Barre Phillips : Journal Violone 9 (Emouvance, 2001)

Cette chronique est l'une des cinq qui illustreront le portrait de Barre Phillips dans le hors-série papier sept-basses, à paraître le 28 novembre.

Soumise à tension changeante, une autre fois cible de coups divers, la contrebasse de Barre Phillips inventait avec lui en 2001 huit improvisations aussitôt dédiées à Robert Kramer, réalisateur pour lequel Phillips signa quelques bandes-son au-delà de l’original (Route One, Berlin 10/90…).

Reprenant le fil de ses vagabondages solitaires – la première (et historique) étape, Journal Violone, aussi connu sous les noms de Basse Barre et Unaccompanied Barre, date de 1968 –, le contrebassiste envisage-là de nouvelles explorations gonflées de savoir-faire, d’études, d’expérimentations, de fantaisies... Les frappes sont nombreuses – si sèches, toujours multipliées –, l’archet est d’envergure – si baroque, toujours embrassant le propos du jour –, la mesure perpétuellement obsessionnelle.  

Si le « journal » – dont les airs de Memoranda auraient satisfaits Barbey d’Aurevilly – compte huit pièces, les propositions sonores imaginées pour lui sont au moins huit fois plus nombreuses. L’art de l’instrumentiste est tel que celui-ci peut se concentrer sur ses réflexions et ses recherches sans avoir à craindre jamais le faux-pas : les idées comme les extravagances osées ici ne sont-elles pas porteuses d’approfondissement ? Sinon, qu’importe, les voici abandonnées sur le champ, sans que soit mise à mal la cohérence d’improvisations qui vont, respirant.

Barre Phillips : Journal Violone 9 (Emouvance)
Enregistrement : 8 et 9 marrs 2001. Edition : 2001.
CD : 01/ Time, Our Time 02/ Via One 03/ Borning 04/ Dear Doctor 05/ Windwalk 06/ J.B.’s Present 07/ Nellie’s Fire 08/ Row Bear
Guillaume Belhomme © Le son du grisli