Jana Winderen : Energy Field (Touch, 2010)
Escapade hyper réaliste au pays des grands froids – les enregistrements ont été réalisés lors d’expéditions en Mer de Barents, en Norvège et au Groenland – Energy Field nous fait saisir au plus près du tangible la complexité fragile des écosystèmes marins.
Balayé par des vents glacés (au point qu’une terrible sensation physique nous traverse le corps à l’instant d’écrire ces lignes) et par les mille et uns craquèlements d’une glace en perpétuelle évolution, le disque met en fascinante perspective l’incroyable richesse du monde arctique – au-delà des clichés yannarthusbertrandiens que nous avons tous à l’esprit. Illustration magique d’un macrocosme polaire où la vie fourmille d’infinis détails qu’un aucun disque n’a jamais rendus avec une telle acuité (et c’est tout simplement splendide), la démonstration sonore de Jana Winderen nous entraîne dans les profondeurs physiques de l’inconnu sonore – qui, en ce monde de bruit et de fureur, a déjà eu l’occasion d’entendre le lieu noir en recherche de nourriture ou d’un partenaire ou les cris de la faune boréale sous le vent glacé ?
Et si l’envie de ricaner venait à vous prendre à la lecture de cette chronique forcément subjective, nous ne pouvons que vous inviter à réviser vos préjugés. Une raison ? Allez, celle-ci : au-delà de leur incroyable beauté septentrionale, jamais les field recordings n’ont sonné dans une telle proximité au réel qu’elles font surgir à l’esprit un voyage imaginaire débordant de rêves glaciaires. Un projet unique, on vous le dit.
Jana Winderen : Energy Field (Touch / Metamkine)
Edition : 2010.
CD : 01/ Aquaculture 02/ Isolation/Measurement 03/ Sense of Latent Power
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli