Eric Watson : Midnight Torsion (Emouvance, 2009)
Au départ était The Raven (le corbeau) d’Edgar Allan Poe dans les traductions de Mallarmé et Baudelaire. Ensuite, exista Lettres, spectacle chorégraphique mis en musique par Eric Watson. Puis, parce que les musiciens (Elise Caron, Régis Huby, Claude Tchamitchian) le demandaient, il y eu Midnight Torsion. Ce Midnight Torsion que j’écoute inlassablement comme une douce obsession. Comme le visage à jamais perdu de l’être aimé. Comme une chair à vif. Comme une glossolalie (The Whispered Word) infectant un langage déjà bien saturé.
C’est une musique de noire organisation. Une musique de secrète angoisse et où plane l’inquiétude de cordes glissantes, stridentes. C’est une musique d’émoi et d’ombres. C’est une musique polytonale, atonale, microtonale. C’est une musique qui veille sur les nuits de désordre et de prémonition. Mais y pointent aussi les vives mémoires de Belà Bartok (Midnight Torsion), Bill Evans (Leonore) et Cecil Taylor (Chasing the Raven). C’est une musique de rare lucidité. Lucide comme la perte et l’abandon. Au final existe donc Midnight Torsion, musique emportée, exigeante. Noire comme l’espoir.
Eric Watson : Midnight Torsion (Emouvance)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01/Midnight Torsion 02/Nevermore 03/The Visitor 04/Purple Curtain 05/Leonore 06/Midnight Torsion II 07/Midnight Extorsion 08/The Whispered Word 09/Chasing the Raven 10/The Chamber Door
Luc Bouquet © Le son du grisli