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Le son du grisli
22 octobre 2006

Blocks of Consciousness and the Unbroken Continuum (Sound 323, 2005)

s323blocks

Après être brièvement retourné aux sources de l'improvisation occidentale – convoquant pour cela les figures de Satie, Antheil, Varèse, Cage, mais aussi celles de Jerry Roll Morton et des jazzmen du free première période – et expliqué d’où il tirait son nom  Blocks of Consciousness, d’une œuvre de Morton Feldman ; The Unbroken Continuum, d’une trouvaille de Derek Bailey , cet ouvrage collectif pose une seule et même questions à quelques musiciens triés sur le volet : « What are you doing with your own music ? »

Au nombre de la cinquantaine d’intervenants, les guitaristes Otomo Yoshihide qui dit vouloir être à l’écoute des choses qui n’existent pas encore mais existeront bientôt – et Annette Krebs  qui prône le geste fortuit, voire, l’erreur - ; la pianiste Andrea Newman, le violoncelliste Nikos Veliotis, ou encore Phil Durrant, Lol Coxhill, Keith Rowe, John Butcher, Sachiko M. Au jeu des questions, Bertrand Deuzler et Jean-Luc Guionnet se sont aussi pliés, mais en tant qu’interrogateurs, cette fois. Après avoir joué aux côtés d’improvisateurs reconnus, le duo enregistre la vision que chacun de ceux-là a de son art. Déballant les réponses sans mentionner leurs auteurs, les paroles différentes s’imbriquent comme elles peuvent, révélant quelques vérités sans que l’on puisse juger de leur valeur en vertu de la renommée de qui les aura proférées : « il faut comprendre que l’improvisation n’est pas forcément faite pour transmettre des émotions » ; « qu’elle privilégie le jeu collectif, mais que l’individu, lorsqu’il la pratique, oublie aussi très souvent le groupe avec lequel il improvise « ; ou « qu’il est nécessaire de privilégier une esthétique pour se permettre ensuite d’avancer sans but précis ». D’autres témoignages encore, légers et plutôt détachés, loin des poncifs sourcilleux ou faussement théoriques ayant quelques fois cours dans le domaine.

Pour compléter la somme, on trouvera aussi quelques textes : qui révèlent une frontière de plus en plus floue entre composition et improvisation, processus entamé dès l’époque de l’école de New York (Dan Warburton) ; retracent une petite histoire de la musique exigeante depuis la pièce 4’33 de Cage (David Toop) ; ou s’interrogent sur le devenir d’une esthétique du non-fini (Andy Hamilton). De courtes études, aussi, intéressées à mettre au jour la musique de John Wall, Richard Chartier, ou The Necks.

En guise d’illustration, Blocks of Consciousness livre un DVD offrant quelques captations sur scène de Keith Rowe, Evan Parker, John Tilbury, John Butcher ou du trio Broken Concert. Chacun des 10 chapitres prend le temps de rendre la mise en place des musiciens, avant qu’ils ne présentent leurs tentatives diverses : derrière guitares et machines pour Rowe ; passionnée autant que le pianiste John Tilbury ; ou plus introspective, à l’image de Tetuzi Akiyama. Preuve donnée plus rapidement encore de la diversité des sources venant alimenter les musiques improvisées d’aujourd’hui, mais aussi de celle des motivations profondes de chacun des musiciens les pratiquant. Pour expliquer enfin leur évidente variété.

Blocks of Consciousness and the Unbroken Continuum. Londres, Sound 323, 2005. Distribution Metamkine.

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