Marc Ribot's Ceramic Dog : Hope / Connection (Yellowbird, 2021 / 2023)
C'est aujourd'hui la parution de Jusqu'à la corde, autobiographie de Marc Ribot, aux éditions Lenka lente. L'occasion pour le son du grisli d'aller entendre les deux dernières productions de son Ceramic Dog, qui jouera ce dimanche 10 novembre à la Cité de la Musique et de la Danse de Strasbourg...
On n’a jamais tellement attendu du Ceramic Dog de Marc Ribot, si ce n’est une surprise ici (sur disque, une chanson qui amuse voire touche : Girlfriend et For Malena sur Party Intellectuals) ou là (sur scène, une improvisation qui fait, alors qu’on ne l’attendait plus, vaciller un thème). Encore récemment, deux albums du groupe n’ont pas suffi à en faire un seul capable de convaincre sur toute sa longueur.
Ses longueurs, pourrait-on dire, tellement Ceramic Dog use et abuse de mélanges qui, souvent, se révèlent indigestes : après tout, le guitariste est là qui le répète en conclusion de Connection : That’s Entertainment. C’est entendu, mais que faire du kitsch farfisesque de No Name, des lourds pas de danse de The Long Goodbye, des références désormais surannées de Nickelodeon, des interludes aux airs de générique télé de Wanna, de l’horrible refrain de Bertha The Cool…
Dans l’urgence, Ribot bâcle quand il pourrait soigner, ce que prouvent d’ailleurs, comme perdus ici et là dans ce fourre-tout inégal qu’est finalement tout album de Ceramic Dog, quelques morceaux plus convaincants : saillie bancale de The Activist, atermoiement créatif de Maple Leaf Rage, valse sans gêne de Connection, noise régressive de Subsidiary…
… Et sur une improvisation downtown-bruitiste (Heart Attack), Ribot renoue même avec l’inspiration d’hier. Avec l’âge, dit-on, c’est la qualité qu’il faut privilégier et non la quantité. Que le guitariste new-yorkais tire moins souvent, et vise juste : il en va de la pérennité de son chien de faïence.
Guillaume Belhomme © le son du grisli zombie 2024