en plus rare –, la bibliographie ne renvoie qu’à une vingtaine de références et oublie parfois de citer celle-ci (publiée chez Camion Blanc) ou cette autre (Wikipedia) que le livre résume à telle ou telle de ses 300 pages. Mais tout est là quand même.

Christophe Deniau – qui avait notamment signé Downtown Manhattan 78-82 – raconte donc l’histoire de Nick Cave. Voilà un sujet d’importance, un sujet à soumettre n’importe quel biographe. Alors Deniau déroule : la formation de The Boys Next Door fomentée avec Mick Harvey à la Caulfield Grammar School, sa transformation en ce Birthday Party qui quittera l’Australie pour l’Europe – Londres puis Berlin –, la signature avec Mute qui ne publiera qu’un seul et unique disque de The Birthday Party, combien de temps exactement avant sa dissolution ?

C’est ensuite un contrat avec le même label que Nick Cave doit honorer : avec quelques-uns de ses « anciens » partenaires, il enregistre From Her to Eternity et le reste est une histoire connue de tous, en tout cas dans ses grandes lignes. Nick Cave and the Cavemen puis Nick Cave and the Bad Seeds : la musique gagne en profondeur ce qu’elle perd en violences, en tout cas jusqu’à Murder Ballads. A l’inspiration provoquée par sa rencontre avec Blixa Bargeld succède celle, moins vindicative, née de son rapprochement avec Warren Ellis – c’est alors surtout Grinderman qui intéresse. Et puis Nick Cave perd un de ses jumeaux, et il écrit encore. C’est alors l’enregistrement de Skeleton Tree, au son duquel termine le livre de Deniau. La messe est dite. Deniau y a servi efficacement, de moments d’exaltation en longueurs inévitables – le décorticage de dispensables musiques de films, par exemple.

Pour les images, le lecteur pourra aller voir dans Mute, le label indépendant depuis 1978 -> demain. Ecrit par Daniel Miller, le fondateur du label, en collaboration avec Terry Burrows, l’épais ouvrage a été pensé pour raconter « visuellement » l’histoire du label. Les récits et anecdotes fleurissent cependant entre photos de musiciens et pochettes de disques estampillés Mute et associés (The Grey Area, Novamute, First, Blast First, 13th Hour…).

En ce qui concerne Nick Cave – musicien particulier qui fait ici bon ménage avec le fer de lance Depeche Mode, mais aussi Smegma, Swans, Wire, Can, Einstürzende Neubauten, Pan Sonic, Add N To (X)… –, ce sont là des photos de The Birthday Party en concert, des projets d’affiches et la reproduction de la pochette de Mutiny!, seul disque du groupe – augmenté de Blixa Bargeld – à avoir été produit sur Mute. Ensuite, ce sont de Nick Cave and the Bad Seeds et de Grinderman d’autres affiches et d’autres couvertures de disques et le propos de designers qui révèlent de quelle manière l’ancien étudiant des beaux-arts que fut Nick Cave envisage la conception graphique. C’est dire si l’ouvrage publié avec soin par E/P/A devrait lui plaire.

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