Opéra Mort : Rennes, 19 juin 2014
Opéra Mort est un duo composé de Fusiller et Èlg, tous les deux œuvrant par ailleurs en solo ou au gré de collaborations multiples — citons par exemple Reines d’Angleterre qui les unit à Ghédalia Tazartès.
Voix filtrées, machines brutes, c’est passionnant de les voir jouer : le temps de la performance, un véritable biotope électronique se met en place. On ne distingue pas de temporalité qui vienne s’imposer linéairement. En contrepartie, une occupation vivante de l’espace sonore se dévoile, une expansion topologique, sensible, tangible. Ici une fougère bruissante, là une sinusoïde aux abois, plus loin une modulation rampante… La trame vocale vient alors s’intriquer au maillage électrique sous-jacent. Elle tisse elle-même tout un plan jusqu’à parfois en venir à supporter cette écologie foisonnante.
Autant de signaux vivants qui revendiquent leur fragilité, fierté fébrile de la marge. Chanceler peut-être, comme une forme de résistance. Une revendication de la déviance, qui se justifierait de sa simple existence. Dans ce monde-là aussi, la pérennité des plus faibles conditionne l’équilibre global. Issue de cette certitude, naît alors une force expiatoire.
Bien que l’ensemble soit nettement plus cru et orienté noise, ils me font parfois penser aux boucles à la désynchronisation émouvante de Phonophani, mais arrivées en fin de nuit : morts de fatigues avec les nerfs encore capables de résister à toutes les menaces et toutes les promesses du jour à venir.
Opéra Mort, Rennes, 19 juin 2014. Un extrait de ce concert : http://youtu.be/jbCWKOcNg4s
Photos : Opéra Mort par C. Baryon / Le Terminus par Simon Le Lagadec.
C. Baryon @ Le son du grisli