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Le son du grisli
10 janvier 2013

Richard Chartier : Recurrence (LINE, 2012)

richard chartier recurrence

Nouvel auditeur dans le monde de Richard Chartier, je ne connaissais de lui que d'éparses contributions, souvent intrigantes, à diverses compilations – et d'autant moins, par conséquent, son disque Series (référence inaugurale du label LINE en 2000), dont il reprend aujourd'hui certains éléments qu'il recompose sous la forme de deux longues pièces microsoniques pénétrantes. Conçues pour être spatialisées par un complexe de haut-parleurs, elles sont ici ramenées à une stéréo déjà très convaincante, au casque ou sur un bon système hi-fi

Enveloppant tout en se laissant oublier, incertain, souvent aux marges de la perception, le monde sonore qu'elles déploient, fondu au gris le plus pâle, semble inventé ou imaginé par l'écoute même. Sourds ronronnements dans la cale, éraflés d'accrocs, ruissellements infimes : un sillage sans étrave, un mirage peut-être, un long remous à la lente mais imprévisible ondulation. Confinant à une expérience très concrète et physique de perception, qui reconfigure l'espace, l'audition de cette musique qui relève certainement autant des sciences que des arts plastiques et de l'architecture, est un puissant exercice d'envoûtement.

Autant de qualités que Will Montgomery réussissait à formuler, en termes choisis, dès les premières lignes de son essai critique sur le travail de Chartier [On the Surface of Silence : Reticence in the Music of Richard Chartier, dans Blocks of Consciousness and the Unbroken Continuum (Sound 323, 2005)]...

Listening to Richard Chartier's work is like sitting in a room at dusk while the light fades. As colours and detail drain away, the eye seeks to compensate, peering eagerly at the slowly disappearing surroundings. The fade-out stimulates both ambition and anxiety in the perceiving gaze, and the awareness of seeing and not-seeing becomes as important as the objects of the perception. Similarly, Chartier's music plays a double game of seduction and evasion with the ear. It is no surprise that he once titled a track 'Afterimage'. He makes extremely reticent work, with sounds often pitched at one or other end of the audible spectrum, and mastered at such low volume that it is hard to make the compositions fully present to the ears.

EN ECOUTE >>> Recurrence (room/crosstones)

Richard Chartier : Recurrence (LINE)
Edition : 2012.
CD : 01/ Recurrence (room/crosstones) 02/ 02/ Recurrence (series)
Guillaume Tarche © Le son du grisli 2013

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