The Ex : 27 Passports (Ex, 2018)
Tandis que je mettais un terme à l’écriture d’un prochain best-seller – c’est une simple supposition – intitulé « Pourquoi en finir avec les voyages », voilà que paraît le nouvel album de The Ex, 27 Passports. Vingt-sept, pensai-je, les pauvres.
Trop d’obligations, de contraintes et d’atermoiements, en effet, dans ces transports de bétails qui déverseront à distance de l’endroit qu’ils « occupent » leur encombrement inapte, certes, mais soulevé (quand même) par la lecture du dernier Sylvain Tesson. Mais vingt-sept passeports, qu’est-ce à dire ? Par musicien ? Chaque année ? On sait pourtant que les conditions sont désormais difficiles, des groupes qui voyagent parmi les troupeaux d’ingénus qui mangent des kilomètres pour se les comparer sur Facebook…
Mais puisque The Ex est revenu de l’expérience – d’Afrique, notamment, à la fois réalité et fantasme qui interroge son art depuis Mudbird Shivers et l’influence depuis sa première tournée en Ethiopie –, rendons-lui hommage. A ses formules répétitives, à ses rengaines martelées, l’Afrique a redonné une direction, pour ne pas dire un sens, dont profitent pleinement Soon All Cities, The Heart Conductor, Birth ou The Sitting Chins.
Ailleurs, c’est un Ex historique, mais vaillant à hauteur : les motifs répétés à satiété trouvant leur raison d’être dans une poésie qui ne peut être envisagée que « de front » (This Car Is My Guest), les accrocs de guitares renvoyant au temps où le Dog Faced Hermans (Andy Moor) ne faisait pas encore partie de The Ex (Piecemeal). Et c’est déjà le retour en première plage : Arnold de Boer affirme que toutes les villes se ressemblent et qu’il n’est qu’une urgence : la fuite.
La fuite, c’est d’accord, mais en chansons. Car The Ex est encore capable de chansons – peu de groupes nés dans les années 1980 peuvent en faire entendre autant – qui nous réconcilieraient presque avec le goût du voyage, voire nous en redonnerait l’envie : que The Ex se produise dans cet endroit éloigné [tous les concerts sont ici], et alors nous irons.
The Ex : 27 Passports
Ex
Edition : 2018.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli