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Le son du grisli
18 janvier 2016

LDP 2015 : Carnet de route #39

ldp 2015 39 21 novembre berlin

Après la campagne bavaroise, c'est Berlin : le 21 novembre, le ldp donnait un concert au Jazzwerkstatt...

21 novembre, Berlin
Institut français „Jazzwerkstatt" Berlin

09:22 München Hbf, ICE 1208 München-Berlin, direkt ohne Umsteigen. In Berlin Hbf  angekommen, nehmen wir eine Taxi zum Ellington Hotel Berlin. In der Hotelhalle schauen uns Gesichter von legendären amerikanischen Jazzgrössen wie Bud Powell, Coleman Hawkins, Charlie Parker auf Fotos entgegen. Als Hintergrundmusik läuft Round' Midnight von Thelonious Monk. Offensichtlich ist der experimentelle Bebop von Monk aus den 50er Jahren in der Zwischenzeit salonfähig geworden. Seit Monks Tod erlebt seine Musik eine regelrechte Renaissance, die bis heute anhält. Viele namhafte Musiker beschäftigen sich bis heute intensiv mit seinem Werk und spielen seine Kompositionen ein. Dazu gehören unter anderen Anthony Braxton, Misha Mengelberg und Chick Corea. Der Pianist Alexander von Schlippenbach führt mit einer Gruppe junger Musiker in einem Konzertprogramm das Gesamtwerk Monks auf und hat dieses im Jahr 2004 komplett aufgenommen. Der Sopransaxophonist Steve Lacy spielte einige Jahre seiner Karriere sogar ausschließlich Monk-Kompositionen.
Als wir ankommen stehen vor dem Institute Français am Kurfürstendamm, aufgrund der Geschehnisse in Paris mehrere Polizisten, um den Eingang zu bewachen. Beim Eintreten in das Haus werden wir nicht kontrolliert. Interessant denke ich. Der Lift führt uns ins 5. Ober-geschoss zum Saal, wo unser Konzert im Rahmen von Ulli Blobel’s Konzertreihe Sound No Walls stattfindet. Reinhard Müller und seine Assistentin begrüssen uns herzlich. Nach kurzem durchatmen richten wir uns ein. Der Raum klingt neutral und ist relativ einfach bespielbar. Wir erfahren vor Ort, dass der Sprecher Christian Brückner Psalmen aus der Bibel im Konzert mit uns lesen wird. Im Moment sind wir ein bisschen entsetzt. Grundsätzlich liebe ich ausgewählte, literarische Texte in Verbindung mit Musik. Der Umgang mit religiösen Texten ist jedoch delikat und kann Unmut und Verzweiflung provozieren. Dazu kommt, dass wir heute auf der Reise zum Thema Religiösität miteinander ausführlich und kritisch debattiert hatten. Wir unterhalten uns kurz und wir entscheiden, uns auf diesen Vorschlag im Sinne einer spontanen Aktion einzulassen. Das Konzert beginnt im Trio. Wir spannen einen extensiven Bogen. Der Sprecher liest seine Texte, unwissend zu früh während das Stück noch spielt. Es war vorgesehen, dass er im zweiten Teil zum Einsatz kommen soll. Spontan wird der Sprecher Teil der Musik. Jacques und ich sind zurückhaltend, während Barre aus dem Vollen schöpft und zusammen mit dem Sprecher einen spannenden, konzertanten Dialog führt. Barre versteht die deutsche Sprache nicht und fühlt sich frei von jeder Bedeutung. Sein Ohr richtet sich auf den Klang und nicht auf die Bedeutung der Worte. Gegen den Schluss führen wir gemeinsam das Stück zu ende. Nach einer Pause spielen wir eine weitere Improvisation im Trio. Die Zuhörer sind begeistert.
„Sie exerzierten das Instant Composing an den Rändern von Stille und Explosion. Hellhöriges Reagieren, Dynamik und eine unglaubliche Palette von Klangwirkungen waren die Konstanten eines Sets. Am faszinierendsten waren und blieben die Klangergeinisse und wie sie sich ineinander flochten. Demierre spielte im Saitenwerk des Flügels, Leimgruber oszillierte mit dem Atem und Saxophonklappen, Phillips handhabte den Kontrabass wie einen Sampler.“ (Pirmin Bossart)  
U.L.

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A Berlin ce soir, des amies et amis d'Allemagne, avec qui j'ai partagé des années de pratique de qi gong, mais qui ne connaissent ni mon jeu pianistique, ni la musique du trio ldp. Toujours passionnant de voir combien le spectateur, l'auditeur, donne vie tantôt au plus petit détail écouté, tantôt à la forme la plus complexe. Leurs retours furent nombreux et variés, et j'ai pu lire l'influence de leur pratique énergétique sur leur perception – ils formèrent le temps d'un concert un triangle interactif, ajoutant un troisième point à la ligne tendue entre le livre de Jean-François Billeter sur la calligraphie chinoise, auquel je me serai référé souvent dans ce carnet de route, et l'examen répété de mon expérience du son. C'est à travers leur corps, dirent-ils, qu'ils ont ressenti les équilibres et déséquilibres de nos improvisations, leur imagination liée à leurs mouvements leur a offert la possibilité de rejoindre les nôtres, de cheminer dans l'écoute à la même allure. C'est en nous écoutant qu'une amie fut saisie d'une émotion forte, si forte qu'elle ne put transformer cette émotion qu'en écoutant davantage, qu'en transformant par son activité d'écoute le désordre qui était monté en elle. L'écoute touche autant les musiciens que les spectateurs, et force les uns comme les autres à accepter de multiples métamorphoses intérieures. Ecouter entraîne de la tension, de profonds mouvement désordonnés, de l'instabilité. Mais écouter permet aussi d'organiser le désordre des mouvements, de stabiliser l'instabilité, de calmer l'émotion. L'état ultime d'écoute, si il existe, est sans doute sans émotion, ou plutôt on y trouve ni présence ni absence d'émotion, une sorte d'égalité d'humeur qui nous ramène à nous-mêmes immergés dans la seule expérience. Les qualités d'écoute demandées à un spectateur ou à un musicien sont les mêmes. Chacun se doit d'acquérir une disponibilité particulière à l'instant, de développer des capacités intérieures patiemment construites jour après jour, et de cultiver une faculté d'imagination qui lui permettra de mettre ce qui est écouté en mouvement en le projetant dans la réalité. Finalement, ce que l'on fait en jouant et en écoutant, c'est ce que l'on fait à chaque moment, confronté que l'on est, à la réalité extérieure. Jean-François Billeter parle quant à lui du « pouvoir » que nous avons de transformer autant une œuvre calligraphique que la réalité extérieure en des "réalités sensibles" pour nous. C'est exactement ce que nous pratiquons lors de l'écoute, musiciens et spectateurs confondus: puisque nous traitons les signes sonores « de la même manière que le monde extérieur, ils deviennent pour nous des signes de la réalité même. » Et davantage encore, ajoute le sinologue, ce qu'on observe, c'est le "signe du pouvoir que nous avons de produire la réalité sensible, et donc signe de nous-mêmes."
J.D.

P.S. : la musique ce soir-là a vibré autant de l'insouciance de ces femmes assises sur un muret dans la chaleur de l'été - leurs pieds nus touchant presque le piano STEINWAY & SONS B 489936 – que des fleurs déposées au bas de l'Institut français en hommage aux victimes parisiennes du 13 novembre.

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Photos : Jacques Demierre

> LIRE L’INTÉGRALITÉ DU CARNET DE ROUTE

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