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Le son du grisli
27 juin 2005

Gerry Hemingway: The Whimbler (Clean Feed - 2005)

hemingwaygrisli

Le jazz moderne n'est pas une danse. Pas plus qu'une variété croonante, ou une musique électronique sans charme sur laquelle on greffe quelques trompettes, et grâce auxquelles des promoteurs de bonne volonté n'en finissent plus de rassurer : "N'ayez pas peur du jazz, il ne vous bousculera pas". Induit en erreur, qui n'échappe pas aux slogans et promotions passera à côté de Ken Vandermark, William Parker ou Gerry Hemingway.

A l'encontre de ceux là, travailleurs quasi clandestins, les mêmes promoteurs lanceront bien une fois ou deux "Eh bien, qu'ils se fassent entendre!" N'y a-t-il pas de la place pour tous, en effet, même si c'est à l'aveugle, au sourd et au manchot, qu'on distribue les doses ? Reste à ceux qui ont reçu bien peu la passion véritable, l'art de relativiser la marche tronquée des choses. Et de croire sans faillir, pour pouvoir encore se montrer capable. Comme Hemingway, justement, lorsqu'il signe The Whimbler.

Batteur subtil emmenant un quartet accompli, il résume en un disque les tournures du jour d'un jazz véritable. Jouant avec les références d'une histoire chargée, il donne à entendre une pièce sophistiquée (Waitin), un free soft avide de déroutes (In the Distance), ou un blues libéré du respect des grilles (Pumbum). Au ténor et à la trompette, Ellery Eskelin et Herb Robertson se chargent des brillances là où l'on opte pour la déstructuration du thème (Rallier), doublent superbement les phrases écrites de The Current Underneath.

Parti d'un riff envoûtant de basse qu'impose Mark Helias, étoffé par les percussions choisies d'Hemingway et gagnant en puissance sur toute sa longueur, ce morceau mêle avec réussite le groove des intentions et l'assurance du jeu. Pendant sensible, The Whimbler est servi par l'unisson des vents, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus assumer l'entente. Alors, les attaques fusent, posent d'autres couleurs tout en révélant la subtilité des arrangements.

Imprécis une seule fois (Curlycue), le quartette affirme son propos par une exception confirmant la règle : celle d'une émulsion jouissive qui aura mené le groupe des discours profonds (Spektiv) au défoulement final (Kimkwella). Et The Whimbler d'être ce genre de résultat, qui aide à accepter plus facilement les erreurs de charlatans établies vérités. Juste histoire de poursuivre la quête, et de servir encore la bonne cause que l'on cache.

CD: 01/ Waitin 02/ Rallier 03/ The Current Underneath 04/ Pumbum 05/ The Whimbler 06/ Spektiv 07/ Curlycue 08/ In The Distance 09/ Kimkwella

Gerry Hemingway Quartet - The Whimbler - 2005 - Clean Feed. Distribution Orkhêstra International.

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