Deborah Walker, Silvia Tarozzi : Le bruit du geste, 23 avril 2014 à Paris
Fin du concert, rappel : un air traditionnel italien descend sur l'ambassade. Un moment, on croirait l’avoir vu emporter l'institut culturel et ses lambris. On est le 23 avril, avant-veille de l'anniversaire de la Libération (de la Résistance !) italienne. Silvia Tarozzi, violon, et Deborah Walker, violoncelle, donnent de la voix entre deux coups d'archets aiguisés et une série d'harmoniques subtiles, pour célébrer cette date à leur façon.
Auparavant, le programme intitulé, avec un certain bonheur, « Le bruit du geste » avait éveillé instincts aimants et réflexes de lutte. Quatre pièces superbes et complémentaires : Escondido, de Stefano Scodanibbio ; Per Arco, de Giuseppe Chiari (écrite en 1963 pour Charlotte Moorman) ; Circle Process, de Pascale Criton et Silvia Tarozzi ; Occam River II, d'Eliane Radigue.
Gestes « contre » (protestation) du violoncelle et de la bande enregistrée (Chiari) ; gestes « autour » (circonvolution), tension dans l'air, aberrations nécessaires et lignes de fuite (Criton) ; gestes « avec » (immersion) des deux archets, de l'espace et du son, intervalles longuement tenus et hallucinations subséquentes (Radigue). Quatre pièces a priori dissemblables, voire de facture et d'intentions franchement opposées (Chiari/Radigue) – sauf l'intensité d'une interprétation – cadeau.
De manières stylistiquement moins contrastive (encore que), Silvia Tarozzi fera paraître prochainement un album réunissant des pièces d'Eliane Radigue, Pauline Oliveiros et Pascale Criton (Circle Process).
Deborah Walker & Silvia Tarozzi : « Le Bruit du Geste », jouant Stefano Scodanibbio, Giuseppe Chiari, Pascale Criton, Eliane Radigue
Institut culturel italien, mercredi 23 avril 2014.
Claude-Marin Herbert © Le son du grisli