Barry Guy, Mats Gustafsson : Sinners, Rather than Saints (NoBusiness, 2009)
En janvier dernier à Vilnius, église Sainte Catherine, Barry Guy improvisait seul ou en compagnie de Mats Gustafsson.
Là, se laissait d’abord aller de pizzicatos lents en précipitations mélodiques – mélancolie affectée par une suite d’emportements mesurés – sans réussir à faire d’Odyssey autre chose qu’une version de plus d’un thème qu’il chérit. Heureusement, l’archet plus inspiré de Sleep Leaper rectifiera le tir : répétitif et instable, Guy s'y fond en un lyrisme noir, baroque enfin débarrassé de tous codes astreignants.
Aux côtés de Gustafsson, le contrebassiste dépose ailleurs un paysage indolent d’où sortira un échange ravageur : le saxophoniste imposant rapidement son allure (Can Ye Wheeple Puggy?) avant de prendre fait et cause pour une déconstruction revendiquant le statut de belle œuvre intacte (Flisk The Thrapple) et puis de dire tout le reste au son de collisions : Blad a Skelloch, où interjections contre archet provocateur, insistances d’une note et souffles étouffés à l’intérieur du baryton, tissent des phrases inquiètes et rares qui n’en peuvent plus de ponctuations. Enfin, une mélodie s’installe. Frêle, elle cède la place au silence, qui semble là pour finir de composer Sinners, Rather than Saints.
Barry Guy, Mats Gustafsson : Sinners, Rather than Saints (NoBusiness)
Enregistrement : 2009. Edition : 2009.
LP : A1/ Can Ye Wheeple Puggy? A2/ Odyssey A3/ Flisk The Thrapple B1/ Sleep Leaper B2/ Blad a Skelloch
Guillaume Belhomme © Le son du grisli